Alors que les hommes mobilisés sont loin des leurs demeurés à l'arrière, le lien de la correspondance devient essentiel pour ces Femmes sur le pied de guerre de la famille Resal. Leurs lettres maintiennent le contact, pendant toute la Grande Guerre, entre les membres de cette famille d'ingénieurs proche de certains généraux et de l'entourage immédiat de Clemenceau.La correspondance polyphonique de ces quatre femmes circule, en un flux continu, vers les champs de bataille, de Charleroi au Chemin des Dames en passant par Verdun : Berthe, la grand-mère, est menacée de revivre en Seine-et-Marne l'occupation de 1870. Sa fille Julie organise un ouvroir et participe aux actions de la Croix-Rouge, quand son mari, directeur des tramways de Bordeaux, emploie des " femmes cochères ". Tout comme leurs deux filles - l'une infirmière, l'autre professeur de piano - elles adressent chaque jour à leur petit-fils, fils et frère des lettres qui, par l'ensemble qu'elles forment, présentent plusieurs angles de vue sur l'épreuve de la séparation, de l'angoisse et du deuil.Leurs écrits intimes, qui livrent la chronique quotidienne de la vie d'une famille de la bourgeoisie républicaine et l'écho de la vie nationale, révèlent aussi le patriotisme de leur milieu. Ces Femmes sur le pied de guerre offrent un condensé, sur trois générations, de leurs parcours entre 1914 et 1918, et présentent un tableau très éloigné du lieu commun de femmes qui seraient par nature éplorées et pacifistes.