La plupart des travaux linguistiques récents sur la causalité confrontent son expression linguistique avec les conceptions scientifiques et/ou philosophiques les plus connues. Le choix fait ici est de s'en tenir strictement à la base linguistique, préphilosophique et préscientifique par conséquent, de la notion de cause.Les données linguistiques convoquées pour l'enquête se limitent au lexique et à la syntaxe, et le fil conducteur est fourni par l'idée que seuls les faits constituent des causes, d'où la nécessité de commencer par un examen approfondi du concept de fait impliqué dans l'usage linguistique. Cet examen à son tour conduit à mettre en relation ce concept avec ceux, proches au point qu'on les confond souvent, et néanmoins fondamentalement distincts, d'événement et d'état de choses. La même idée permet en outre de reformuler une autre distinction conceptuelle importante: celle entre cause et agent. Cette dernière est, pour finir, mise à l'épreuve dans une réflexion sur les relations causales dans un domaine où elles sont particulièrement complexes: celui des états psychologiques
Angelina Aleksandrova propose une caractérisation linguistique fine des noms qui dénotent l'être humain dans les différentes phases de la vie (bébé, enfant, etc.) et questionne, chemin faisant, la façon dont le langage conceptualise les facettes constituant notre identité (âge, sexe, profession…).Morphologiquement simples et d'un sémantisme transparent, les noms d'âge (NA) ne posent pas, a priori, de difficultés pour l'analyse linguistique. Cependant, les outils et les modèles existants en sémantique lexicale se heurtent à un paradoxe : les NA expriment des propriétés vues en langue comme étant à la fois immuables et intrinsèquement transitoires pour un être humain. Pour rendre compte de ce fonctionnement hybride, ce volume privilégie les analyses sur données empiriques et articule deux notions apparemment inconciliables : la notion de prédicat sortal, empruntée aux philosophes et la notion de phase, qu'on associe d'emblée au domaine verbal.
Ce manuel est la présentation claire et didactique d'une méthode d'analyse des mécanismes qui sont à la base du fonctionnement du français. Il est original en ce qu'il propose une description intégrée du lexique, de la sémantique et de la syntaxe, prise en charge par la notion d'emploi. Un emploi est défini par un prédicat (du premier ou du second ordre) et l'ensemble des propriétés qui le caractérisent (schéma d'arguments, actualisation, transformations). Comme les mots n'ont de sens que dans leur environnement, l'unité minimale d'analyse adoptée ici est la phrase et non le mot. Analyser une langue, c'est décrire tous les emplois qui la constituent. Les descriptions ainsi obtenues peuvent être consignées dans un dictionnaire électronique, dont la structuration repose sur des paramètres précis et constants, ce qui permet une reconnaissance automatique des phrases d'un texte. Ce livre présente d'autres particularités : l'analyse des phrases complexes avec les mêmes outils que pour la phrase simple, la description des arguments à l'aide de classes d'objets, la conjugaison des prédicats nominaux au moyen de verbes supports, une description originale des subordonnées circonstancielles, l'importance accordée au figement, le souci de complétude des descriptions. Cet ouvrage est destiné aux étudiants de langue et de linguistique ainsi qu'aux spécialistes du traitement automatique.
