Convié à des funérailles dans une chefferie bamiléké, l'ethnographe se glisse dans la cour d'une concession. Il y a déjà un public nombreux. Un groupe de danse du nom de Mini Nzang offre un étrange spectacle, qui associe brèves chorégraphies, saynètes et spectacle de rue. Une canne et un porte-drapeau sont plantés devant l'orchestre; l'une est sculptée d'une tête de notable, l'autre d'un lion. Un personnage évolue seul, vêtu d'une houppelande colorée en fibres de raphia et masqué d'un cimier; il tient les spectateurs à distance, brandissant de temps à autre la canne. Un deuxième personnage, d'allure burlesque, portant une cagoule de bourreau, fait alors son entrée. Intrigué, considérant les matériels et les symboles déployés, l'ethnographe se tourne vers son voisin:" S'agit-il de notables?— Du tout, c'est le Pénemfon, un groupe de danse du village. Ça, ce sont les jeunes.— Et ils ont le droit de porter des masques et de posséder de tels objets?— C'est leur tenue. C'est pour leur groupe. "Fait anodin pour ce familier de la cérémonie, surprise pour l'ethnographe. Comment des jeunes exclus de la hiérarchie des titres nobiliaires peuvent-ils arborer de tels attributs en la circonstance? N'y a-t-il pas usurpation?Renouant avec les grandes monographies africanistes, ce livre brosse un tableau inédit de la vie associative au Cameroun, où se mêlent valeurs de modernité et legs du passé, et renouvelle l'approche anthropologique de la condition de cadet au sein de la chefferie bamiléké.• Sur les us et coutumes bamiléké• Une œuvre passionnante pour les lecteurs africanistes, et pour toute personne prenant intérêt à l'évolution de l'Afrique et aux associations de jeunes dans d'autres sociétés• Un éclairage inédit sur l'impact de la colonisation, la construction de l'état camerounais et les visages de la guerre du Maquis en pays bamiléké• Description très vivante des performances publiques de ces troupes capables de prouesses chorégraphiques et musicales