Entrez dans les coulisses de l'Opéra d'Avignon ! Raymond Duffaut partage au cours de deux entretiens plus de 70 ans d'histoire(s) d'opéras, à Avignon et aux Chorégies d'Orange, depuis son enfance après-guerre jusqu'à aujourd'hui. Ancien directeur de l'Opéra, il évoque les heurs et malheurs d'une maison d'opéra, prise entre les feux des politiques territoriales, les enjeux économiques et esthétiques, les goûts des publics. Il revient sur ses choix artistiques, sa gestion et ses collaborations, l'évolution des modes de production, tout en partageant ses souvenirs de scène. Il rend ainsi hommage aux multiples artistes, chanteurs, danseurs et techniciens qui font vivre ce patrimoine au jour le jour. Cet ouvrage rend compte de la mémoire incomparable d'un des acteurs incontournables de la scène lyrique française aux XXe et XXIe siècles.
En 2022, Maria Casarès aurait eu cent ans. Au-delà des commémorations, cet ouvrage montre une mémoire et une actualité vivantes, portées par une institution unique. Les responsables de La Maison Maria Casarès, Johanna Silberstein et Matthieu Roy, en retracent l'originalité, entre lieu de mémoire, espace de création et moments de partage.
La marche vers le numérique, accélérée par la crise sanitaire, soulève des questions importantes sur la nature et l'avenir du théâtre. Six experts aux parcours variés témoignent de leurs expériences et débattent des risques, opportunités et paradoxes que représente cette nouvelle ère du numérique dans les arts de la scène.
Comme chaque année, les Éditions Universitaires d'Avignon publient une sélection des Leçons du précédant Festival. Cet été sont publiées celles de Julien Gosselin, Thomas Jolly et Madeleine Louarn. Parmi les autres Leçons: Alain Badiou, Edward Bond, Emma Dante, Gérard Gelas, Jacques Lassalle, Angélica Liddell, Marie-José Malis, Wajdi Mouawad, Tiago Rodrigues, Christian Schiaretti, Max Von Sydow...Dans cette seconde Leçon de Madeleine Louarn publiée par les EUA, le propos se centre sur les corps, avec un regard appuyé sur le handicap. À l'opposé de toute idée d'arthérapie, l'acteur souffrant de handicap ouvre des perspectives uniques. Les années de présidence du SYNDEAC, le travail sur Kafka renforcent une démarche valorisant le collectif.
@page { margin: 2cm }p { margin-bottom: 0.21cm; so-language: zxx }Julien Gosselin, jeune metteur en scène de 32 ans, est invité régulièrement au Festival d'Avignon: Les Particules élémentaires en 2013, 2666 en 2016 puis Joueurs | Mao II | Les Noms en 2018.En publiant une deuxième Leçon de l'université, après Fracas et poétique du théâtre en 2017, les Éditions Universitaires d'Avignon permettent , chose rare, de suivre l'évolution d'un artiste qui continue à construire son positionnement esthétique.De nouveaux thèmes apparaissent, de nouvelles influences, d'autres s'approfondissent. Grâce à ce livre il devient possible d'approcher les motivations et les doutes d'un créateur qui connaît déjà le succès et qui, en même temps, réserve de nombreuses surprises.
Véritable star du Festival d'Avignon 2018, avec Thyeste, jouée dans la Cour d'honneur du Palais des papes, Thomas Jolly présente dans cet entretien avec Laure Adler son parcours et son regard sur le travail d'"entremetteur en scène" et d'acteur. Il y est question d'ateliers théâtre, d'illusions, de show et de tragédie, mais aussi d'indulgence.
