Depuis les années 1970, la " découverte " du travail domestique comme travail a bouleversé les analyses de nos sociétés contemporaines. Dans ce sens, l'analyse féministe du travail domestique a constitué une véritable rupture d'intelligibilité pour au moins trois sous-champs de la sociologie: la sociologie de la famille, la sociologie du travail, et la sociologie politique, rupture que cet ouvrage se propose d'étudier. Dans un contexte dans lequel les questions féministes reviennent sur le devant de la scène politique et médiatique, ce livre propose à la fois un bilan des mobilisations féministes et des travaux sur le travail domestique et de leur apport à l'analyse de la famille, de l'espace professionnel et de l'espace politique.Ont contribué à cet ouvrage: Margot Be´al, Natalie Benelli, Pierre Brasseur, Pauline Delage, Xavier Dunezat et Sophie Re´tif, Annie Dussuet, Benjamin Neumann, Alexandra Oeser et Maud Simonet, Louise Toupin, Dominique Vidal, Dorothee Wierling.
Quelle est la relation de la morale à l'Histoire chez Sartre? Trop souvent on considère cette question comme d'emblée réglée: on déclare l'échec de la morale " impossible et nécessaire ", celle que Sartre n'a jamais réussi à écrire et à publier. Pourtant, la veine morale traverse toute son œuvre. Fruit d'un travail collectif, cet ouvrage analyse les textes dédiés à la question morale dans la réflexion sartrienne des années 1960, y compris certains inédits, en montrant comment elle s'articule à l'histoire et à la politique. Au fil de ce parcours qui fait dialoguer Sartre avec Kant, Marx, Durkheim, Scheler, Lévi-Strauss et bien d'autres, se dessine une conception originale de la morale. Loin de n'être qu'un point de vue de survol sur le monde ou une conviction sur la vie bonne, elle est un mode d'intervention sociale. Les textes ici regroupés mettent au jour les enjeux politiques de l'apprentissage collectif de l'éthique.
Tantôt associés aux festivités et aux célébrations, tantôt relevant du pathologique, l'alcool et ses usages apparaissent comme une évidence, un acte social faussement banal qui mérite pourtant d'être interrogé et analysé. Cet ouvrage collectif a justement vocation à mettre en lumière la singularité du regard des sciences sociales, mais aussi sa diversité, pour questionner cet objet aux facettes multiples et complexes mais relativement peu questionné dans ce cadre.Les neuf chapitres permettent tour à tour d'objectiver les politiques publiques à différentes échelles, mais aussi les trajectoires scientifiques de et autour de l'alcool; de tordre des représentations, d'en suivre le fil historique, ou bien encore de rendre compte de pratiques de consommations. Subdivisé en trois axes, ce travail collectif investigue la manière dont l'alcool est traité – et partiellement façonné – par la science et le politique, questionne les usages de l'alcool et leurs significations, en particulier celles des populations largement médiatisées, et enfin offre comme perspective de décloisonner l'objet de ces espaces traditionnels en vue d'ouvrir de nouveaux espaces de recherche.
Du travail interdisciplinaire à la transformation du travail
Le travail constitue une question majeure dans de nombreuses disciplines telles que l'ergonomie, la psychologie, la philosophie ou la sociologie. La complexité de l'expérience et des relations de travail invite à un croisement des perspectives. Pourtant, le travail demeure peu pensé et étudié en tant qu'objet interdisciplinaire.En interrogeant le regard des disciplines sur le travail, cet ouvrage invite à surmonter les obstacles généralement associés aux démarches interdisciplinaires. Il analyse les effets d'une interdisciplinarité en acte sur la construction des objets de recherche, les activités des chercheurs et la production de connaissance sur les mondes du travail. Enfin, il montre que l'interdisciplinarité s'avère essentielle notamment pour comprendre le travail en contexte pluri-professionnel ou pour proposer des pistes de transformation du travail ou de son organisation.
La marchandisation tendancielle de portions grandissantes de la vie humaine et des ressources communes doit-elle être interprétée comme un pillage nuisible et destructeur ou comme un processus collectivement profitable ? Force est de constater qu'elle conduit aujourd'hui à l'extension du domaine des biens privés, au détriment de celui des biens publics et des biens communs. Face à celle-ci s'élabore une série de revendications multiples autour du commun et des communs en vue de contester l'accaparement capitaliste et de promouvoir une gouvernance démocratique de ceux-ci.Que sont les biens communs ? Comment peuvent-ils être légitimement pensés, gérés ? En quoi nous permettent-ils de repenser et de réinstituer le rapport des humains à la propriété, à leur(s) milieu(x), à leur environnement ? Cet ouvrage collectif s'attache à développer ces questions sur les plans d'abord des théories puis des terrains.
