Avant d'être un art, avant d'être une industrie, le cinéma est d'abord une technologie. Bien qu'on en reconnaisse généralement l'importance, la dimension technologique du cinéma a pourtant longtemps été négligée par les chercheurs, qui y voyaient un objet d'étude trop " praticopratique ", sujet à d'inquiétantes dérives déterministes, voire " fétichistes ". Cet ouvrage va à contre-courant de ces idées reçues et participe plutôt du nouvel intérêt pour la technologie qu'a suscité, notamment, l'envahissement par le numérique de toutes les sphères de la production et de la diffusion cinématographiques. En effet, l'abandon désormais généralisé du " dispositif de base " autour duquel s'est érigé le médium nous amène à reconsidérer la place qu'occupent les techniques et les technologies, dans notre façon non seulement de faire des films, mais aussi d'appréhender, de penser le cinéma. Loin de s'arrêter aux innovations récentes, toutefois, les auteurs réunis ici interrogent, sous un angle à la fois historique, théorique, esthétique et épistémologique, diverses manifestations qui mettent en relief cet ancrage technologique complexe: depuis les " photographies animées " produites chez Edison et Lumière, jusqu'aux images retouchées numériquement, en passant par le cinéma olfactif ou certains classiques de l'animation et du film noir, les transformations technologiques n'ont semble-t-il jamais cessé de redéfinir les modalités du cinéma. En faisant ainsi se côtoyer différentes époques et perspectives d'analyse, les quatorze contributions de ce livre dessinent les contours d'un champ d'études en pleine ébullition et interrogent avec originalité un enjeu crucial de la réflexion cinématographique actuelle.