La France, durant la détente, mena une politique étrangère qui s'appuya sur la particularité, dans le bloc de l'Est, de la Hongrie et de la Roumanie. Celles-ci étaient en effet caractérisées respectivement par une déviation interne et internationale par rapport à la norme soviétique. De la crise tchécoslovaque en 1968 au regain de tensions dans la seconde moitié des années 1970, la politique française dans l'ancienne Europe centrale poursuivit ainsi des objectifs à la fois bilatéraux et multilatéraux. Elle inscrivit son action dans un cadre hérité du passé, mais aussi dans un processus mouvant, celui d'Helsinki, tandis que ses vecteurs d'influence évoluaient et s'enrichissaient. Sur le plan politique, un partenariat difficile fut restauré avec la Roumanie tandis que, pour la première fois, naissait un dialogue suivi avec la Hongrie. Les rapports économiques acquirent, quant à eux, une signification croissante et furent encadrés par l'État. Ils répondirent à la volonté politique de développer les industries de haute-technologie en France, de s'opposer à l'hégémonie des États-Unis en la matière, et de mettre à profit l'asymétrie de développement entre l'Est et l'Ouest pour saper la domination de l'URSS sur son glacis. Cependant, la France dut prendre des risques par rapport aux États-Unis, afin de mener à bien ces opérations industrielles qui pouvaient entrer en contradiction avec les règles mises en place par la superpuissance occidentale. De plus, ces liens se développèrent en dépit de risques pour la sécurité nationale. Néanmoins, et malgré des divergences au sein de l'État, l'ouverture française fut menée de manière globalement cohérente.