La nature observée par les sciences participatives est avant tout une nature ordinaire, celle des hirondelles et des moineaux, celle des patelles et des euphorbes réveil matin, et c'est certainement par les sciences participatives que l'on peut suivre, par exemple, la décroissance de la population des hirondelles des fenêtres.Alors que la confiance de l'opinion dans les sciences s'érode, les sciences participatives pour la biodiversité bénéficient au contraire d'une popularité accrue, notamment en France. Ces pratiques d'observation et de signalement d'éléments naturels à des référents scientifiques sont réalisées, en se conformant à un protocole plus ou moins strict, par des personnes qui n'en font pas une activité professionnelle (environ 53 000 en France en 2017).Quelles sont les vertus de ces pratiques citoyennes qui font collaborer sciences et société? Qui sont les contributeurs? Comment l'évolution des nouvelles technologies de l'information modifie-t-elle la façon d'être amateur de nature? En quoi le loisir peut-il servir la connaissance, en associant robustesse des données et engouement du promeneur?La sociologie s'interroge sur la réussite des sciences participatives malgré les dissymétries persistantes dans les modes de recrutement de leurs contributeurs. L'auteur présente ici une série de thèses personnelles concernant les acteurs, les dispositifs et les techniques en œuvre, afin d'orienter le lecteur dans le foisonnement des initiatives actuelles.
La transition écologique et solidaire des territoires
De nombreuses initiatives citoyennes de monnaies locales et complémentaires ont vu le jour à travers le monde en réaction à la crise des subprimes de 2007-2008 et à l'impuissance des gouvernements à prévenir la débâcle financière et économique qui a suivi. Ces initiatives veulent répondre à une incompréhension généralisée du fonctionnement du système monétaire et financier. Une quarantaine de monnaies locales sont aujourd'hui en circulation en France, autant sont en projet. Des milliers de citoyens ont choisi d'utiliser d'autres monnaies que la seule monnaie centrale pour effectuer leurs transactions et leurs échanges.Ce livre présente un panorama à la fois conceptuel et historique de ces expériences monétaires pionnières dans un monde en perpétuel mouvement. Après avoir exploré les réussites mais aussi les limites des modèles actuels de monnaies locales, il examine les différents leviers qui peuvent permettre la montée en puissance de ces initiatives décentralisées afin qu'elles deviennent des vecteurs de la transition écologique et sociale des territoires.
Écologie, biodiversité, écosystème, autant de notions entrées dans l'usage courant. Pourtant, en dépit d'une attention médiatique et politique croissante, l'érosion de la biodiversité se poursuit. Les approches économiques classiques, reposant notamment sur la monétarisation de la nature, peinent à répondre au défi de la biodiversité. L'auteur ouvre la réflexion en s'appuyant sur une nouvelle discipline scientifique: l'économie écologique. Elle propose de comprendre et de questionner les paradigmes proposés par cette approche pour repenser le problème de la biodiversité.
Au cours des années 1990, on a assisté à l'apparition de nouveaux instruments dans le domaine de l'action publique en matière de pollution (indice de la qualité de l'air, plans régionaux…) et à l'émergence de controverses sur les effets sanitaires des polluants atmosphériques. Ces débats ont sorti la pollution atmosphérique urbaine de l'espace étroit dans lequel l'expertise industrielle l'avait maintenue.Après le recours des outils mis en place par la Loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (1996), se développe une approche élargissant le problème de la pollution aux espaces intérieurs et aux changements climatiques. Et cette nouvelle représentation s'opère dans le cadre d'un univers où l'action publique apparaît de plus en plus fragmentée.Pour réduire les polluants atmosphériques, on s'oriente vers une régulation des comportements individuels. Mais des solutions globales ont du mal à s'imposer et les différents modes de transport ne connaissent pas de réorganisations significatives.
