Invisibilité ou notoriété ? De l'inégalité des sexes
Catherine Bernard aurait pu demeurer à Rouen dans la foi protestante ou fuir en Hollande. Elle ne l'a pas fait. Sûre de son talent, déterminée à vivre de sa plume, elle s'installe à Paris et connaît le succès comme romancière, conteuse et dramaturge. En 1730, Voltaire irrité que sa tragédie, Brutus, soit jugée inférieure à celle que Catherine Bernard avait fait représenter en 1690, insinue que Fontenelle y aurait mis la main. Ainsi l'œuvre de Catherine Bernard se trouvera-t-elle absorbée sous le nom de Fontenelle, et la réputation de l'autrice étouffée. Les études rassemblées dans la première partie de ce volume s'attachent à cerner cette auctorialité dérobée et à mettre en lumière la place originale qu'occupe Catherine Bernard dans le contexte littéraire de la fin du XVIIe siècle. La seconde partie du volume est consacrée aux Éloges des savants, à leur mort, qui constituent l'une des nouveautés les plus remarquables des volumes de l'Histoire de l'Académie royale des sciences. Leur publication commence avec le renouvellement de l'Académie, en 1699. Premier secrétaire perpétuel de l'Académie renouvelée, Fontenelle rédigea plus de 70 éloges sur une période de 40 années. Il renouvela le genre, modifia son objet et ses modalités d'écriture, imprimant sa marque d'une manière subtile mais manifeste. Les articles de cette seconde partie de ce numéro étudient l'ère Fontenelle de l'éloge académique en examinant ses différents moments, ses enjeux épistémologiques, institutionnels et littéraires, ainsi que ses variations et ses tensions.
Fontenelle et l'opéra – Rayonnement et métamorphoses
Au moment où la tragédie lyrique entre en crise, Fontenelle se penche sur les questions de poétique et de dramaturgie musicale, faisant entendre la voix d'un Moderne convaincu de la puissance d'enchantement du spectacle offert par l'opéra et ses machines. À travers la réflexion de Fontenelle sur les formes génériques, à travers les reprises et les parodies de ses œuvres, ce volume tente de comprendre comment ce moment de crise a pu être surmonté.
Ce numéro double de la Revue Fontenelle rassemble onze contributions réparties en deux ensembles. Le premier interroge la relation de Fontenelle à Pascal et propose une édition critique par Anthony McKenna des Réflexions sur l'argument de M. Pascal et de M. Locke concernant la possibilité d'une autre vie à venir. Le second ensemble s'intéresse à l'académicien, tenu pour exemplaire, que fut Fontenelle, et propose une édition critique de quelques lettres échangées entre Fontenelle et Joseph-Nicolas Delisle dans le cadre académique. Le volume s'achève sur une chanson. . . relative à la " Réception du Sieur Fontenelle à l'Académie française ".
La partie thématique de ce dixième numéro de la Revue Fontenelle (" Le siècle pastoral ") est consacrée au " moment Fontenelle " dans l'histoire de la pastorale, réévalué et replacé dans un temps long allant du XVIe au XVIIIe siècle: quelle cohérence construisent les œuvres apparemment contradictoires que lui ont inspirées les débats sur l'églogue et le changement de goût de la société de son temps? quelles problématiques nouvelles et quels nouveaux débats initient-elles?
La Revue Fontenelle a pour objet, au-delà de la pensée et de l'œuvre de Fontenelle lui-même, l'histoire, les sciences et les belles-lettres d'un temps de transition, celui de la " crise de la conscience européenne ", dont Fontenelle a été un acteur majeur.Ce numéro de la Revue Fontenelle s'inscrit dans un travail de réévaluation des positions et des débats de la Querelle des Anciens et des Modernes sur le temps long, de l'intervention de Charles Perrault devant l'Académie française aux années 1750.
La Revue Fontenelle a pour objet, au-delà de la pensée et de l'œuvre de Fontenelle lui-même, l'histoire, les sciences et les belles-lettres d'un temps de transition, celui de la " crise de la conscience européenne ", dont Fontenelle a été un acteur majeur.
