Marie Souvestre
1835-1905, Pédagogue pionnière et féministe
En 1863, à Avon-Fontainebleau, deux amantes inventent, bien avant Camille Sée, avant le collège Sévigné, une école de jeunes filles pas comme les autres, primaire et secondaire à la fois, non religieuse et acceptant uniquement des élèves étrangères. Les éduquer en français, en milieu français, mais selon des principes libéraux anglo-saxons, tel fut le but, appuyé par le ministre réformiste de l'époque, Victor Duruy. L'école s'appelait Les Ruches, ses élèves les Abeilles, les amantes co-directrices Caroline Dussaut et Marie Souvestre. De Caroline Dussaut on sait peu. De Marie Souvestre, dont on retrace ici le parcours, bien plus. Esprit incisif, féministe modérée, pédagogue performante, fille de l'écrivain breton Émile Souvestre, elle fut l'amie de Jules Michelet, d'Édouard Rod, d'Alexandre Ribot et, bien qu'incroyante, du grand protestant que fut le pasteur Charles Wagner. Aux Ruches, elle éduqua Anna Roosevelt, devenue Anna Cowles, future conseillère intime du président Theodore Roosevelt, et resta son amie. Sur une autre élève, Dorothy Bussy, traductrice et amie de Gide, auteure d' Olivia (1949), roman qui raconte Les Ruches, elle laissa une empreinte indélébile. Déracinée après une brouille avec sa compagne, elle implanta son école à Londres, dans la villa d'Allenswood, y devenant la " mentoresse ", à vie, cette fois, de la jeune Eleanor Roosevelt, future First Lady. Comme auparavant à Paris, dans la capitale anglaise elle s'entoura d'hommes et de femmes de la haute intelligentsia libérale. Marie Souvestre... ou comment une Parisienne lesbienne, brestoise de naissance, forma la femme du président Franklin Delano Roosevelt, bi-sexuelle, modèle de l'emancipated woman et discrète conseillère, dans son âge avancé, de John F. Kennedy.
18.00€