Depuis quelques années, les curriculums s'organisent sur la base de compétences, ce qui a pour effet de recomposer les disciplines scolaires existantes. En effet, celles-ci ne sont plus travaillées uniquement pour elles-mêmes, mais elles deviennent de simples contributrices à des projets portés par l'ensemble de la société: c'est par exemple le cas de l'éducation en vue du développement durable, de l'éducation à la citoyenneté ou de l'éducation à la santé. S'inscrivant dans le champ de la didactique des sciences sociales, cet ouvrage présente des pistes pour l'enseignement d'une géographie renouvelée. Il explore en particulier les relations complexes entre l'alimentation et la géographie scolaire, en s'appuyant sur la pensée sociale et les pratiques langagières de futurs enseignants de l'école primaire vaudoise. Cent soixante-quatre étudiants de la HEP Vaud ont participé au volet quantitatif de l'enquête. Huit d'entre eux ont mis en œuvre une séquence d'enseignement dans leur classe de stage. Le matériau récolté et analysé comprend des questionnaires, des entretiens avec les enseignants et les élèves, des productions d'élèves ainsi que les enregistrements de l'intégralité des séances menées en classe. Les trois principaux apports de cet ouvrage sont les suivants:a) Les mots de l'alimentation circulant dans l'espace social occupent une place centrale dans les choix d'enseignement effectués, au détriment des concepts et des méthodes de la géographie universitaire. Même si ces derniers sont parfois présents dans les pratiques observées, ils ne sont généralement pas présentés aux élèves comme des enjeux d'apprentissage;b) Des récits d'action, réels ou fictifs, permettent aux jeunes enseignants de confronter leurs élèves à d'authentiques situations sociales. Dans le même temps, ces récits remplissent une fonction d'argumentation, incitant les élèves à agir selon une lecture du développement durable propre aux jeunes enseignants;c) Des hiatus de communication ont pu être mis en évidence lors des moments de discussion collective (lesquels représentent, en moyenne, 65% du temps total d'enseignement). Ils résultent de la difficulté à distinguer les divers registres de savoirs en présence, et, de manière générale, les langages, les catégories et les systèmes de valeurs qui permettent de construire des mondes.