Critique, multiple, érudite, chatoyante, la pensée de Michel Foucault ne cesse d'interroger le monde actuel. Elle déploie des concepts et des analyses en mesure d'éclairer sous un jour nouveau nos manières de vivre, de penser, de créer, d'aimer et de résister.Au creux de cette œuvre monumentale, les " espaces autres ", ou " hétérotopies ", jouent un rôle central. Sans autre constante que de se juxtaposer à l'espace réel, d'en inverser le fonctionnement habituel et de régénérer aussi bien les fictions que les imaginaires, ces espaces singuliers ont tout particulièrement trouvé à s'épanouir dans le champ des pratiques artistiques contemporaines. Mais ils offrent aussi des pistes concrètes pour interroger les réalités et les expérimentations des corps contemporains: les pluralités mouvantes de leurs contours, de leurs rencontres et de leurs genres.Depuis le site des hétérotopies, au carrefour de la fiction et du réel, du collectif et de l'individuel, de l'art et de la philosophie, à la manière de Micromégas, passant de rayon en rayon, notre ouvrage se propose donc d'explorer un peu de l'univers de Foucault pour penser le présent.
Claude Cahun et Marcel Moore forment un duo d'artistes exceptionnelles tant par leur œuvre que par leur courage. Elles résistent au double sens du terme. Dès 1940, elles posent des tracts sur les parebrises des véhicules militaires pour saper le moral des soldats allemands, tandis que leurs mises en scènes, leurs autoportraits, leurs images et leurs textes résistent aux classements, aux catégories, aux cases toutes faites. En politique comme en art, Cahun et Moore luttent contre l'injustice, sapent les fondements de l'autorité, subvertissent l'ordre établi, démultiplient les possibles. Mais leur travail résiste aussi à l'érosion du temps: il continue d'influencer la pratique d'innombrables artistes contemporains. Présenter les différentes facettes du chemin de vie de Claude Cahun et de Marcel Moore, réfléchir quelques-uns des infinis miroitements artistiques et montrer l'impact de leur héritage sur notre temps présent, tels sont les enjeux de cet ouvrage entre art et philosophie.
L'œuvre de Pier Paolo Pasolini offre une véritable artillerie conceptuelle, poétique et visuelle pour critiquer notre conformisme, créer de nouveaux chemins de traverse, disloquer les certitudes. Le poète abjure nos comportements quand ils sont pétris de ce qu'il appelle le " néo-fascisme " ou le pouvoir " sans visage ni nom ". Conscient de notre " obligation à utiliser une liberté concédée " par la société de consommation triomphante, Pasolini nous invite à résister à travers les images, le langage et les corps. Cette nouvelle trinité s'impose comme un véritable prisme blasphématoire où se diffractent des couleurs inédites et changeantes. Son invitation à " exercer l'effort nécessaire pour augmenter encore un peu plus les possibilités du représentable " vaut aujourd'hui plus que jamais. Les contributions ici réunies, entre art et philosophie, font de lui notre contemporaine.
Un siècle après la Première Guerre mondiale, le domaine de la guerre, tel l'univers, est en expansion: nouvelles technologies, prolifération d'images, formes de violence inédites, fronts et frontières sans cesse déplacés. La guerre envahit les territoires. Elle redessine les cartes. Elle étend les luttes. Elle marque les imaginaires aussi bien géographiques qu'humains. L'hypothèse de ce livre est double: cette insistance de la guerre dit quelque chose du réel de notre civilisation; les artistes nous frayent la voie pour le comprendre. Loin des vœux pieux, des bons sentiments ou des idéaux guerriers, la philosophie, la psychanalyse et l'art contemporain sont ici au travail pour traiter du phénomène et pen/(pan)ser les blessures individuelles et sociales. Cet ouvrage est le fruit d'une collaboration exceptionnelle entre artistes, philosophes et psychanalystes.
L'Œil et l'Esprit joue un rôle tout particulier dans la pensée merleau-pontienne. Dernier texte publié du vivant de Maurice Merleau-Ponty, il condense et déploie quelques-unes des pistes principales de sa réflexion à partir de la peinture, du geste de peindre. Malgré l'intérêt et la portée du travail de Maurice Merleau-Ponty et de cet ouvrage en particulier, une lecture trop rapide pourrait laisser l'impression d'une pensée et d'un ensemble de références datées, liées à une époque révolue.Nous voudrions faire le pari du contraire et démontrer son actualité non seulement dans le champ esthétique, mais également dans la recherche artistique contemporaine. D'où la question adressée conjointement à des philosophes et à des artistes: " en quoi la lecture de L'Œil et l'Esprit influence-t-elle votre travail et votre réflexion aujourd'hui? "Cette nouvelle édition de l'ouvrage paru aux Epure de Reims, en 2011, intitulé L'œil et l'esprit: Merleau-Ponty entre art et philosophie, est enrichie de contributions inédites qui continuent d'explorer l'œuvre de Merleau-Ponty pour tenter d'évaluer la position de sa réflexion à mi-chemin entre art et philosophie.
Nous avons voulu inventer un manuel à Pourparlers de Deleuze en réunissant des artistes avec des philosophes. Non pas parce que nous souhaitions bien lire ou bien introduire à la pensée deleuzienne, mais parce que nous avons lu le livre de Deleuze comme une machine de guerre contre les évidences qui cadrent et enserrent aussi bien le réel et le langage censé le dire.Une avancée vers le Dehors comme moteur de résistances.Pourparlers entre art et philosophie ou comment ne pas parler pour ne rien dire mais continuer d'écrire pour ne jamais se taire.Fabrice Bourlez et Lorenzo Vinciguerra