L'enquête linguistique menée dans l'ouvrage montre que les deux manières de concevoir les événements qui divisent profondément les philosophes contemporains, sont en réalité présentes et pour ainsi dire disponibles dans la pensée inscrite dans les structures d'une langue comme le français. Selon la première conception, qui est aussi la plus répandue, ils sont comme des entités individuelles ordinaires : de deux événements impliquant les mêmes entités, celui-ci est toujours irréductiblement différent de celui-là, ne serait-ce que parce qu'ils n'occupent pas la même portion d'espace-temps. Selon l'autre, ces prétendus individus sont en réalité des instances d'un seul et même événement, qui n'est ni cette instance-ci, ni celle-là. Mais la langue ne choisit pas, et offre la possibilité de passer d'un point de vue à l'autre, en passant simplement d'une structure syntaxique à une autre. Centrée autour des noms d'événements, la démarche commence par situer la notion correspondante dans un réseau où elle voisine avec celles de fait et d'action, entre autres. Elle se termine par une tentative de répondre, toujours par des moyens linguistiques, à la question de savoir si la pensée du temps inscrite dans la langue implique que ce soit le temps qui fonde les événements ou l'inverse. La question, parallèle à celle du rapport entre choses et espace, débouche sur celle de l'expression linguistique de l'existence. L'ouvrage tente donc de remplir sur le sujet des événements la partie linguistique du programme de la philosophie du langage ordinaire, partie que peu de ces philosophes (à l'exception de Vendler) ont pu remplir, faute d'être eux-mêmes linguistes.
Cet ouvrage regroupe quinze articles de typologie linguistique, domaine scientifique qui suscite aujourd'hui en France un intérêt croissant. A travers une grande diversité de langues, les auteurs analysent des faits linguistiques susceptibles de contribuer à la quête d'universaux ou invariants interlangues.
Cet ouvrage a un double objectif : faire le point sur les propositions et hypothèses nouvelles qui remettent en cause les conceptions classiques du sens et de la polysémie et défendre l'idée d'une sémantique référentielle ancrée dans l'expérience humaine sous toutes ses formes interactives : perceptuelle, sociale, culturelle, etc.
Centré sur un thème (l'anaphore) déjà familier aux linguistes et grammairiens, ce livre d'initiation à la syntaxe générative chomskyenne est spécialement conçu pour le public francophone. La théorie syntaxique y est présentée non pas comme un produit fini (un modèle), mais comme le fruit d'un travail empirique dégageant ses hypothèses descriptives d'un corpus de données en continuelle expansion.
La tradition avait rangé dans un tiroir à part les infinitifs et adjectifs " substantivés ", avec les interjections et les mentions, et bien d'autres objets encore, au titre de la variation catégorielle manifestée : dans le bleu du ciel. " Bleu " est-il un adjectif, est-il un nom ? On remet ces données sur le métier avec l'objectif de rendre à la syntaxe et à la morphologie dérivationnelle ce qui leur appartient. Les résultats sont l'identification du procédé morphologique de conversion, la mise en cause de l'endocentricité des groupes syntaxiques, et le fait de constituer en problème d'histoire et d'épistémologie la notion de " dérivation impropre ".
Voici le premier travail d'ensemble qui aborde cette question essentielle pour la logique, la linguistique et la traductologie. Les différentes communications permettent d'appréhender les relations complexes qui unissent, dans le nom abstrait, sémantique, syntaxe et morphologie. Elles soulignent en outre l'ancrage historique des théories de l'abstraction, et, plus généralement, l'importance de ce mouvement de la pensée, qui s'abstrait du particulier pour accéder au général.
Cet ouvrage rassemble cinq études dans le domaine de la sémantique temporelle du français. En partant du cadre phrastique, le champs d'investigation s'élargit au niveau textuel pour aboutir au domaine de l'interprétation littéraire. L'article d'Anne-Marie Berthonneau montre que la différence entre depuis et il y a, n'est pas entièrement une question de référence temporelle (phrastique), mais également de cohésion discursive. Carl Vetters étudie les relations temporelles dans la phrase complexe et dans le texte en partant de la distinction classique entre temps absolus et temps relatifs. Georges Kleiber critique la façon dont on met en rapport dans des travaux récents les pronoms et les temps verbaux. L'article d'Arie Molendijk étudie la contribution de la présupposition et de l'implication temporelles à la structuration textuelle. Anna Jaubert propose une analyse guillaumienne du temps dans les textes littéraires.Ce volume témoigne de la fécondité des approches textuelles du temps liguistiques, tout en faisant le point sur un certain nombre de difficultés qu'elle soulève.