L'objectif majeur de ce numéro double de la Revue Fontenelle (plus de 510 pages) est de s'interroger sur la portée politique de l'engagement de Fontenelle comme censeur royal, comme secrétaire de l'Académie royale des sciences et, plus largement, sur les implications politiques de cette nouvelle façon de penser et de raisonner dans laquelle Fontenelle reconnaissait le seul fondement de la modernité.L'un des apports suggestifs de ce numéro est de contester, de façon unanime, l'image d'un Fontenelle touche-à-tout mondain, savant élégant et dilettante, au profit d'une polyvalence appuyée sur l'assiduité, le suivi et la fluidité du travail, d'un engagement raisonné et sans faille dans la bataille culturelle en faveur du moderne. Dans ce sillage, et à partir d'une étude rigoureuse des textes, les différents auteurs s'accordent sur la profonde unité de la pensée fontenellienne, sur la cohérence, sans doute difficile à percevoir en son temps, même pour des esprits avisés, d'un projet qui vise à penser autrement l'histoire et la politique dans le cadre d'un ordre du monde moderne et laïcisé.
La cinquième livraison de la Revue Fontenelle est divisée en deux sections. La première, qui traite de la place de Fontenelle dans la pensée des Lumières, est issue de deux tables rondes tenues lors du Congrès international des Lumières en juillet 2007 à Montpellier. La seconde inaugure une dimension annoncée de la revue, qui ne s'était jusque-là pas manifestée concrètement : son ouverture, au-delà de Fontenelle, aux milieux dans lesquels il a évolué. Elle est consacrée à Pierre-Robert Le Cornier de Cideville, parlementaire et personnalité de la vie intellectuelle et artistique rouennaise, dont l'abondante correspondance est en cours de publication.
Au sommaire : J. Dagen, "Le Fontenelle de Vauvenargues"; A.-F. Villemain, "Fontenelle" ; C.-A. Sainte-Beuve, "Fontenelle, par M. Flourens" ; A. Houssaye, "Fontenelle" ; É. Faguet, "Fontenelle" ; R. de Gourmont, "Sur Fontenelle" ; J. Rostand, "Fontenelle".
Au sommaire : Fontenelle et la philosophie : J. Dagen, "Le philosophe selon Fontenelle" ; J.-M. Nicolle, "Le projet philosophique de Fontenelle dans ses éléments de la géométrie de l'infini" ; C. Poulouin, "La "chasse de Pan" ou l'écriture philosophique selon Bacon et Fontenelle" ; D. Ribard, "Philosophie et non-philosophie : Fontenelle et Descartes". Lire, interpréter Fontenelle : F. Bessire, "Des Amitiés, amours et amourettes de Le Pays aux Lettres galantes de Fontenelle : imitation et création" ; J. Goldzink, "À propos des Réflexions sur la poétique de Fontenelle" ; J.-P. Sermain, "Gamaches lecteur de Fontenelle (1704-1718)" ; I. Moreau, La Mothe Le Vayer, "l'"Histoire des oracles" d'un philosophe sceptique" ; C. Poulouin, "L'"Histoire des oracles" de Fontenelle comme "dénaturation" du traité de Van Dale" ; S. Hochedez, "Les Entretiens sur la pluralité des mondes : qu'ironiser, c'est apprendre à penser".
Sous les auspices de la Société Fontenelle, ce numéro a pour but de stimuler la recherche relative à Fontenelle et à Catherine Bernard, poétesse, romancière et dramaturge proche de ce précurseur des philosophes du 18e siècle. Pour ce faire, les auteurs s'appuient sur les problématiques qui émergent dans le champ actuel de la recherche, sur la galanterie, le libertinage et la philosophie clandestine. Ils renouvellent aussi l'approche de ces auteurs par la publication d'études et de documents inédits, jamais traduits ou devenus inaccessibles.