Jane Austen

Une poétique du différend
Sophie DEMIR
Collection
Interférences
Date de publication
15 octobre 2015
Résumé
Lire et relire Jane Austen, ce n'est pas s'arrêter à l'histoire racontée, c'est plonger dans un véritable art du langage qui nous réjouit à chaque fois. Cet art du langage nous montre et déjoue en même temps le dogmatisme du discours social et de la doxa qui l'accompagne. Le discours de la doxa est le ciment du lien social. Il favorise la logique de l'identifi cation à un groupe. Un groupe social se reconnaît à son idiome et à ses signifi ants-maîtres. Grâce à cela, parler tout seul en croyant parler avec les autres devient une activité sociale dominante qui fonctionne à la perfection. Les signifiants-maîtres tiennent lieu de jugement. Ils fonctionnent comme signes de reconnaissance. Ces signes sont classifiés selon une échelle de valeurs qui permet de juger les discour ... Lire la suite
FORMAT
Livre broché
22.00 €
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Date de première publication du titre 15 octobre 2015
ISBN 9782753541931
EAN-13 9782753541931
Référence 119312-53
Nombre de pages de contenu principal 346
Format 15.5 x 21 x 2.9 cm
Poids 507 g

Préface de Richard Pedot

Ironie et discours social

  • De la polyphonie aux signes
  • En quête d'un discours amoureux
  • Crise de l'interprétation

Ironie et expérience amoureuse

  • Des signes de l'expérience
  • Discours et vérité
  • Quand l'esprit vient au discours

L'écriture austenienne, un défi pour l'interprétation

  • Secret et ironie
  • Ironie et narrateurs
  • Entre Neutre et Différend
Lire et relire Jane Austen, ce n'est pas s'arrêter à l'histoire racontée, c'est plonger dans un véritable art du langage qui nous réjouit à chaque fois. Cet art du langage nous montre et déjoue en même temps le dogmatisme du discours social et de la doxa qui l'accompagne. Le discours de la doxa est le ciment du lien social. Il favorise la logique de l'identifi cation à un groupe. Un groupe social se reconnaît à son idiome et à ses signifi ants-maîtres. Grâce à cela, parler tout seul en croyant parler avec les autres devient une activité sociale dominante qui fonctionne à la perfection. Les signifiants-maîtres tiennent lieu de jugement. Ils fonctionnent comme signes de reconnaissance. Ces signes sont classifiés selon une échelle de valeurs qui permet de juger les discours en fonction de leur emploi de ces signes. Tous ces signes se résument en réalité à un seul signe, celui de l'argent. Le seul discours susceptible de pouvoir s'opposer à cette logique du capital est le discours amoureux. L'expérience amoureuse est une aspiration à un nouveau discours. Les amants doivent inventer un nouvel idiome leur permettant de fonder un nous qui ne soit plus le nous du discours social. Mais l'ironie de l'écriture austenienne attaque cet idéalisme. Discours du capital et discours amoureux ont un même aboutissement, le mariage. Le mariage appartient à une logique économique. Il assure la survie des partenaires d'un contrat. Dans un tel contexte, l'idéal amoureux est incapable de se libérer de la logique du capital. Capital et amour ne forment qu'un seul et même idéal. Dans les romans de Jane Austen, la rencontre amoureuse, entre idéal et désenchantement, est paradoxale et ambivalente. Le rite social du mariage représente un e ort pour traduire l'idiome du capital dans celui de l'amour et vice versa. Or ces deux idiomes ne sont pas traduisibles l'un dans l'autre. L'écriture austenienne témoigne d'un di érend. Ce témoignage est rendu possible par la façon dont le Neutre prend la place du narrateur. Et si l'écriture des romans de Jane Austen emprunte le langage de la morale, le discours n'est pas moralisateur. L'usage de l'ironie neutralise tout jugement défi nitif. Le jugement est renvoyé à la responsabilité du lecteur. L'expérience du di érend révèle au lecteur combien parler avec les autres et être capable d'entendre réellement ce qui se dit est un don rare et précieux, deux qualités qui s'acquièrent et qui doivent être cultivées. Cette expérience rend sensible à la singularité des idiomes. Croire comprendre ce que dit l'autre est toujours illusoire car le mot employé signifi e pour celui qui l'emploie autre chose que pour celui qui écoute. Ainsi il n'est pas d'art de la conversation sans une capacité à s'interroger sur cette singularité de l'idiome de l'autre.

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