Quel est le rôle de l'archéologie aujourd'hui ? Quelles sont les obligations morales des archéologues envers les publics divers ? Ce numéro de la revue Les nouvelles de l'archéologie donne la parole à des chercheurs qui se penchent sur ces questions, en mettant l'accent sur les enjeux qui s'inscrivent dans lathématique d'une archéologie participative.Le dossier met en avant l'intérêt croissant d'associer le public et de le faire participer à la recherche et à l'interprétation des faits archéologiques et à la préservation du patrimoine, y compris numérique. Il encourage également la discussion sur l'importance de sensibiliser et d'intégrer le public et lescommunautés locales, en démontrant à la fois la diversité de l'archéologie participative mais aussi son rôle crucial dans la réappropriation d'un patrimoine par les communautés locales.Ces démarches sont illustrées par des études de cas concrètes, comme en France, en Grèce, en Italie, en Haïti, tout en analysant les implications tant théoriques que sociales de ces démarches, leursavantages et inconvénients.
Les opérations archéologiques qui s'effectuent lors des chantiers de réseaux (tels que le chauffage ou l'électricité) se singularisent fortement des autres types d'interventions. Si elles permettent l'ouverture de fenêtres d'observation au cœur des villes, renouvelant ainsi la documentation sur des espaces qui échappent souvent à l'archéologie préventive, leurs modalités de réalisation sont particulièrement contraignantes et soulèvent des problématiques inédites sur le plan méthodologique.À travers la présentation de plusieurs opérations récentes, conduites en Occitanie et présentées en détails dans le dossier, ce numéro des Nouvelles de l'archéologie dresse un état des lieux des modalités d'intervention de ces opérations particulières.
Depuis une quinzaine d'années, les analyses biochimiques en chromatographie en phase gazeuse ou liquide couplée à la spectrométrie de masse, et depuis peu à haute résolution, appliquées aux récipients archéologiques, permettent d'accéder à leur contenu et d'identifier de mieux en mieux les matières premières et leurs méthodes de préparation. Réalisable sur de nombreux supports et thématiques (alimentation, activités artisanales, pratiques religieuses, préparations médicinales et cosmétiques), ce type d'analyse est peu invasif et en constante évolution.Les articles du dossier explorent autant les stratégies d'étude que la richesse et la variété des résultats obtenus grâce à ces méthodes d'investigation.
Longtemps négligée, l'archéologie de l'enfance est aujourd'hui un sujet de recherche à part entière. Son étude met en jeu de nombreuses questions méthodologiques, à commencer par sa définition. Quand débute et quand se termine l'enfance? La réponse varie dans l'espace et le temps, d'une société à l'autre et semble dépendre du milieu.
Qu'est-ce qu'être nomade hier (Les Nouvelles de l'Archéologie) et aujourd'hui (Les cahiers d'anthropologie sociale)? Comment se distinguent les nomades d'antan et ceux qui, aujourd'hui, côtoient un monde sédentaire souvent hostile? Comment les populations mobiles, dont le mode de vie façonne la relation à l'espace/temps de chaque individu, s'adaptent-elles à un environnement en perpétuel changement? Engager un débat sur ces caractérisations et aboutir peut-être à des éclairages a minima convergents afin de favoriser pleinement la transdisciplinarité dans les recherches en sciences humaines et sociales fut l'un des objectifs du colloque " Qu'est-ce qu'être nomade au fil des temps passés, présents et futurs? " où sont intervenus les auteurs alimentant ces deux dossiers.Le nomadisme est un fil rouge de la longue histoire de l'humanité. Trois articles abordent la question d'une reconstitution de la mobilité en des temps anciens qui ne connaissaient pas encore la sédentarité. Cette reconstitution pose la question de notre relation à l'ethnographie puisqu'on ne peut faire de l'expérimentation sur les modes de vie. Il apparait que la navigation fit très tôt partie des moyens de mobilité. Trois autres articles montrent la complexité des relations nomades/sédentaires qui juxtaposent tantôt dépendance tantôt rejet. Dans des régions où la fugacité des campements nomades rend leur identification difficile pour les archéologues, c'est sur les textes que ces derniers s'appuient pour donner vie à ces relations. Si la mobilité est souvent terrestre, le nomadisme maritime, identifié dès le Paléolithique en Asie, s'appuie sur ses relations avec les états marchands.
