Le présent ouvrage, qui constitue le deuxième volume d'Histoire et Nature paru aux PUR en 2011, est consacré aux aléas biologiques. La Nature, en effet, ne se limite pas à la matière qui la compose ni aux forces agissant sur elle, elle inclut les organismes vivants, à commencer par les agents pathogènes qui se développent au détriment de l'être humain et de ses animaux. Si l'on retient la définition selon laquelle la Nature est tout ce qui n'a pas besoin de l'être humain pour être, alors la maladie sur le plan individuel et les épidémies ou épizooties sur le plan collectif sont des aléas naturels auxquels les sociétés humaines ont été d'autant plus soumises qu'elles n'ont pas eu de prise sur eux jusqu'à une époque récente. À ce titre, les crises sanitaires ont contribué de façon autonome à modeler l'évolution des sociétés. L'esprit qui avait présidé à l'élaboration du premier volume a été respecté. Il s'agit du choix d'une approche plurielle, largement ouverte à des traditions épistémologiques et à des outils de recherche souvent différents et parfois éloignés sur les plans méthodologiques ou disciplinaires. Le résultat apparaît à l'image de cette variété, multiple et fragmenté. Néanmoins, le lecteur se rendra compte au fil des chapitres que les points de vue se répondent, que les analyses se conjuguent et que, finalement, les éclats qui composent l'ensemble reflètent avec plus de force l'objet placé en leur centre. Un objet qui est double, puisqu'il s'agit de la maladie en tant que fait collectif et du corps malade dans ses dimensions historique, sociale et culturelle. Autrement dit, la crise sanitaire dévoile le corps tout autant que le corps, par les marques qu'il porte ou par sa position dans l'espace, révèle la crise sanitaire. Or ce corps disparu demeure paradoxalement quelque chose de vivant à cause de la maladie, fût-il réduit à des ossements ou à une citation dans un texte.