Cet ouvrage retrace le combat pour l'accès des femmes au droit de vote en Grande-Bretagne et aux États-Unis aux XIXe et XXe siècles. Il offre un panorama chrono-thématique de l'histoire d'un mouvement complexe où " la plume et la voix " furent des instruments privilégiés de la lutte. Les textes choisis exposent la pugnacité des suffragistes et suffragettes, la force de leurs convictions et leur créativité: discours, témoignages, articles, pétitions, pamphlets et chansons offrent une incursion dans la pensée suffragiste et en révèlent la diversité. Textes et illustrations mettent en perspective les stratégies rhétoriques et politiques des femmes. (Re)découvrir les écrits de ces activistes, comprendre le contexte dans lequel ils s'inscrivent et appréhender leurs enjeux idéologiques éclaire l'histoire politique, sociale et culturelle des femmes.
En quoi l'histoire des sœurs Grimké peut-elle intéresser le lecteur français contemporain, non spécialiste de l'histoire américaine du xixe siècle? Retiendra-t-il d'elles des figures de l'antiesclavagisme radical ou des personnalités féministes avant-gardistes? Une cartographie de l'histoire des deux soeurs, des lieux d'élection et des lieux de reniement illustre leur itinéraire, du Sud le plus traditionaliste à la Nouvelle-Angleterre, terroir du radicalisme réformiste, ainsi que la gestation de leur révolte personnelle, la formation de leurs prises de position et leur émancipation tant sociale que religieuse et intellectuelle.Plus que leur participation militante au débat public contre l'esclavage, leurs écrits, jamais encore traduits en français, éclairent ce parcours qui, tout en s'appuyant sur la cause de l'antiesclavagisme, développe un argumentaire féministe exemplaire dont le progressisme reste inégalé encore aujourd'hui.
La question du genre étant plus que jamais d'actualité, il n'est pas inutile de connaître les grandes figures qui marquèrent la naissance du féminisme. Destiné à un public français non spécialisé, l'ouvrage Mary Wollstonecraft: aux origines du féminisme politique et social en Angleterre offre une synthèse de la pensée de celle que l'on considère à juste titre comme la " mère du féminisme anglo-saxon " et propose des extraits traduits de ses œuvres. D'une modernité stupéfiante, les analyses de Wollstonecraft montrent qu'elle fut visionnaire par ses idées autant que par sa méthode, qui consiste à déconstruire les représentations de la féminité qui prévalaient alors afin de dénaturaliser les constructions idéologiques. Prélude indispensable à toute réforme sociale, ce travail de déconstruction est libération des esprits, " déploiement de l'imagination " qui, seul, conduit à la liberté.
À une époque où le statut légal des femmes indiquait leur position inférieure dans la société, John Stuart Mill, l'un des plus grands penseurs britanniques de son temps, s'éleva de manière répétée contre cette injustice. L'auteur du célèbre L'asservissement des femmes fit de l'égalité des sexes l'un des principaux enjeux de sa philosophie politique, au nom de la liberté individuelle et de l'égalité qu'il défendit toute sa vie. Avec le concours de Harriet Taylor, dont la participation à l'œuvre millienne est examinée ici, il devint l'un des pionniers du féminisme et contribua à son essor, se servant de sa réputation pour attirer l'attention sur la condition des femmes. D'articles inédits à des extraits des œuvres les plus connues, de sa correspondance à son autobiographie, les textes présentés font apparaître toute la cohérence et la modernité de l'auteur, et intéresseront tout autant les lecteurs de Mill que ceux qui s'intéressent au féminisme ou à l'histoire des femmes.
Cet ouvrage est une introduction à la vie et à l'œuvre de l'Anglaise Josephine Butler (1828-1906), qui précipita une révolution du regard porté sur la prostitution à l'époque victorienne.Cette féministe largement méconnue fut le fondatrice en 1869 de la Ladies National Association, dont le but était d'obtenir l'abrogation des " lois sur les maladies contagieuses ", dispositif qui faisait porter l'entière responsabilité de la propagation de la syphilis dans les armées de l'Empire britannique sur les prostituées. Lorsque les lois furent finalement abrogées en 1886, c'est tout le rapport au corps de la femme qui avait été redéfini.Cet ouvrage met à la disposition du lecteur des traductions des textes majeurs de cette grande féministe, dont la pensée se déploie à la croisée de la sociologie, de l'économie, de la médecine et de la théologie. Ces textes ne furent jamais réunis en un ouvrage majeur, car ce sont pour beaucoup des transcriptions de conférences données lors de tournées de mobilisation de l'opinion publique dans les villes anglaises. Les traductions proposées ici sont précédées d'un copieux essai critique, où les liens de Josephine Butler avec la littérature populaire sont également analysés : le mélodrame lui offrit l'occasion de redéfinir les responsabilités de chacun ; sa passion pour les enquêtes et le journalisme d'investigation jeta les fondements d'une forme nouvelle, le detective novel.
