Cet ouvrage est novateur à plus d'un titre.Il s'agit de la première étude en français consacrée à l'œuvre et aux théories de l'économiste autrichien Otto Neurath (1882-1945), également philosophe du Cercle de Vienne et concepteur du système graphique d'information Isotype.Il s'agit aussi, dans le champ de l'histoire des idées politiques et des théories d'économie politique, de la première étude en langue française portant sur la notion d'ingénierie sociale.
L'ambition de cet ouvrage consacré à La Toison d'or de Franz Grillparzer est de remettre au goût du jour en France un auteur dramatique de première importance pour le monde de langue allemande, mais dont cette œuvre en particulier a été plutôt ignorée jusqu'à la dernière décennie. Ce sont en effet des questions politiques extérieures à l'Europe – crises de régime au Moyen-Orient et en Afrique par exemple – qui font l'actualité soudaine de cette trilogie en soulevant des questions d'ordre culturel, éthique et tout simplement humain : quel statut accorder par exemple aux réfugiés? Comment aborder leur culture différente, mais qui ne l'est peut-être finalement pas autant qu'on le croirait ? Au-delà de ce problème strictement conjoncturel, la trilogie de Grillparzer soulève également d'autres interrogations quant à la pérennité du modèle théâtral antique par exemple, qui pendant plusieurs siècles a servi de référence aux cultures européennes : La Toison d'or est-elle une simple reprise d'un modèle désormais dépassé ou Grillparzer utilise-t-il l'archétype de la trilogie pour engager un dialogue avec cet étalon culturel ? S'agit-il, au-delà, d'une réflexion, d'un miroir tendu à ses contemporains sur l'avenir de l'État habsbourgeois à un moment de profonds bouleversements en Europe, après la Révolution française et les guerres napoléoniennes et le début des revendications nationales qui déboucheront sur le " printemps des peuples " ? En quoi traiter le mythe de Médée, dont la fortune théâtrale n'est plus à rappeler, mais qui gagne en actualité dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, peut-il poser la question qui hante alors les lettres allemandes : le classicisme weimarien peut-il être dépassé ou bien n'y a-t-il plus de place que pour des épigones ? Ce sont là les questionnements les plus notables de l'œuvre que met en lumière ce recueil en offrant une présentation à la fois contextuelle et analytique de la trilogie.
L'inflation livresque est galopante. Les rayonnages des bibliothèques croulent.Italo Calvino proposa un jour d'empiler les livres jusque sur la lune. On s'y perdrait presque ! Mais, heureusement, il reste quelques repères stables, parmi lesquels on rangera la littérature autrichienne. C'est ce qu'ont encore prouvé, au fil de ces dernières décennies, Thomas Bernhard, Andreas Okopenko, Gregor von Rezzori, Milo Dor, Peter Handke, Christoph Ransmayr, Gerhard Roth, Marlene Streeruwitz, Norbert Gstrein ou Peter Stefan Jungk.C'est leur parcours, tantôt fictionnel, tantôt autofictionnel, mais toujours austrofictionnel, que l'on s'efforce de suivre ici. S'en dégage à n'en point douter une géographie de l'intime qui conduira le lecteur de Vienne jusqu'à Londres ou Tokyo, des rives du Danube jusque sur un pont de l'Hudson. Car autant le reconnaître d'emblée, l'intime ne se contente plus du lieu clos. Il investit désormais les grands espaces du monde.
Volume II : Relations humaines, questions économiques, prisonniers de guerre, le problème du Tyrol du sud
Klaus Eisterer, professeur d'histoire du temps présent à l'université d'Innsbruck, traite dans le deuxième volume qu'il consacre à la présence française en Autriche de 1945 à 1946 des relations quotidiennes entre les Autrichiens et la puissance d'occupation, des processus de relance de l'économie au Tyrol et Vorarlberg occupés après l'effondrement des années de guerre, de la perception par la France de la question brûlante du Tyrol du sud ainsi que d'autres questions touchant à la politique de la France dans les zones qu'elle occupait en Autriche. Un ouvrage fortement documenté sur une période essentielle dans l'histoire des relations franco-autrichiennes, et riche aussi d'enseignements sur les problèmes posés à toute force d'occupation dans un pays vaincu militairement.
L'ouvrage met en évidence le rôle qu'a joué la lecture de Stendhal, et en particulier le livre Vie de Henry Brulard, dans l'élaboration de l'écriture autobiographique d'Elias Canetti. Il montre les enjeux de cette transposition et sa concrétisation dans la trilogie de Canetti - La langue sauvée, Le flambeau dans l'oreille, Jeux de regard (1977-1985). Par-delà les différences d'époque, de style et d'orientation, les œuvres de Stendhal et de Canetti reposent sur un certain nombre de postulats communs que sont le code des valeurs (républicain et humaniste), la hiérarchisation des expériences primitives et un parti pris de subjectivité fièrement revendiquée. Face au doute qui pèse sur leur entreprise dans un contexte de crise de plus en plus aiguë de la subjectivité, les deux autobiographes recourent à des stratégies analogues : provocation, fuite en avant, transfiguration de l'histoire personnelle en un mythe assumé de la personnalité parfaite.
