La démocratie représentative est-elle encore réformable? C'est la tâche que se sont assignés des groupes de militantes et de militants au niveau local en France, en Espagne et en Belgique qui tentent de contrôler l'action de leurs élu·es, dans le contexte de la crise de la dette publique, en Europe au début des années 2010. Cet ouvrage analyse les conditions de possibilités de telles entreprises militantes, les rapports de ces citoyennes et citoyens à la démocratie et à la puissance publique derrière leur aspiration à surveiller les acteurs politiques et institutionnels, leurs pratiques, de même que leurs dilemmes et les conséquences de leurs démarches. Il s'agit de retracer l'itinéraire sinueux de ces citoyen·nes-contrôleur·euses qui, en critiquant la démocratie représentative, n'appellent pas à son abolition, mais à sa reconfiguration vers une division du travail politique plus interactive et moins asymétrique entre gouvernant·es et gouverné·es.
Au-delà du contexte de l'épidémie de Covid-19, le scrutin municipal de 2020 était caractérisé par la multiplication des listes dites citoyennes. Pourtant, les partis politiques – tant décriés et devenus presque invisibles – continuent de structurer fortement le jeu politique au niveau local. Ce livre met en lumière le rôle des partis dans les coulisses de l'élection et analyse les recompositions du champ politique au niveau local ainsi que les transformations des organisations partisanes, profondément bouleversées par l'apparition de nouveaux partis politiques en 2017.
Les liens entre le président et son parti à travers le monde
L'influence des partis politiques sur le fonctionnement des systèmes politiques a été largement soulignée. Mais on a moins insisté sur l'influence inverse: celle des systèmes politiques sur les partis. C'est ainsi que dans les systèmes présidentiels ou semi-présidentiels, les partis politiques sont profondément influencés par le rôle central de l'élection du président au suffrage universel direct ou indirect et par un processus de personnalisation du pouvoir. Il est donc important de mettre l'accent plus précisément sur les relations entre le président et son parti avant et après les élections. Pour mesurer l'autonomie laissée au parti présidentiel à partir d'une approche comparative, 42 partis dans 25 pays dotés d'un système présidentiel ou semi-présidentiel ont été choisis, ce qui permet de souligner les différences des caractéristiques de partis entre les systèmes démocratiques et les systèmes autoritaires.
La rémunération des mandats politiques n'est pas qu'une simple opération de reconnaissance financière pour un travail accompli, c'est un enjeu démocratique majeur. En effet, l'indemnisation des élus contribue à agir sur les possibilités de s'engager et de se maintenir en politique, tout en évitant la dépendance des élus à d'autres formes de financement potentiellement illicites. Pour autant, l'argent ainsi obtenu par les élus avait, jusqu'à récemment, rarement fait l'objet d'études approfondies. En prenant comme terrain le cas de la France, cet ouvrage interroge les liens entre les élus et leur argent selon trois dimensions complémentaires. La première étudie les conditions socio-historiques qui ont rendu possible le financement des mandats. La seconde montre que le système actuel produit des inégalités dans les possibilités de vivre de la politique. Enfin, un troisième axe rend compte des principes et pratiques de contrôle des usages de l'argent.
Le vote n'est-il qu'une affaire de chiffres? C'est l'impression que peut donner une chronique de l'élection focalisée sur la courbe des intentions de vote ou sur les pourcentages de composition ou de distribution des voix. Pourtant, si le vote demeure fondamentalement une opération de comptage et de décomptage, il ne suffit pas de compter les voix pour comprendre comment les électrices et les électeurs perçoivent l'offre électorale, interprètent ses enjeux et font finalement leur choix. À partir d'une longue enquête réalisée au plus près des citoyens, à la fois qualitative et quantitative, les contributions de ce livre interrogent le poids des trajectoires sociales et des contextes de leur existence sur les façons de voter. Menée tout au long de la séquence électorale de 2017, l'enquête montre la persistance de l'ancrage social du vote face à un désordre inédit de l'offre électorale. Elle propose de renouveler la sociologie des variables sociales qui façonnent les préférences électorales.
Les résultats des élections présidentielles puis législatives de 2022 ont confirmé l'installation durable du Rassemblement national (RN), ex-Front national, au sein du champ politique français. Le plus souvent cependant, le parti de Marine Le Pen n'est appréhendé dans l'espace médiatique qu'à travers des études sondagières ou le commentaire des discours de ses porte-parole officiels. Ce livre fait à l'inverse le choix de rassembler des travaux fondés sur des enquêtes de terrain approfondies, menées sur la longue durée. La diversité des terrains investis permet d'étudier ce parti politique à ses différentes échelles organisationnelles (de la base militante jusqu'aux cadres) et de saisir la multiplicité des contextes territoriaux de son implantation partisane et électorale. Cet ouvrage redonne ainsi au RN son épaisseur sociale, ancrant son étude dans une sociologie politique générale de l'extrême droite, des partis politiques et des mobilisations électorales.
