Comme pour l'anglais du XXe siècle finissant, la Ville - qu'il s'agisse de Londres ou des cités industrielles du Nord - était pour les sujets de la reine Victoria à la fois un paradis et un enfer. Peu d'écrivains de l'époque l'ont méconnue; ils ont, selon leur culture, leur sensibilité, leur tempérament, réagi de façons contradictoires à un phénomène d'une ampleur sans précédent, qui a été, et demeure, au centre des débats politiques et sociaux. Les essais contenus dans ce volume reflètent la variété des attitudes victoriennes envers l'urbanisation. Ils évoquent les dures réalités de la misère et de la corruption, les conclusions des enquêtes menées dans un labyrinth où trouvaient place aussi bien la criminalité qu'une culture nouvelle; mais ils montrent aussi la magie de la ville, "douce cité d'illusion, de mythes, d'aspirations et de cauchemars", qui, selon Jonathan Raban, est aussi réelle, sinon plus, que la cité perceptible dans les statistiques et les études des sociologues, des démographes et des architectes. Les principaux auteurs traités sont Charles Kingsley, John Ruskin, Frederic Harrison, George Gissing, Arthur Morrison et Rudyard Kipling. Les six essais qui leur sont consacrés sont précédés d'un essai plus général écrit par un spécialiste reconnu de la civilisation urbaine britannique. L'ensemble entend apporter un complément original aux études parues sur la question en Angleterre depuis une douzaine d'années. Il reflète l'ambiguïté des jugements humains devant un phénomène tangible, émminemment analysable, dont procèdent de multiples visions subjectives et substantielles.