Un numéro de Varia avec des articles qui montreront la place importante faite à l'étude des pratiques de pouvoir à l'œuvre au cours de la période soviétique.
Histoire économique de la Russie au début de l'époque moderne
Mus par le concept général selon lequel des questions et des approches originales sont en mesure d'actualiser la recherche basée sur des sources traditionnelles, les coéditeurs de ce numéro soutiennent que les nouvelles perspectives proposées ces dernières décennies peuvent être combinées de manière très productive avec l'expertise traditionnelle de la recherche basée sur les sources. Ils ont jeté leur dévolu sur l'histoire sociale, économique et environnementale du début de l'époque moderne, qui se prête parfaitement à cette expérience. En effet, d'une part, ce domaine de recherche a une longue et très fructueuse tradition de recherche et ses sources (comptes monastiques, registres douaniers) attirent l'attention des chercheurs depuis des siècles. De l'autre, il reste dynamique et intègre des approches issues des autres sciences sociales et humaines qui rendent possible une nouvelle vision des sources familières.Ce numéro s'articulera autour des axes suivants: pratiques sociales d'interactions multifacettes avec le blé, principale ressource alimentaire; langages de description du social; nouvelle vision des conséquences sociales des perturbations sociétales; interaction russo-européenne (circulation des idées entre l'Europe et la Russie du début de l'ère moderne dans la perspective du développement économique).
L'ensemble des articles de ce numéro permet de poser à nouveaux frais les questions de la singularité du modèle économique soviétique, insistant sur la dimension chaotique, expérimentale et créative de la réalité matérielle soviétique. L'économie soviétique était en proie tant à la pénurie, à l'injonction productiviste et à des tentatives de mises en cohérence, de mise en lisibilité à travers les instruments de la planification ou l'utilisation d'indicateurs qui se heurtèrent à la réalité sociale et au quotidien des Soviétiques. Ce travail se situe donc à la charnière d'une histoire économique, sociale et culturelle, s'intéressant aussi à la question de l'intégration de l'économie soviétique au marché mondial.
Après la coopération militaire, le soutien aux mouvements de libération nationale et la vente d'armes, la coopération éducative ou l'aide à la formation de cadres nationaux a constitué, dans la plupart des cas et d'après les éléments recueillis, le chapitre le plus important de l'histoire des relations des pays socialistes avec le Sud.Ce numéro spécial fait le point sur la coopération de l'Est socialiste avec le tiers monde en matière d'enseignement, d'arts et de sciences. Il apporte un éclairage nouveau sur ces relations, leurs conséquences et les différents aspects qu'elles ont pu revêtir dans les pays concernés. Il nous rend ainsi témoins des rencontres des étudiants cubains avec le socialisme soviétique tardif, de celles des étudiants du tiers monde avec la société tchécoslovaque, de la politique de l'URSS vis-à-vis des opposants parmi les étudiants africains dans les années 1960, de la propagande via les enseignants soviétiques de russe dans les universités indiennes, de l'accueil des étudiants du Sud en Roumanie dans les années 1960-1980, des mobilités étudiantes Sud-Est dans les écoles de cinéma des pays de l'Est et d'Union soviétique, du rôle des enseignants soviétiques en Afrique et en Asie pendant la guerre froide ou encore de la coopération éducative et la formation des étudiants algériens par les pays de l'Est.
Après un article sur l'évolution du genre littéraire des paterikons, deux autres s'intéressent à Pierre le Grand. Le premier porte sur le journal du général Patrick Gordon et la question de la participation de la Moscovie aux guerres de la Sainte Ligue (1689-1698), et le second sur le projet oriental de Pierre le Grand. Sont ensuite évoqués les revenus des tavernes et la consommation d'alcool en Moscovie au milieu de XVIIe siècle. Le dossier se termine par une étude des langues utilisées dans l'enseignement universitaire russe au XVIIIe et du rapport latin vs russe.
Les vies de la science sous le socialisme tardif 1945-1991
Ce numéro Varia sera composé d'un dossier " Administrer les sciences, diriger par les sciences " coédité avec Gregory Dufaud et Ksenia Tatarchenko, et d'une partie forum " Statistiques de la Terreur ", coédité avec Alessandro Stanziani.
Sur la base de sources inédites, d'études de cas et d'entretiens, ce varia propose de nouveaux éclairages sur les tribunaux de camarades (1919-1922), les répressions politiques staliniennes (1941-1945), les procès à huis clos contre des femmes condamnées pour collaboration avec le régime nazi en Crimée (1944-1953), les processus et les implications du retour volontaire en Union soviétique des prisonniers de guerre et des personnes déplacées qui avaient été recrutées de force dans l'économie de guerre nazie (1949-1950) et les relations entre le Parti communiste ukrainien et les groupes informels apparus au moment de la perestroïka.
Dissidences sexuelles et de genre en URSS et dans l'espace postsoviétique
Que ce soit dans l'empire russe, en URSS ou dans les pays nouvellement indépendants qui lui ont succédé, le pouvoir s'en est pris à l'homosexualité. Il le fait parfois directement en procédant à une répression médico-pénale, mais généralement, c'est de manière indirecte que s'exercent d'autres formes de censure sociale, à travers notamment des institutions soviétiques telles que le tribunal des camarades.
Héros aux yeux des Occidentaux pendant la guerre froide, les dissidents soviétiques sont ensuite apparus comme un groupe marginal de la société soviétique et ceux d'Europe centrale ont souvent été canonisés en tant que héros nationaux et représentants de l'essence véritable d'une société donnée, prouvant ainsi qu'ils n'avaient jamais vraiment participé au projet socialiste, avant de passer à l'arrière-plan du paysage de la recherche. Le renouveau de l'intérêt pour le socialisme d'État leur vaut un regain d'attention. Le rôle de la génération, de l'identité ethno-nationale et religieuse, de l'espace et de la position des dissidents vis-à-vis du " système " sont autant d'aspects qui structurent les discussions générales sur le caractère et l'essence des dernières décennies du socialisme d'État. Ce dossier entend servir les débats en cours sur les " dissidents " et leurs liens avec les visions politiques et les sociétés constituant le bloc de l'Est.
Ce numéro inclut deux dossiers.Écritures visuelles, sonores et textuelles de la justice: une autre histoire des procès à l'Est.Ce dossier replace les interrogations sur la captation filmique ou photographique de procédures judiciaires en questionnant les rapports entre écriture scripturaire des procès (les retranscriptions sténographiques des audiences en particulier dont nous disposons souvent), écriture visuelle (films et photographiques) et écriture sonore (enregistrements radiophoniques ou sonorisation des matières filmiques), des procédures judiciaires.Les milieux dissidents et le "système"L'intérêt pour les dissidents issus de l'Europe de l'Est a connu une trajectoire intéressante au cours des dernières décennies. Héros aux yeux des Occidentaux pendant la guerre froide, les dissidents soviétiques sont ensuite apparus comme un groupe marginal de la société soviétique et les dissidents d'Europe centrale ont souvent été canonisés en tant que héros nationaux et représentants d'une véritable essence d'une société donnée, prouvant ainsi qu'ils n'avaient jamais vraiment participé au projet socialiste, avant de passer à l'arrière-plan du paysage de la recherche. Le renouveau de l'intérêt pour le socialisme d'État leur vaut un renouveau d'attention.