Si l'intercommunalité a été plus présente dans les débats municipaux que lors des campagnes précédentes, les programmes des candidats restent toujours peu précis sur les prérogatives respectives de la municipalité et de la communauté / métropole. Les propositions de campagne ne se réfèrent que très rarement directement aux leviers d'action des EPCI à fiscalité propre et tendent par conséquent à placer le citoyen à distance de la réalité de l'action publique communautaire. En dévoilant les enjeux et les conséquences pour la commune du renforcement du rôle des institutions intercommunales, les candidats craignent d'affaiblir la croyance en la capacité d'action des maires, et donc de nuire à la mobilisation des citoyens autour du scrutin municipal. Face à la progression de l'abstention, les thèmes de la proximité ("tranquillité", "bien vivre" "sécurité") sont toujours très présents dans les professions de foi et les programmes des prétendants au pouvoir municipal. La démocratie intercommunale reste évanescente.
"Développer le pouvoir d'agir des habitant·es": comment ce leitmotiv des centres sociaux, au cœur de leur projet fédéral depuis 2013, se traduit-il sur le terrain? Une recherche collaborative menée en Région Centre-Val de Loire analyse les modes d'appropriation, par les salarié·es et bénévoles de l'animation sociale, de cette approche visant un processus d'autonomisation des usager·es, et les tensions auxquelles ils et elles sont confrontées. Comment impulser le pouvoir d'agir, alors que ce projet ne vient pas nécessairement d'une demande des habitant·es? S'agit-il d'attendre ou d'inciter, d'accompagner ou de susciter la mobilisation? Comment et pourquoi peut-on (re)mettre du politique dans les actions des centres sociaux? Cet ouvrage analyse les reconfigurations des engagements professionnels et militants, en explorant des lieux d'animation de la vie sociale et politique jusqu'ici peu investis par les chercheur·es.
Au milieu des années 2000, l'UMP connaît deux phénomènes concomitants: N. Sarkozy, pourtant marginal à la création de l'UMP en 2002, est désigné président de ce parti en 2004, avant d'être élu président de la République en 2007; dans le même temps, et tandis que les partis de gouvernement peinent généralement à recruter, l'UMP connaît une augmentation importante du nombre de ses adhérents. Tiré d'un travail de thèse, cet ouvrage propose de revenir sur la dernière grande mobilisation partisane de droite et ses effets sur le local. Il met l'accent sur le rôle essentiel du parti dans la construction d'une légitimité de présidentiable à droite. Il montre comment la direction du parti a développé une rhétorique modernisatrice et des outils managériaux inspirés du monde de l'entreprise pour recruter de nouveaux adhérents. À partir du cas exemplaire de la fédération du Nord, ce travail analyse les effets de cette mobilisation sur le recrutement, l'engagement et les hiérarchies locales.
Que veut dire porter la parole d'autrui? Si les porte-paroles sont omniprésents dans les débats publics, cette figure reste paradoxalement peu étudiée. Elle est pourtant l'instance à travers laquelle les pouvoirs et leurs opposants parlent, informent, ordonnent et se combattent verbalement.Opérant une généalogie du porte-parolat depuis l'Antiquité jusqu'à ses formes contemporaines (dans les institutions officielles, dans les groupes d'intérêts ou les mouvements sociaux), l'ouvrage donne à voir une multitude de situations où s'expriment et parfois s'opposent des porte-paroles, officiels ou non.Les contributions d'historiens, de sociologues et de politistes réunies ici permettent ainsi de saisir l'émergence et les métamorphoses du porte-parolat, pour mieux comprendre son rôle dans le monde d'aujourd'hui. La personnalisation politique, les exigences accrues d'authenticité et de proximité et le développement des médias sociaux marquent-ils la mort ou le triomphe des porte-paroles?
Peut-il y avoir de la politique sans ancrage territorial, sans présence continue dans un espace restreint et sans lien durable entre acteurs politiques, groupes sociaux locaux, et les espaces où s'organisent la vie sociale et les intérêts collectifs? Ce n'est pas parce qu'il y a une tendance à la déterritorialisation, comme l'attestent les cas de Silvio Berlusconi, Donald Trump ou Emmanuel Macron, qu'il y a déracinement de la politique; il y a plutôt tension entre territorialisation de l'action politique et pratiques d'ancrage différenciées. La question de l'ancrage politique témoigne des tendances contradictoires qui affectent les activités politiques dans les démocraties contemporaines, entre affranchissement des contraintes inhérentes à une activité territorialisée et permanence des enracinements. Les formes individuelles d'incarnation et les instruments collectifs de l'ancrage donnent à voir sa fragilisation, mais montrent qu'il demeure une composante essentielle de la politique.
Les digital natives au prisme des inégalités socio-culturelles
La révolution numérique a profondément modifié les manières de s'informer, de se cultiver et de participer au débat public. Les jeunes nés au tournant des années 2000 sont à l'avant-poste de ces mutations. Qualifiés de "digital natives" par le monde du marketing, on les pense spontanément à l'aise avec les outils numériques, et capables d'en tirer le meilleur. Les jeunes seraient ainsi les fers de lance de cette nouvelle société numérique. Cet ouvrage dépeint une situation moins enchantée. À partir d'une enquête multi-méthodes (questionnaire, entretiens et observation en ligne) menée auprès de différents publics (E2C, BTS, IUT, licences d'AES, de science politique, IEP, etc.), elle met au jour les inégalités socio-culturelles nouvelles qui traversent cette génération. En matière d'information, de participation politique ou de culture, les jeunes développent des usages socialement différenciés du numérique, que l'ouvrage propose d'éclairer.