L'archéologie est par nature une science qui détruit son objet d'étude. La documentation tout au long du processus est donc capitale et se doit d'être la plus exhaustive et scientifique possible. La photographie fait donc partie de ces outils devenus indispensables, du terrain au laboratoire, en passant par l'analyse de fouilles anciennes où elle reste parfois l'une des seules sources de documentation disponible.Par un concours de circonstances, ce sujet d'étude de la photographie en archéologie présente particularité que la naissance de cette technique et la structuration de l'archéologie en une discipline se sont faites en parallèle. L'intérêt de la photographie pour l'archéologie ayant rapidement été identifié, elle a investi les chantiers de fouilles dès son invention.Ce dossier des Nouvelles de l'archéologie réunit des contributions d'archéologues qui interrogent l'utilité de la photographie au sein de l'archéologie, tant du point de vue de l'épistémologie, que sous l'angle plus pratique et technique du terrain.Certains articles sont tirés de communications proposées dans le cadre du séminaire doctoral de Paris 1/ED112 " Archéologie et photographie ".
Une archéologie des épidémies humaines et animales
Récemment remise au cœur de l'actualité, la santé publique peut également être étudiée par le prisme de l'archéologie. Ce numéro consacré à l'archéologie des épidémies propose d'appréhender l'histoire des épidémies (humaines) ou épizooties (animales) dans le passé, leurs impacts sur les sociétés humaines, ainsi que les mesures sanitaires que ces dernières ont instaurées pour y répondre.L'approche interdisciplinaire de ce numéro des Nouvelles de l'archéologie permet de donner la voix au sein d'un même dossier à des spécialités complémentaires (archéozoologie, paléoépidémiologie, paléopathologie ou encore génétique) afin d'obtenir une vision globale des possibilités de ce vaste champ d'étude qu'est celui de l'archéologie des épidémies.
Qu'est-ce qu'être archéologue? Ce numéro des Nouvelles de l'archéologie lève le voile sur une profession qui fait rêver petits et grands, depuis son invention jusqu'à aujourd'hui.L'exposition photographique "Du coeur à l'ouvrage, dans l'intimité du travail des archéologues" (Archives nationales du monde du travail, du 22 octobre 2021 au 23 avril 2022) a donné lieu à la journée d'études "Profession: archéologue?", qui s'est tenue le 2 décembre 2021, dont voici les actes.De l'activité de passe-temps à la professionnalisation, de l'âge d'or aux grands combats syndicaux, de l'activité masculine à la féminisation de la profession, des grands héros de la littérature aux hommes et femmes de terrain, ce numéro dessine le portrait des archéologues d'aujourd'hui, dans toute leur véracité et leur engagement.
L'archéoentomologie, discipline encore récente, a émergé au milieu du xxe siècle au Royaume-Uni. Elle permet d'étudier les milieux, de restituer des biotopes passés, d'identifier des activités anthropiques, d'apprécier aussi l'impact de l'homme sur son environnement. Bien théorisée, bien expérimentée et ayant développé des protocoles spécifiques, elle est encore trop peu mise en œuvre en France, en particulier par l'archéologie préventive. Pourtant, les insectes, qui représentent près des quatre cinquièmes des espèces animales, ont investi tous les milieux hormis les océans et sont donc des agents et des marqueurs essentiels des activités humaines.
Les mammifères marins ont joué un rôle important dans les communautés côtières pendant des milliers d'années, ce qui s'est manifesté dans l'art rupestre, les vestiges zooarchéologiques et les systèmes techniques de chasse. Ce dossier a pour but de montrer différentes perspectives archéologiques, et dans certains cas quelques données ethnographiques et historiques, témoignant de la complexité des connaissances indigènes traditionnelles liées à la chasse aux cétacés, aux pinnipèdes ou aux mustélidés.Parmi ces travaux figurent notamment des études concernant la représentation des cétacés dans l'art rupestre en Amérique du Sud (Chili), en Asie (Corée et Japon) et en Europe du Nord (Norvège et Russie), ainsi que la connaissance des systèmes techniques de chasse aux mammifères marins en Patagonie. Sont aussi présentés, à partir de vestiges zooarchéologiques, des cas de chasse aux pinnipèdes et aux mustélidés en Patagonie, et des stratégies opportunistes ou de charognage de cétacés sur la côte d'Afrique australe. Ce dossier vise à enrichir nos connaissances sur les relations techniques et conceptuelles entre l'homme et les mammifères marins, en différents endroits du monde, depuis le paléolithique.
L'archéologie du handicap est une thématique novatrice et peu abordée, corollaire discret de la paléopathologie. Pourtant cette recherche embryonnaire, en France comme dans le monde, documente un champ entier de la lecture des comportements humains face à la vulnérabilité. L'accumulation des données archéologiques et anthropologiques permet désormais de dépasser la seule recension anecdotique de cas. Si nombre de pathologies invalidantes restent peu accessibles à la lecture archéo-anthropologique (handicaps cognitifs, sensoriels…), les soins aux patients, les interventions chirurgicales et l'invention d'appareillages compensatoires ingénieux sont autant d'indices tangibles d'une prise en charge de proximité, humaine et technique que viennent compléter les études archivistiques et l'iconographie.