Il s'agit de la biographie d'Élie Larvent (1882-1954) dont l'espérance dans un au-delà pour le moins original lui a permis de se détacher d'une vie difficile. Ouvrier, sa vie s'est caractérisée avant tout par un engagement religieux total dans une ville en plein essor du Nord de la France: Denain. D'abord protestant baptiste, Élie Larvent rejoint un mouvement millénariste: les Étudiants de la Bible de C. T. Russell, puis ouvre en 1926 une filiale du Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque de P. S. L. Johnson, regroupant des chrétiens sionistes. Devenu prédicateur itinérant, il évangélise inlassablement sa région et la Belgique voisine. À côté de cette intense activité religieuse, il s'autorise à la fin de sa vie une incartade littéraire à travers la rédaction en rouchi de nouvelles profanes souvent cocasses, révélant au passage une image moins austère du protestant. Avec Élie Larvent, ouvrier, prédicateur et écrivain, l'essentialisation de l'ouvrier vole en éclat.
En prenant pour objet la diversité des figures du maître spirituel de l'Antiquité à nos jours, ce volume propose une lecture parallèle de ses avatars dans des contextes religieux, idéologique, philosophique et pédagogique très différents. Du gourou à l'intellectuel charismatique, du directeur de conscience au psychanalyste, le maître incarne une foi, un savoir, une sagesse. Comment les transmet-il, et surtout de quelle manière le disciple les reçoit-il? Le maître, personnage médian de la vie spirituelle, doit-il se réclamer d'un idéal dont il serait le représentant, ou peut-il s'autoproclamer? Comment ses lecteurs peuvent-ils attribuer à un écrivain une stature magistrale? Quelle est la part de la personnalité du maître, mais aussi du langage et des circonstances historiques, dans la transmission? Comment, enfin, distinguer la vérité de l'imposture, le porteur d'une tradition authentique des substituts paradoxaux de la modernité? Pour répondre à ces questions, des spécialistes venus de tous horizons se mettent ici en quête d'une figure multiple dont ils suivent les métamorphoses dans des contextes dissemblables, mais fondamentalement similaires.
La laïcité est-elle une spécificité irréductible du " modèle politique français " (Pierre Rosanvallon)? Ne peut-on pas confronter le modèle français à d'autres modèles nationaux, et notamment aux formes de relation entre État et Églises adoptés par certains pays de culture latine (Amérique latine, péninsule ibérique) où les conflits ont été historiquement nombreux? De même, il peut être évoqué l'Afrique de l'Ouest francophone, qui est marquée par le paradoxe d'une stricte laïcité publique et d'une forte religiosité populaire.À partir de ces trois situations culturellement, géographiquement et politiquement différentes, la notion de la laïcité telle qu'elle est pratiquée en France sera interrogée dans une perspective comparatiste. Est-elle un principe transnational et " exportable "? Quels compromis entre celle-ci et les réalités locales ont été élaborés? Cette tension entre idéal universaliste et la nécessité de composer avec des systèmes éducatifs différents – et changeants – sera au cœur de ce volume.
" L'islam comme humanisme, telle est la formule éclairante et prospective à mieux penser ", affirmait Mohammed Arkoun. Plus récemment, Malek Chebel reprenait ce programme de travail, nous indiquant une sorte de feuille de route: " Puisque la liberté de conscience est d'abord une liberté, il faudrait que l'islam ne soit pas simplement le lieu où s'expriment les doléances, bien ou mal comprises, mais également l'endroit où se conçoit un nouvel humanisme ". Le présent volume entend répondre à cette double invitation à poser la question des liens entre islam et humanisme, dans une perspective nourrie par des approches disciplinaires croisées.
La vie spirituelle passe par le langage. Comment celui-ci peut-il la traduire? Quelle est la part de l'invention, de la rhétorique, du style, mais aussi de la tradition, dans l'évocation de l'ineffable? Qu'elles prennent pour objet le bouddhisme, le Moyen Âge ou la littérature moderne, les études rassemblées ici montrent comment l'expérience intérieure demande, quand elle cherche à se dire, un travail du texte qui fait du croyant ou de l'inspiré un créateur. Le mystère de la transcendance s'écrit au risque des mots, ou par le pouvoir des mots.
Les Américains ont la particularité de se vouloir et d'être véritablement différents, voire uniques; c'est ce qu'on appelle " l'exceptionnalisme américain ". Cette spécificité, qui n'est pas nouvelle – vu ses origines puritaines – mais qui semble s'être accentuée au cours des dernières décennies, trouve sa confirmation dans de nombreux domaines, et tout particulièrement la religion et la politique, à la confluence desquelles s'est formée l'idée d'une Amérique providentielle et prédestinée. Ce volume entend explorer l'exceptionnalisme des États-Unis dans ses dimensions politiques et religieuses, en présentant la singularité structurante de cette posture pour les Américains.
Sur des vitraux d'églises réalisés après 1918, des anges couronnent des soldats, des aumôniers soutiennent des combattants. À leur manière, ces figures évoquent les représentations de nature religieuse des peuples engagés dans la Grande Guerre, qui se caractérisent par leur extrême diversité, de la foi encadrée par une Église jusqu'aux superstitions, en passant par des formes de religion populaire. La notion de foi peut même être appliquée, dans une perspective sécularisée, à la patrie et à la victoire, porteuses de formes de religiosité. Quelle place la religion occupe-t-elle alors chez les acteurs du conflit? C'est la question à laquelle cet ouvrage collectif cherche à répondre: y a-t-il une " religion de guerre ", qui irait jusqu'à une " guerre de religions ", ou bien seulement des religions en guerre qui s'adaptent au conflit? Cette question entend dépasser l'approche institutionnelle, traditionnelle, centrée sur les positions des Églises face à la guerre. Elle englobe en revanche le sacré, qui exprime une sorte d'élévation symbolique, permettant de dépasser les épreuves du conflit, de légitimer celui-ci et de donner sens aux sacrifices, d'où des formules comme " l'union sacrée " ou " la voie sacrée ".