Constituer la haine comme objet historique proprement dit invite à poser, à côté des approches philosophiques, psychologiques ou sociologiques du phénomène, les spécificités d'une approche historique, qui peut s'inscrire dans une démarche d'historien aussi bien que de musicologue ou de linguiste. Le premier point semble bien la nécessité de distinguer la haine proprement dite d'autres formes d'expression du conflit social et politique, déjà largement explorées par les historiens, telles que la violence et l'injure. La haine peut déboucher sur la violence où s'exprimer par l'injure. Mais elle n'est réductible à aucun de ces phénomènes. Il importe de réfléchir à ce que spécifier un discours d'affrontement comme "discours de la haine" apporte à la compréhension historique ...
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Première partie Mondes anciens et médiévaux Le jeu des traductions Anne-Emmanuelle Veïsse — " Toi qui détestes les méchants " Le thème de la " haine du mal " dans les papyrus grecs d'Égypte Bernard Legras — Kata; pollh ; n ajpevcqeian. Les discours de haine contre les Juifs dans l'Égypte ptolémaïque Paul-Marius Martin — Un exemple parfait de haine politique : Cicéron et Antoine Claire Feuvrier-Prévotat — Le jeu de la haine dans les comédies de Plaute Bruno Lemesle — Des discours de la haine. Marie-Geneviève Grossel — Récits comparés de haine et de vengeances aux 11e et 12e siècles Des Grifons vos sai dire c'onques genz ne fu pires Modalités et expressions de la haine contre les Grecs dans les écrits contemporains de la quatrième croisade Élisabeth Lusset — Per rancorem et odium motum Réflexions sur la haine au sein des communautés conventuelles de l'Occident médiéval (13e-15e siècle) Isabelle Heullant-Donat — Odium fidei et définition du martyre chrétien Julien Briand — Haine et haineux devant la justice rémoise à la fin du Moyen Âge
Deuxième partie Mondes modernes et contemporains haines dites, haines tacites Francesco Rocco Rossi — Deux cas paradigmatiques d'invective musicale dans la musique ancienne : " Fons totius superbiae/ Livoris feritas/Fera pessima " de Guillaume de Machaut et " Sola caret monstris/Fera pessima " de Loyset Compère Bertrand Porot — Poétique de la haine dans Amadis de Jean-Baptiste Lully et Philippe Quinault (1684) Bernard Grunberg — Le métis dans la société coloniale : entre haine, mépris et défiance Benoît Musset — Chiens de maltotiers ! : les commis des aides en tournée dans les élections de Reims et Epernay au 18e siècle Stephen Clay — La haine et la vengeance : les passions politiques du Midi pendant la Révolution française Sophie Wahnich — La haine comme non amnistie, la haine comme faculté de juger Sudhir Hazareesingh — Une profonde haine de la tyrannie : Albert Laponneraye et les paradoxes de la mémoire républicaine ?Laurent Joly & Grégoire Kauffmann — Le nationalisme français des années 1880-1900 et l'exaltation de la haine, " légitime ", " saine ", " populaire ", contre le juif Jean-François Boulanger — Haines de paix et haines de guerre chez des évêques du front de 14-18 dans le Nord-Est de la France Anne Simonin — En haine de la République parlementaire : Pierre Laval, 9 juillet 1940 Pascal Girard — Le gaullisme d'opposition au miroir de la haine politique, 1947-1958 Philippe Buton — La haine, ciment identitaire de l'extrême-gauche européenne ? Irène Herrmann — Haine en pays neutre ? (In)expression du ressentiment dans le discours gouvernemental suisse (1847-2007) Michael Rinn — Le pathos négationniste des sites islamistes
Jean-Clément Martin :Postface Émotions, discours et histoire
Constituer la haine comme objet historique proprement dit invite à poser, à côté des approches philosophiques, psychologiques ou sociologiques du phénomène, les spécificités d'une approche historique, qui peut s'inscrire dans une démarche d'historien aussi bien que de musicologue ou de linguiste. Le premier point semble bien la nécessité de distinguer la haine proprement dite d'autres formes d'expression du conflit social et politique, déjà largement explorées par les historiens, telles que la violence et l'injure. La haine peut déboucher sur la violence où s'exprimer par l'injure. Mais elle n'est réductible à aucun de ces phénomènes. Il importe de réfléchir à ce que spécifier un discours d'affrontement comme "discours de la haine" apporte à la compréhension historique de la violence sociale et politique.