Le champ des sciences sociales semble toujours menacé par sa fragmentation en "spécialités" disciplinaires irréductibles, souvent incapables de se détacher de la façon dont elles ont construit leur objet prorpre et leurs méthodes. L'un des souhaits les plus constants de Pierre Bourdieu a été de surmonter ces divisions, d'une part en rappelant l'historicité de leur constitution, et d'autre part en appelant de ses vœux une science sociale plus unifiée. C'est en restitutant l'histoire des disciplines savantes, mais aussi en leur empruntant nombre de leurs concepts et analyses, que Bourdieu a tenté de les faire travailler ensemble à la connaissance du monde social.Cet effort ne s'est jamais confondu avec une illusoire communion des savants de bonne volonté, la sociologie ne s'accordant ainsi nullement avec les conceptions dominantes de la philosophie, de l'économie ou de la psychologie. Chaque discipline, en son sein, est également travaillé par la spécialisation. Bourdieu a voulu surmonter les divisions internes à la sociologie en travaillant à son unité. Loin d'être un donné, l'unité des sciences sociales est un enjeu, et donc un combat permanent.Cet ouvrage, qui résulte en partie de deux années de séminaire consacrées à Pierre Bourdieu au sein du laboratoire Sophiapol et d'une journée d'étude, propose un parcours dans la relation qu'entretenait Bourdieu avec différentes disciplines comme avec certaines sous-disciplines de la sociologie.
Comment l'anthropologie peut-elle faire bouger les choses? L'œuvre de Colette Pétonnet (1929-2012) est tout entière une réponse à cette question. L'enjeu de cet ouvrage est d'en rendre compte,en réinterrogeant la singularité de sa démarche et en donnant à voir son actualité dans la recherche contemporaine. Ancrée dans la tradition ethnologique française, mais élaborée sur le terrain alors atypique des banlieues françaises, son œuvre fut en son temps pionnière et resta longtemps solitaire, même si elle fonda avec Jacques Gutwirth, le Laboratoire d'anthropologie urbaine du CNRS en 1983.Sans s'inscrire dans une perspective militante, ni même engagée, Colette Pétonnet, qui s'était intensément acclimatée à la réalité des villes marocaines, a proposé une autre vision de l'urbain etde l'humain, un décentrement du regard qui poursuivit sa révolution critique autour du monde, plaidant pour un déplacement efficace des conceptions et des sensibilités. Son approche est exemplaire d'une ethnologie du proche, faisant voir lucidement ce que la ville occulte, ignore ou préfère rejeter; une anthropologie qui entend secouer et changer les perceptions.On peut en saisir l'héritage dans cet ouvrage, dont nombre de contributions témoignent de la façon dont, à son exemple, les chercheur.e.s, ont su s'approprier les leçons d'une vraie prise de risque, appliquée à des territoires proches ou lointains.En confrontant le contexte passé des premiers travaux sur l'habitat précaire et ces regards neufs sur la diversité de l'urbain dans le monde d'aujourd'hui, des spécialistes de différentes disciplines proposent un hommage inédit à l'œuvre de Colette Pétonnet
Cet ouvrage tend un miroir à facettes multiples, devant lequel chacun peut s'interroger sur son propre rapport au corps, saisi par des injonctions souvent contradictoires: individualisation croissante d'un côté, tendance à l'uniformisation de l'autre. Parallèlement, la régulation globale se trouve de plus en plus structurée en problématiques " santé ", inféodées pour partie au pouvoir médical, pouvoir soumis aux mêmes injonctions, édifiées en vérités plurielles, que l'ensemble de la société contemporaine. L'articulation entre sociologie et anthropologie engage une dynamique réflexive qui permet de mettre en lumière à la fois les souffrances et les marges de manœuvre des acteurs.Quel est le point commun entre la sexualité et… le contact des cadavres? Entre des pathologies somatiques lourdes, comme le cancer ou le sida, et… la situation carcérale? Assurément le corps. Qui plus est, le corps mis en péril.
Le capitalisme, horizon indépassable de notre temps?Pas forcément. En tout cas, de jeunes philosophes élaborent déjà de nouveaux outils théoriques pour comprendre ce qu'est le capitalisme, non seulement comme forme économique, mais aussi comme forme sociale et comme forme de vie. Avec un tel travail, des avenirs alternatifs redeviennent peut-être pensables.