Ce volume est consacré au Congrès international de psychiatrie infantile qui s'est tenu à Paris en 1937 au cours de l'exposition internationale. Premier du genre, il est organisé notamment par Georges Heuyer dont l'importance dans le domaine de l'enfance pendant l'entre-deux-guerres est désormais un fait établi. Il est l'occasion de faire le point sur ce personnage aux multiples activités et d'évoquer la documentation qu'il a laissée. Qui dit congrès international dit aussi circulations, échanges entre les participants, enjeux de connaissance et rapports de pouvoir. C'est tout cela que s'efforce d'aborder ce numéro en faisant une large place à différents représentants de plusieurs des pays présents. C'est ainsi que la psychiatrie de l'enfant et son institutionnalisation est explorée à partir des situations allemande, belge, britannique, italienne, française et suisse… Enfin, c'est aussi l'occasion d'appréhender les savoirs psychiatriques sur l'enfant en amont comme en aval afin de mieux saisir l'importance de ce congrès, au-delà du fait d'avoir été le premier du genre.
Entre la fin du XIXe siècle et les années 1950, l'Amérique du Nord (États-Unis et Canada) et la plupart des pays d'Europe réforment leur système juridique et se dotent d'institutions judiciaires et socio-éducatives nouvelles afin de prendre en charge de façon spécifique les jeunes délinquants. Ces justices des mineurs ont bien sûr leurs particularités nationales. Pour autant les premières recherches comparatives n'ont pas manqué de souligner un certain nombre de points communs à toutes ces législations.
La part scolaire : jeunesse irrégulière et école (XIXe-XXesiècles)
Ce dossier de la Revue d'histoire de l'enfance irrégulière est consacré aux jeunes éloignés de l'école ordinaire ou régulière: jeunes mendiants parisiens à la fin du XIXe siècle, enfants roms en Italie du Risorgimento jusqu'à nos jours et mineurs de justice québécois qui bénéficient d'une méthode d'instruction avant-gardiste dans l'institution de Boscoville. Une analyse biographique croisée et un témoignage évoquent l'histoire de la prise en charge des enfants déficients par l'Éducation nationale. Ces recherches interrogent l'histoire de l'instruction là où elle ne va pas de soi, là où la dimension éducative (ou réputée telle) prime, dessinant un envers de l'école ordinaire où l'exposition aux savoirs est considérée comme prioritaire.
La problématique de l'enfance (dé)placée, déjà abordée en situations coloniales dans le précédent numéro de cette revue, prend une acuité toute particulière au XXe siècle.
Ce numéro considère la portée du projet colonial du XIXe et XXe siècle en Rhodésie du Sud, au Ruanda-Urundi, l'ex-Indochine, Australie, Québec et en URSS. Il analyse la manière dont le pouvoir colonial s'est appliqué à façonner les sociétés indigènes, organisant la migration de dizaines de milliers d'enfants contre leur gré, sans égards pour les racines culturelles des jeunes ainsi (dé)placés. Ce volume témoigne de la souffrance et des résistances de ces enfants.
Ce numéro analyse les modalités et les significations des campagnes de protestation, menées aux XIXe et XXe siècles en France, en Belgique et en Espagne, au sujet des institutions éducatives destinées à l'enfance " irrégulière ". En dépit de leurs différences, ces campagnes constituent un objet d'étude cohérent au croisement du social, du politique et du culturel. Elles dessinent les contours d'un genre d'intervention spécifique sur la scène publique, fondé sur une rhétorique dénonciatrice et sur l'usage des vecteurs de la communication de masse.
Un des trait marquants de l'enfance irrégulière et de son traitement depuis le XIXe siècle est la progressive agrégation de nombreux acteurs qui surveillent, jugent, soignent, pansent, observent, rapportent, instruisent, éduquent… Ce numéro de la Revue d'histoire de l'enfance " irrégulière " confronte des études sur quelques-uns d'entre eux. Il est l'occasion de faire un état des connaissances, de lancer des pistes de recherche, de questionner des professions moins ou pas étudiées jusque-là, mais aussi de comparer des dynamiques professionnelles ainsi que des modes de professionnalisation qui varient d'un pays l'autre.
La plupart des chercheurs sur le secteur de la protection de l'enfance et de l'adolescence se confrontent à un moment donné à la tentation de savoir ce qu'il en est des principaux intéressés. Qui sont ces mineurs pris en charge ? Ont-ils laissé des traces de leur vécu dans les différentes institutions d'accueil ? Que racontent-ils d'eux-mêmes ? Ce numéro de la RHEI est également disponible en version électronique sur le portail Revues.org.