Revue Fontenelle, n° 14/2022
Invisibilité ou notoriété ? De l'inégalité des sexes
Catherine Bernard aurait pu demeurer à Rouen dans la foi protestante ou fuir en Hollande. Elle ne l'a pas fait. Sûre de son talent, déterminée à vivre de sa plume, elle s'installe à Paris et connaît le succès comme romancière, conteuse et dramaturge. En 1730, Voltaire irrité que sa tragédie, Brutus, soit jugée inférieure à celle que Catherine Bernard avait fait représenter en 1690, insinue que Fontenelle y aurait mis la main. Ainsi l'œuvre de Catherine Bernard se trouvera-t-elle absorbée sous le nom de Fontenelle, et la réputation de l'autrice étouffée. Les études rassemblées dans la première partie de ce volume s'attachent à cerner cette auctorialité dérobée et à mettre en lumière la place originale qu'occupe Catherine Bernard dans le contexte littéraire de la fin du XVIIe siècle. La seconde partie du volume est consacrée aux Éloges des savants, à leur mort, qui constituent l'une des nouveautés les plus remarquables des volumes de l'Histoire de l'Académie royale des sciences. Leur publication commence avec le renouvellement de l'Académie, en 1699. Premier secrétaire perpétuel de l'Académie renouvelée, Fontenelle rédigea plus de 70 éloges sur une période de 40 années. Il renouvela le genre, modifia son objet et ses modalités d'écriture, imprimant sa marque d'une manière subtile mais manifeste. Les articles de cette seconde partie de ce numéro étudient l'ère Fontenelle de l'éloge académique en examinant ses différents moments, ses enjeux épistémologiques, institutionnels et littéraires, ainsi que ses variations et ses tensions.
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