12 avril 1927 à Shanghai : les soldats de Jiang Jieshi (Tchang Kai-Chek), aidés par les gangsters de la Bande verte, massacrent des centaines de syndicalistes communistes qui viennent de s'emparer des quartiers sous administration chinoise, à l'issue d'une massive grève insurrectionnelle. L'illusion d'une révolution prolétarienne chinoise est brisée. Le Shanghai de 1927 ne sera pas le Pétrograd de 1917. Le modèle bolchévique en restera à un prototype. Mais dès l'automne 1927, de puissantes grèves ouvrières, souvent victorieuses, attestent de la vigueur d'un mouvement ouvrier que l'on croyait détruit. Il existe dans le monde du travail une force autonome que le Guomindang doit tolérer quelque temps et qui arrache ici ou là divers avantages salariaux. Dès 1931, le régime ...
Lire la suite
12 avril 1927 à Shanghai : les soldats de Jiang Jieshi (Tchang Kai-Chek), aidés par les gangsters de la Bande verte, massacrent des centaines de syndicalistes communistes qui viennent de s'emparer des quartiers sous administration chinoise, à l'issue d'une massive grève insurrectionnelle. L'illusion d'une révolution prolétarienne chinoise est brisée. Le Shanghai de 1927 ne sera pas le Pétrograd de 1917. Le modèle bolchévique en restera à un prototype. Mais dès l'automne 1927, de puissantes grèves ouvrières, souvent victorieuses, attestent de la vigueur d'un mouvement ouvrier que l'on croyait détruit. Il existe dans le monde du travail une force autonome que le Guomindang doit tolérer quelque temps et qui arrache ici ou là divers avantages salariaux. Dès 1931, le régime de Jiang Jieshi détruit ce bourgeon d'une possible démocratisation de la vie politique chinoise, et cette seconde illusion s'évanouit. Les gangsters et les syndicalistes marrons encadrent le monde du travail pour le compte du Guomindang. Les syndicats deviennent des rackets, au détriment à la fois du patronat et des ouvriers. L'épisode tragique que présente ce livre servit, dès 1933, de décor à La condition humaine d'André Malraux ; il a surtout été décrit par les historiens et les journalistes comme un des théâtres de l'affrontement global entre Trotski et Staline. Pour la première fois, un historien l'analyse en se plaçant au niveau de ses acteurs les plus humbles : dans les venelles populeuses de Pudong, de Zhabei ou de Yangshupu, dans les entreprises et les usines, où les coolies luttent pour survivre.