Pour l'histoire de la vie quotidienne, la lettre, genre de document qui s'est généralisé avec les progrès de la poste depuis moins de quatre siècles, nous paraît d'autant plus précieux que la concurrence des nouveaux moyens de communication vient de le raréfier sous nos yeux.C'est ainsi qu'un corpus d'environ 275 lettres, s'échelonnant de 1741 à 1770, conservé aux Archives départementales de l'Aude, mérite notre attention. Il concerne essentiellement l'échange de nouvelles entre une famille de petits seigneurs du Pays de Sault dans les Pyrénées audoises et leur fils, lieutenant de cavalerie dans les armées de Louis XV, pendant les guerres de Succession d'Autriche et de Sept ans.Ces lettres évoquent une société aux ressources limitées Elles évoquent aussi la vie des officiers subalternes avec leurs équipages et leurs brillants uniformes, les parades, et en contrepartie les privations et la misère des jours ordinaires. La dure discipline qu'ils imposent, nuit au recrutement des simples cavaliers et incite même à la désertion. Ils ont ainsi toujours besoin d'hommes mais aussi d'argent, de chevaux et de mulets.Ces lettres reflètent d'autre part les manières de pensée et les soucis de leurs auteurs et de leurs relations: un père qui veille à ce que sa famille tienne son rang grâce au métier des armes, un fils aîné qui obtient, après force dangers, fatigues et privations, la croix de Saint-Louis, une mère aimante et angoissée inculquant à ses fils le sens de leur devoir, l'amour et la crainte de Dieu, les autres enfants, dont une vocation forcée; et au-delà combien de parents, de seigneurs voisins, de militaires, de prêtres, de domestiques et d'amis.Mine de renseignements, cette publication devrait servir de pierre d'attente pour d'autres travaux.