Corporatisme, syndicalisme, résistance en Autriche, 1934-1938
À l'époque de l'État corporatiste chrétien (1934-1938), les syndicats officiels, mis en place par le régime et dirigés par les chrétiens-sociaux, entrent en concurrence d'une part avec les syndicats clandestins animés par les sociaux-démocrates et par les communistes, et d'autre part avec une troisième force politique, les nationaux-socialistes. Les syndicalistes clandestins finissent par s'investir au sein même du syndicat unique, qui devient un enjeu pour les différentes composantes de la société autrichienne. Les salarié(e)s se rallient majoritairement aux consignes des clandestins ; ils pétitionnent, manifestent, font même grève. L'Anschluss met une fin brutale à l'expérience par la déportation de tous les syndicalistes, qu'ils soient sociaux-démocrates, communistes ou chrétiens-sociaux.
L'auteur écrit ici une histoire condensée de l'Autriche, mais qui apporte, en même temps que l'essentiel des faits historiques, un éclairage particulièrement instructif sur la difficile gestation d'une identité nationale et culturelle autrichienne à travers les vicissitudes des deux derniers siècles. Cette histoire de l'Autriche est aussi une vision lucide et sans concession, qui tient compte des événements les plus récents qui, au début de l'an 2000, ont porté à nouveau les regards sur ce pays situé au cœur de l'Europe. Au cours des deux derniers siècles, l'Autriche a toujours été au cœur des événements qui ont ébranlé l'Europe, de l'époque des empires à celle des deux guerres mondiales.
Le livre réunit, pour la première fois, les dessins de Bil Spira exécutés pendant son exil en France, entre 1939 et 1942. Caricaturiste autrichien, Bil Spira a été interné dans des camps français (camps de Damigny, d'Athis, de Meslay, du Vernet) où sont regroupés nombre d'anti-fascites devenus soudainement émigrés suspects. La main dessine des visages ou des silhouettes de prisonniers qui sont au fil du temps et des camps alourdis de fatigue et tendus de désespoir ; d'autres disent l'attente, anxieuse. L'œil de Spira dresse un monde sous nos regards, certes moins terrifiant que celui d'Olivier Olère sur le Crématoire III de Birkenau, mais dont il est l'unique témoin à ce jour.
Dans cet essai, Félix Kreissler, historien et spécialiste de l'Autriche, porte sur la culture autrichienne "établie" de notre siècle, depuis la Vienne 1900 jusqu'à nos jours, un regard à la fois chaleureux et sans complaisance, en quête de ce qui, au-delà des clichés convenus, est à ses yeux l'élément constitutif majeur, constamment en débat, et que l'on découvre ici sous un jour nouveau.
Le volume rassemble une quinzaine de contributions, en français et en allemand, sur les diverses formes de l'expression satirique dans l'ancienne monarchie des Habsbourg. Sont pris en compte les différents supports d'expression (les revues, journaux, essais, caricatures et affiches) et la lutte permanente de leurs auteurs contre la censure bureaucratique, mais aussi la diversité géopolitique dont la satire se fait l'écho, celle des conflits ethniques et politiques, celle de l'acceptation, du refus et de la représentation satirique ou caricaturale de l'autre (peuple ou opinion) dans un empire multinational de plus en plus menacé d'implosion.
Cette anthologie uniquement monolingue (allemand) réunit deux cent quarante-deux études de civilisation autrichienne, témoignant des réalités de l'Autriche moderne post-habsbourgeoise entre 1918 et 1938, gérant longtemps le lourd héritage du traité de Saint-Germain-en-Laye (1919). Le volume illustre les nombreux visages de la Première République (1918-1934) - véritable champ d'expérimentation de l'apprentissage démocratique - liée, entre autres, aux noms illustres de K. Renner et d'I. Seipel ; il brosse le portrait plus sévère de l'État corporatiste (Ständestaat, 1934-1938), expression d'une dérive spécifique, alliant idéologie autoritaire et christianisme, et culminant dans l'austrofascisme, initié par E. Dollfuss et K. Schuschnigg. Cependant faiblesses et/ou errances des deux systèmes sont constamment à inscrire dans le débat de politique intérieure et extérieure autour de l'Anschluss, interdit au sortir de la Grande Guerre par les vainqueurs. En Autriche, multiplicité des langages et expression des mentalités de l'entre-deux-guerres, également à travers les premières manifestations de la Résistance et de l'exil, apportent des éclairages fascinants et révélateurs sur cette époque, soulignant la complexité de l'échiquier, en surface et en profondeur. En définitive, ces deux périodes politiques et l'éradication de l'Autriche souveraine (1938-1945), annexée par le IIIe Reich, furent riches en enseignements pour la Seconde République qui veilla avec vigilance à la solidité de ses assises démocratiques.
Volume I : Occupation, dénazification, action culturelle
À partir de documents d'archives, de témoignages et d'entretiens, les contributeurs de ce volume proposent un bilan des années d'occupation française en Autriche, de la politique de dénazification et de la politique culturelle menées par les autorités françaises au Tyrol et au Vorarlberg.