" Pour moi cette communauté de corps, cette agrégation de corps nus est un début possible de quelque chose, ou bien la fin. "Comédienne, dramaturge et metteuse en scène, Emma Dante trace un panorama de la scène italienne en le situant dans un plus vaste contexte européen. En parcourant l'histoire du théâtre des cinquante dernières années, elle observe l'évolution ininterrompue des expressions artistiques. C'est justement dans ce sillage que s'inscrit Bêtes de scène, à l'intérieur d'une recherche de formes esthétiques tant nouvelles qu'anciennes. Anciennes comme le théâtre, ou, plutôt, comme le genre humain.
" Pour moi il y a forcément la notion d'histoire, de raconter une histoire. "Passionné de contes et de " petites anecdotes " depuis l'enfance, Thomas Quillardet considère la notion d'histoire comme la pierre angulaire de sa création théâtrale.Révélation du Festival d'Avignon 2017, ce jeune metteur en scène affirme avoir pleinement satisfait son inspiration artistique grâce au spectacle Tristesse et joie dans la vie des girafes.Écrite en portugais par Tiago Rodrigues et traduite en français par Quillardet lui-même, cette pièce a le mérite de concilier deux types de travail apparemment aussi différents que la traduction et la mise en scène. La rencontre entre ces deux activités ouvre un univers imaginaire destiné à un public de tout âge et créé à partir de deux éléments : l'acteur et son récit.
@page { margin: 2cm }p { margin-bottom: 0.21cm; so-language: zxx }Dramaturge, metteur en scène et directeur du Théâtre National de Lisbonne, Tiago Rodrigues signe en 2017 une création dont " collectif " est le mot-clef, Sopro, le " souffle ". Issue de longues interactions avec la troupe, la pièce nous amène au cœur du théâtre : la parole offerte au public le soir du spectacle.Au fil des récits d'une souffleuse du Théâtre National de Lisbonne, on découvre que, loin d'être éphémère, la création théâtrale traverse chaque époque et toute frontière.Les mythes, les classiques, la tradition nous précèdent et nous dépassent, certes, mais grâce au " contrat imaginaire " entre artistes et spectateurs la parole est libre de resurgir, ici et maintenant, sur les planches d'un plateau. Dans le devenir sans fin de l'histoire, une chose est sûre: sopro, le souffle des êtres humains, va rester à jamais…
entretien réalisé par Laure Adler = entrevista realizada por Laure Adler
" Je ne cherche pas à être originale ou d'avant-garde. Non, pas du tout. Je cherche à être profondément influencée et la plus antique possible. "Dans cet entretien se déroulant le jour de la dernière de ¿Qué haré yo con esta espada?, Angélica Liddell revient longuement sur l'importance de l'écriture à ses yeux et son exigence de rigueur esthétique. Elle aborde ses principales influences, son rapport au monde et à sa violence. Loin de toute provocation, elle évoque notre être primitif, la relative capacité à l'étonnement de nos sociétés et son souhait d'amour.
" Dans le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, on a besoin d'avoir des littératures immenses, d'être face à des choses qui sont gigantesques, pas par la taille ou la durée, mais par la pensée, l'élégance, la puissance de l'écriture. La situation est tellement critique qu'il ne suffit pas de choses " grandes " ou " bonnes ", il faut des choses gigantesques. " Faut-il lire au théâtre? Julien Gosselin montre à quel point il peut être intéressant, voire essentiel, d'aller au-delà du théâtre parlé. Le théâtre, c'est aussi une lecture, des vidéos, de la poésie, de la musique. Un mélange des genres mis en pièces autour de grandes œuvres.
" Je ne cherche donc absolument pas à enlever les rugosités que le handicap produit, les difficultés de parler, de maîtriser certaines choses. À travers ces difficultés se pose une question qui est humaine, profondément existentielle, celle de nos propres limites. […] C'est extrêmement palpable chez eux sur le plateau, et c'est sans doute ce qui les rend profondément théâtraux. " Madeleine Louarn entend confronter ses comédiens à la puissance de la langue et du corps. Le théâtre devient alors un combat pour dépasser ses propres limites, pour aller au-delà du handicap, pour vivre, tout simplement, par la langue d'un autre.