Le sens du visuel à l'épreuve de l'image scientifique
Cet ouvrage vise à répondre à la question " quel est le rôle et l'impact de l'image dans la recherche scientifique ? ". L'image scientifique y est étudiée en tant que dispositif expérimental (dans les laboratoires), en tant que support de démonstration (en relation avec la logique mathématique), en tant qu'argumentation (dans la littérature de vulgarisation) et dans sa relation avec d'autres domaines, comme l'art et l'esthétique. Les épistémologues et les scientifiques du langage y trouveront des méthodologies pour étudier la relation entre l'image et la connaissance, et les spécialistes de l'imagerie scientifique y trouveront leurs pratiques de visualisation questionnées dans toute leur spécificité.
Dispositifs pour l'analyse des textes et des images présente douze dispositifs sémiotiques, c'est-à-dire douze " machines d'analyse " construites autour d'un réseau notionnel relativement simple mais permettant néanmoins une analyse rigoureuse et précise.Les dispositifs abordés sont: (1) l'homologation; (2) le carré sémiotique; (3) le carré véridictoire; (4) le schéma tensif; (5) le modèle actantiel; (6) le programme narratif; (7) le schéma narratif canonique; (8) l'analyse figurative, thématique et axiologique; (9) l'analyse thymique; (10) l'analyse sémique; (11) la dialogique et (12) le graphe sémantique.Les textes étudiés relèvent de différents genres (poèmes, fables, nouvelles, etc.), époques et littératures nationales (France, Québec). Les images étudiées sont également variées (poésie concrète, tableaux, image publicitaire), et Magritte est à l'honneur.L'ouvrage s'adresse aux sémioticiens en devenir et, plus généralement, aux personnes soucieuses d'approfondir les méthodes d'analyse textuelle et imagique. Les sémioticiens chevronnés y trouveront également leur compte, ne serait-ce qu'en raison des compléments, généralement substantiels, apportés aux dispositifs originaux.
L'ouvrage sans prétendre formuler une nouvelle sémiotique offre cependant des avancées significatives dans trois directions : une analytique raisonnée du sensible, c'est-à-dire des vécus ; la promotion d'une figure grammaticale négligée : la concession ; enfin une évaluation de l'importance de l'évènement dans l'économie des discours : que vaudrait un monde sans événements ?
En général, les sémioticiens ne se prennent pas pour des "philosophes". Pourtant, la nature même du projet mis en oeuvre — rendre compte des manières socialement attestées de construire le sens — les amène en réalité à philosopher en permanence, en quelque sorte par personnes interposées, en schématisant les principes de construction du sens en usage là où du sens se crée. Ici, c'est précisément la portée existentielle des modèles qu'ils élaborent, ou pour le moins leur signification anthropologique latente — dimensions en général masquées par la technicité des instruments et de visées immédiates — qui est dégagée.
J. Fontanille, Pratiques sémiotiques : immanence et pertinence, efficience et optimisation
L'auteur poursuit ici la théorisation de la sémiotique de la culture en s'attachant aux "pratiques". Comment des "pratiques" concurrentes interagissent-elles ? Comment s'adaptent-elles les unes aux autres ? Faisant fond sur les "pratiques", l'auteur précise le lien entre les différents niveaux de pertinence sémiotique, du signe jusqu'à la forme de vie. Il met ces niveaux en mouvement, et, identifiant des tensions polémiques, il définit des modes de résolutions.
Les travaux réunis ici sont issus de journées d'étude. Les études ont porté non sur une illusoire quête de "sources" ou de "modèles" mais sur la mobilité et l'inachèvement inhérents à tout texte. Dès lors qu'il s'offre à autrui ou à soi-même, le texte, quel qu'en soit le support, peut susciter autocorrections et reformulations illimitées, engendrement de nouveaux textes que l'on appellerait improprement textes seconds. Qu'il s'agisse de traduction, de transfert cinématographique, de co-énonciation, des métamorphoses d'un roman d'hyperfiction, ou même d'interprétations, toutes les interventions ont montré que la notion de "texte premier" n'est qu'une catégorie de l'instant et non une valeur absolue.
J. Fontanille, Les régimes temporels dans les Illusions perdues ou l'emploi du temps selon Balzac. Comptes rendus
La première partie du volume, qui contient une étude consacrée aux Illusions perdues, montre comment les régimes temporels du discours et les figures qui les caractérisent (ici, celle de l'"instant syncopé") configurent les systèmes axiologiques. Entre le temps de l'existence et celui de l'expérience individuelle se dessine ainsi du temps social, investi des valeurs, des idéologies et des formes du collectif. La seconde partie rend compte de manière plus ou moins critique (de la note de lecture au compte rendu critique) d'une vingtaine d'ouvrages publiés récemment.
Centrée sur la signification des faits culturels, l'œuvre de Lotman explore dans cet ouvrage, traduit du russe, le rôle de l'imprévisibilité dans la culture : comment, en somme, ce qui est imprévisible dans le système de la sémiosphère peut néanmoins y figurer de plein droit et y faire sens.
Penser la stratégie dans le champ de la communication. Une approche sémiotique
Comment penser la stratégie ? Cette question est abordée à partir de sa dimension sémiotique mais elle s'applique à des champs très variés : la guerre, le marketing, la philosophie, la séduction amoureuse. Il s'agit d'une question centrale et désormais classique dans le domaine de la sémiotique, puisqu'elle a été abordée et thématisée par de nombreux grands prédécesseurs : Greimas, Vernant, de Certeau, Détienne. L'originalité de la démarche de l'auteur est de proposer une voie médiane. Le bon stratège n'est pas celui qui applique un plan conçu à l'avance mais plutôt celui ajuste son intention en fonction de la situation. C'est donc à une forme de stratégie entre programmation et ajustement que nous invite cette réflexion qui doit autant à la sémiotique que la philosophie, en particulier au travaux de François Jullien. On notera également une critique importante des conceptions de Clausewitz.
À Saõ Paulo, la chanson brésilienne a ouvert la voie aux analyses de sémiotique musicale. Ce type d'objet pose des problèmes méthodologiques et théoriques, notamment en ce qui concerne les agencements syncrétiques entre paroles et mélodie. Les deux études réunies ici suivent attentivement les mouvements de collusion et de dissension entre la musique et le texte verbal.
Raúl Dorra est poète quand il fait de la sémiotique, et sémioticien quand il écrit de la poésie, et poète. Il nous parle ici, dans un style de pensée et d'écriture unique, du corps énonçant, du site et de la chair de la parole vivante. Une réflexion sur le souffle et la palpitation de la subjectivité....