L'art nazi existe-t-il? Si l'on considère les déclarations officielles et les lois qui définissent les normes de la production artistique, la réponse est oui. Mais si l'on analyse les pratiques des artistes et écrivains sous le IIIe Reich, il faut convenir qu'une originalité nazie en ce domaine n'existe pas. Rien de plus hétéroclite et épigonal que l'art sous le nazisme, bricolage empruntant ses matériaux et ses formes aussi bien à la Grèce et à la Germanie "éternelles" qu'à la modernité. Dans les faits, la stratégie du nazisme en matière de littérature et d'art vise moins à produire un "art nouveau" qu'à conserver, à imiter et à concilier l'inconciliable: l'exaltation passéiste de la glèbe et des valeurs traditionnelles et la glorification des technologies futuristes, ...
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L'art nazi existe-t-il? Si l'on considère les déclarations officielles et les lois qui définissent les normes de la production artistique, la réponse est oui. Mais si l'on analyse les pratiques des artistes et écrivains sous le IIIe Reich, il faut convenir qu'une originalité nazie en ce domaine n'existe pas. Rien de plus hétéroclite et épigonal que l'art sous le nazisme, bricolage empruntant ses matériaux et ses formes aussi bien à la Grèce et à la Germanie "éternelles" qu'à la modernité. Dans les faits, la stratégie du nazisme en matière de littérature et d'art vise moins à produire un "art nouveau" qu'à conserver, à imiter et à concilier l'inconciliable: l'exaltation passéiste de la glèbe et des valeurs traditionnelles et la glorification des technologies futuristes, manière de parler à la fois à la paysannerie, à la bourgeoisie des petites villes, aux ingénieurs et ouvriers des grandes, et de magnifier la "communauté de race". Persécutés, exilés ou cachés, il y a les autres, écrivains et artistes qui disent non et travaillent dans les pires difficultés à proposer d'autres modèles de "la vie en commun des hommes".