Alexandre Magnan propose ici de réviser deux idées reçues : les communautés les plus pauvres seraient les plus vulnérables au changement climatique eu égard à leurs faibles capacités d'adaptation, et une telle adaptation serait exclusivement une question de projection sur le temps long. Ces schémas de pensée sont trop généralistes pour retranscrire la complexité et la diversité des réalités nationales et locales de par le monde. Ils ne permettent pas d'élaborer des stratégies d'adaptation réalistes reposant sur l'ensemble des caractéristiques propres à chaque territoire. Il est urgent de les dépasser, car les conséquences du changement climatique sont désormais pour partie irréversibles. Toutes les sociétés, dans les pays en développement comme dans les pays développés, sont menacées, toutes devront s'adapter.
L'intégration des inondations dans les politiques locales d'urbanisme fait l'objet de nombreux blocages, analysés par Mathilde Gralepois à travers l'étude des rapports de force entre les services administratifs de l'État et ceux des collectivités locales. La possibilité d'urbaniser dans les zones inondables illustre la prépondérance des outils techniques sur le portage politique et la réflexion démocratique. Pourtant, plus les débats sur les inondations sont restreints aux décisions techniques, plus la sectorisation entre les politiques publiques se renforce au détriment d'une prévention efficace. L'essor des politiques de développement durable permettra-t-il de réconcilier aménagement des territoires et prévention des risques ?
Les nanosciences renouvellent notre représentation de la matière.Nanoparticules d'origine biologique ou minérale, nanomatériaux hautement perfectionnés - une myriade d'entre eux fait partie de notre vie courante.Que sait-on réellement réaliser aujourd'hui, pour quels usages et avec quels risques pour la santé et l'environnement ? Du laboratoire de recherche à la vie quotidienne en passant par l'industrie, les défis de fabrication des nanomatériaux et les bénéfices espérés doivent être rigoureusement évalués: leur développement durable, maîtrisé et sécurisé, ne sera possible qu'à ce prix.
La gestion participative des ressources naturelles a été imposée aux pays en développement par les bailleurs de fonds internationaux dans les années 1990. Cette nouvelle modalité de gestion des ressources se construit en théorie avec l'appui des populations locales pour leur propre bénéfice. Dans la réalité, elle tend plutôt à s'imposer à elles. Elle les détourne de l'accès à des ressources sanctuarisées. Elle favorise globalement la captation de rente par l'État et certaines ONG de conservation.Les projets de gestion participative des ressources naturelles se révèlent alors souvent inadaptés pour les populations. Ils renforcent les inégalités sociales au niveau local et ne parviennent pas à réduire de manière substantielle la dégradation des ressources naturelles. Un tel constat plaide donc pour une reconfiguration de cette gestion sur la base d'une véritable démocratie participative et pour le développement de processus longs permettant un véritable apprentissage collectif.
Marées noires et algues vertes, disparition de zones naturelles remarquables et extinction d'espèces protégées : le dommage écologique constitue le symptôme le plus visible des conséquences de nos modes de vie et de nos excès sur l'environnement. Scientifiquement constaté, socialement ressenti, il reste encore difficilement réparable sur le plan juridique. Olivier Fuchs propose ici une définition juridique opérationnelle de la notion de dommage écologique en plaidant pour une adaptation raisonnée du droit de la responsabilité, afin de permettre la mise en œuvre effective d'une responsabilité pour dommage écologique.
Quelle gouvernance internationale mettre en place pour la gestion des forêts ? Comment transposer le développement durable dans le champ forestier ?Pascal Tozzi ouvre la réflexion en prenant en compte les incertitudes, les jeux de pouvoir et les processus souvent conflictuels qui entourent les grandes problématiques de la préservation et de la conservation des forêts. Loin des discours moralisants et simplificateurs, des stratégies de captation et des modulations idéologiques dont le développement durable fait l'objet, l'auteur replace, par le biais du terrain forestier, l'action environnementale internationale dans toute sa complexité.