Conte d'auteur

Jean-Louis CORNILLE
Date de publication
1er janvier 1992
Résumé
Devenir écrivain n'est-ce pas d'abord longuement rêver au-dessus d'une page de couverture, l'emblème d'un éditeur, se pencher au-dessus d'un frontispice et s'imaginer voir s'y étaler en toutes lettres son nom propre?Il ne fait aucun doute que pour toute une série d'écrivains, la typographie faisait partie de l'écriture elle-même. Voici que certains de ces auteurs (dont Lautréamont, Rimbaud, Mallarmé, Segalen, mais aussi Roussel, Proust, Céline et Gide) iront jusqu'à déployer dans leur oeuvre tout un dialogue plus ou moins secret avec ces agents-là qui en assurent la parution. Sans doute, cette réplique, enfouie sous le dire de l'oeuvre aura-t-elle tendance à se signaler plus agressivement dans le cas d'ouvrages publiés aux frais de l'auteur même. Mais le compte d'auteur ... Lire la suite
FORMAT
Livre broché
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Date de première publication du titre 1er janvier 1992
ISBN 9782859393984
EAN-13 9782859393984
Référence SLU090558-54
Nombre de pages de contenu principal 304
Format 16 x 24 x 0 cm
Poids 567 g
Devenir écrivain n'est-ce pas d'abord longuement rêver au-dessus d'une page de couverture, l'emblème d'un éditeur, se pencher au-dessus d'un frontispice et s'imaginer voir s'y étaler en toutes lettres son nom propre?Il ne fait aucun doute que pour toute une série d'écrivains, la typographie faisait partie de l'écriture elle-même. Voici que certains de ces auteurs (dont Lautréamont, Rimbaud, Mallarmé, Segalen, mais aussi Roussel, Proust, Céline et Gide) iront jusqu'à déployer dans leur oeuvre tout un dialogue plus ou moins secret avec ces agents-là qui en assurent la parution. Sans doute, cette réplique, enfouie sous le dire de l'oeuvre aura-t-elle tendance à se signaler plus agressivement dans le cas d'ouvrages publiés aux frais de l'auteur même. Mais le compte d'auteur, ici privilégié, n'est jamais que le symptôme d'un malaise plus général produit par cette ombre que l'imprimeur ne cesse de projeter sur la page. S'élaborent ainsi les termes d'un contrat imaginaire (ou conte d'auteur), qui vient comme suppléer aux défauts de l'autre et qui occupe ce moment d'entre-deux du texte, lorsque celui-ci n'est déjà plus entre les mains de l'auteur, sans être encore entre celle du lecteur.Et c'est bien parce que la littérature s'est faite lettre morte et que se sont perdues les illusions du réel, qu'apparaissent des rappports demeurés illisibles jusque-là, ou que le livre, se désignant lui-même, extériorise les séquences de sa fabrication; enfin que s'animent des agents de l'oeuvre généralement passés sous silence: du prote au libraire, de l'imprimeur à l'éditeur.Epuisées, nos fables, en se retirant, rendent visible pour finir la trame des papiers, la fragile matérialité des encres et des caractères, font surgir d'entre les lignes la main-d'oeuvre du livre. L'imprimeur est dans le texte.

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