Après la parution en 2023 du Cours de poétique de Paul Valéry, jusque-là resté inédit, Valéry au Collège de France propose la première synthèse et réflexion historique, philosophique et critique sur l'enseignement donné par l'écrivain au Collège de France de 1937 à 1945. Pour la première fois, des spécialistes dressent le bilan de l'édition du Cours et donnent une lecture et interprétation de son enseignement durant les huit années de la chaire de Poétique. Pour la première fois également est proposée une étude d'ensemble de la réception de la pensée de Valéry par des professeurs du Collège de France aujourd'hui disparus et qui furent de grandes figures du XXe siècle – Maurice Merleau-Ponty, Roland Barthes, Yves Bonnefoy et Jacques Bouveresse –, réception qui se poursuit ici à travers les voix de Jean-Pierre Changeux, Antoine Compagnon, Carlo Ossola et Claudine Tiercelin.Cet ouvrage montre à quel point Valéry représente un moment important de l'histoire des idées au XXe siècle, mais aussi de l'histoire intellectuelle du Collège de France.
Martial Gueroult introduit ainsi le cours qu'il donna au Collège de France en 1957-1958 : " La richesse du sujet choisi : Kant, Critique de la raison pure, nous a conduits à le limiter à l'Esthétique transcendantale et à l'Analytique transcendantale et à lui consacrer nos deux conférences hebdomadaires. Notre propos a été double : donner du texte un exposé aussi clair et précis que possible, élucider non tous les problèmes – ils sont innombrables – mais les plus importants d'entre eux, relatifs à la signification et à l'économie structurale du système. "D'emblée, le cours s'adresse à deux lecteurs : l'étudiant y lit une présentation remarquable des concepts et arguments fondamentaux de la Critique ; le chercheur y trouve une discussion technique de quelques points centraux, dans laquelle Gueroult se confronte à des commentaires magistraux, surtout allemands, et parfois oubliés de nos jours. Cet ouvrage est l'édition de la version finale de ce cours, retravaillé pendant plus de trente ans et resté inédit jusqu'à aujourd'hui. Sa valeur tant philosophique que pédagogique en fait un livre incontournable pour éclairer une lecture de la Critique de la raison pure.
Bilbo le Hobbit, les Chroniques de Narnia et Le Seigneur des anneaux ont habitué leurs lecteurs à rencontrer dans le livre une ou plusieurs cartes des territoires qu'ils décrivent. En allait-il de même pour les lecteurs des fictions de la première modernité, entre les XVIe et XVIIIe siècles ? L'introduction de cartes n'allait pas de soi. Leur impression augmentait le coût des ouvrages, et la capacité des mots à produire des images mentales les rendait inutiles. Néanmoins, les cartes apparurent dans les œuvres d'imagination.Initiée avec les cartes des itinérances de don Quichotte et menant jusqu'aux éditions vénitiennes d'œuvres de L'Arioste et de Pétrarque, cette enquête s'est principalement attachée à deux généalogies. La première, anglaise, donne à voir les périples d'un voyageur imaginaire présenté comme bien réel : elle conduit des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift à L'Utopie de Thomas More. La seconde, française et allégorique, a pour origine la Carte de Tendre, insérée dans la Clélie de Mademoiselle de Scudéry, et inclut les cartes galantes ou polémiques qui l'ont imitée. Selon les époques et les lieux, les cartes des fictions ont assumé divers rôles. Elles ont représenté des mondes à l'envers, satiriques, critiques ou utopiques ; elles ont brouillé la distinction entre le monde du livre et celui du lecteur ; elles ont nourri la raison et les rêves, au-delà même de la lettre du texte.Cheminant d'œuvre en œuvre, Roger Chartier offre dans cet essai une nouvelle approche de la mobilité des fictions et de leurs interprétations.