Textes traduits et présentés par Angeline Durand-Vallot
" La femme doit avoir sa liberté, la liberté fondamentale de choisir si elle sera ou non mère et combien d'enfants elle aura. " Margaret Sanger, Woman and the New Race.Cet ouvrage retrace le parcours de Margaret Sanger, pionnière de la lutte en faveur du contrôle des naissances aux États-Unis au début du XXe siècle. Féministe d'avant-garde, radicale, provocatrice, Margaret Sanger reste une figure incontournable et controversée de l'histoire de la lutte pour la liberté de contraception. Les textes ici présentés mettent en perspective ses combats pour l'accès aux moyens contraceptifs et à l'éducation sexuelle envisagée comme une arme contre la pauvreté et l'oppression des femmes à une époque où la propagande anticonceptionnelle était encore prohibée aux États-Unis. Ses écrits permettent par ailleurs de comprendre les principaux fondements idéologiques des transformations intervenues près d'un demi-siècle plus tard avec les revendications portées par les féministes américaines de la deuxième vague. Sortir de l'obscurité posthume cette femme visionnaire, telle est l'ambition de cet ouvrage qui, en mettant en exergue l'histoire passée, nous éclaire sur les enjeux actuels de la question des droits reproductifs.
De la garde des enfants à la procédure de divorce, en passant par le contrôle des revenus ou l'avortement, l'acquisition de nouveaux droits pour les femmes s'est réalisée, en Grande-Bretagne, au terme d'une marche longue et difficile. Cet ouvrage présente, traduit et analyse quatorze textes juridiques fondamentaux régissant la condition féminine en Grande-Bretagne de 1830 à 1975.Ces textes de loi, qui n'avaient encore jamais été rassemblés et traduits en français, portent sur la vie sociale et économique des femmes, mais également sur leur participation à la vie politique. L'appareil éditorial complet ainsi que les notes qui les accompagnent permettent de replacer les lois dans le contexte historique dans lequel elles ont pu, au prix de nombreux combats, voir le jour.La présentation des textes dans leur version intégrale fait de cet ouvrage un recueil de sources primaires essentiel qui intéressera autant les juristes et les historiens que tous ceux qui éprouvent de l'intérêt pour l'étude du genre et les droits des femmes.
Cet ouvrage met en scène une double naissance : celle du féminisme américain avec le moment inaugural de la Convention de Seneca Falls en 1848, et l'émergence d'Elizabeth Cady Stanton comme force vive et tête pensante des tout premiers combats pour l'affirmation et la conquête des droits de la femme aux États-Unis.À travers des textes jamais traduits en français, on perçoit l'éveil d'une conscience, du cadre privé de l'enfance jusqu'à l'intervention publique auprès du Congrès de New York en 1854. Mère de famille épanouie, Elizabeth Cady Stanton savait déjà que " ce qui est personnel est politique ". Bien née, elle n'en fut pas moins sensible aux injustices subies par les femmes. L'audace de ses propositions lui vaudra toutefois la méfiance des suffragettes à la fin du XIXe siècle, et c'est le nom de Susan B. Anthony qui sera associé à l'amendement de 1920 accordant le droit de vote aux femmes. C'était pourtant Elizabeth Cady Stanton qui, courageusement, en avait imposé l'inscription dans la Déclaration de sentiments de 1848, rappel ironique des principes fondateurs de la nation américaine.Les textes ici présentés participent d'un devoir de mémoire grâce auquel on découvre que ni le discours d'Elizabeth Cady Stanton en ses premières indignations, ni le message de Seneca Falls n'ont perdu de leur actualité.
En 1694, Mary Astell connaît la célébrité pour un court essai A Serious Proposal to the Ladies for the Advancement of their True and Great Interest. Ce petit texte offre une défense vive et argumentée de l'éducation des jeunes-filles et propose notamment la création d'un collège entièrement féminin, institution laïque consacrée à la fois à l'éducation et à la retraite. Le débat passionné que cet essai suscite parmi ses contemporains, mais aussi sa fortune critique prestigieuse, en font le texte " féministe " le plus important du XVIIe siècle, à l'aube des Lumières. Si A Serious Proposal n'est pas le seul texte à tenter de promouvoir l'éducation des filles à cette époque, il est celui qui offre la synthèse la plus convaincante des enjeux de la question féminine et les propositions les plus audacieuses, parce qu'il appuie sa défense des femmes sur des fondements philosophiques cartésiens, tout en égratignant au passage John Locke. Pour mieux en saisir la portée, cette anthologie propose une sélection d'extraits de textes " préféministes " antérieurs qui permettent de retracer la généalogie de la pensée d'Astell en la replaçant dans le contexte de ce XVIIe siècle qui est le sien. L'inclusion de quelques textes postérieurs à la publication de A Serious Proposal permettra notamment d'éclairer la postérité critique d'un essai si paradoxal et de mettre en évidence l'intérêt majeur que Mary Astell présente pour l'histoire intellectuelle du féminisme.Femme indépendante et théoricienne remarquable, Astell eut une influence considérable sur son temps. Par sa confiance dans la raison, sa croyance au progrès et aux vertus souveraines de l'éducation, elle appartient déjà au Siècle des Lumières, et cela en dépit de ses convictions politiques qui l'opposent, sur bien des points, aux causes qui allaient mobiliser les philosophes du XVIIIe siècle.