Les squats, ces bâtiments vides occupés sans droit ni titre, ont souvent mauvaise presse. Illégaux, insalubres, ils causeraient des troubles dans l'ordre public et constitueraient de ce fait un " problème social " à éradiquer. Inversement, ils sont aussi présentés comme des lieux d'émancipation, des espaces de solidarité et de liberté face à une société supposée corrompue et aliénante. C'est à une vision plus nuancée qu'invite la lecture de cet opuscule, fondé sur une longue enquête ethnographique. Le squat fonctionne finalement comme un " miroir social " : il reflète à la fois les vulnérabilités et les résistances à l'œuvre dans la société contemporaine.
Le maintien, voire l'augmentation du travail au noir dans les économies développées sont révélateurs des dysfonctionnements durables du marché du travail et des politiques fiscales et sociales. Sans chercher à unifier le phénomène, Florence Weber distingue les différentes règles qu'il transgresse. Elle s'attache ensuite à deux enquêtes ethnographiques significatives, dans la Bourgogne industrielle des années 1980 et dans la région parisienne des années 2000. Entre la tolérance bien informée et la réforme des politiques fiscales et sociales, la solution n'est-elle pas à chercher du côté d'une économie mondiale qui construirait des droits sociaux au lieu de s'adonner à une course au profit sans règles ?
Les jeunes étrangers arrivés en France sans leurs parents ou sans représentant légal connu des autorités, n'ont pas tous le même sort. Selon les motifs du départ de leur pays d'origine, selon la protection dont ils peuvent bénéficier ici au titre de l'enfance en danger, leur situation diffère. Ainsi, certains accueillis par l'Aide sociale à l'enfance poursuivent une scolarité, apprennent un métier... – tandis que d'autres ne sont pas protégés comme ils le devraient en tant que mineurs " isolés ". Ils restent alors à la rue. Qui sont-ils ? Pourquoi viennent-ils en France ? Comment les accueille-t-on ? Quelles sont leurs perspectives d'avenir sur le territoire ? Comment les sortir de la rue ? Autant de réponses qui restent à construire, en les fondant sur l'intérêt supérieur de l'enfant.
À partir de sa propre expérience de terrain, Claudia Girola montre dans cet opuscule que des conditions d'incertitude matérielle et symbolique constituent, certes, un événement traumatique, mais n'impliquent pas la rupture avec les repères fondateurs de l'existence. Au contraire, cette expérience extrême de vie peut conduire à un travail identitaire d'affirmation de soi, rendu possible par la maîtrise d'une temporalité et d'une spatialité toujours actives.
Trois éléments sont essentiels pour la reconstruction psychologique des personnes ayant subi un ou plusieurs traumatismes : le lien, la loi symbolique et le sens, Un être en souffrance peut créer du sens dans son existence lorsqu'il a la possibilité de s'appuyer sur d'autres êtres qui sont en lien avec lui. Certains, notamment parmi les travailleurs sociaux, sont de véritables " tuteurs de résilience " qui jouent un rôle central dans l'émergence de la résilience d'autres êtres humains. Une métaphore qui rend bien compte de deux aspects importants de leur rôle : ils constituent un repère solide pour autrui tout en le laissant se développer à sa manière.
Quelle place pour les migrants précaires aujourd'hui ?
En France comme dans d'autres pays d'Europe occidentale, les bidonvilles du XXIe siècle semblent indissociables de la " communauté rom ", perçue à la fois comme culturellement exotique et socialement marginale. Mais qui sont en réalité les habitants de ces baraques construites dans les interstices urbains ? A-t-on affaire à des " nomades insaisissables " ou à des migrants économiques comme tant d'autres ? Quels sont leur quotidien et les difficultés auxquelles ils sont confrontés ?Répondre à ces questions invite dans le même temps à interroger les causes de ce phénomène. Et celles-ci n'ont que peu à voir avec une quelconque appartenance ethnique mais renvoient à des réalités sociales, politiques et économiques qui concernent l'ensemble des habitants de la Ville contemporaine et, au-delà, toute l'Europe d'aujourd'hui.
Le travail n'est plus ce qu'il était, les classes sociales non plus. Au schéma d'avant-hier, tout entier centré autour de l'affrontement entre la bourgeoisie et le prolétariat, a succédé dans les années 1970 une représentation moins conflictuelle de la structure de classe opposant une vaste classe moyenne, englobant l'immense majorité de la population, à une minorité grandissante d'exclus. Simplificatrice, cette représentation est erronée : elle ne rend pas compte de la réalité d'aujourd'hui où la structure de classe s'est transformée, compliquée et fragmentée en fonction des profondes métamorphoses intervenues dans l'univers du travail. Alors qu'une nouvelle classe est apparue dans notre société – celle des travailleurs pauvres.
Comment pouvons-nous accepter qu'aujourd'hui des hommes et des femmes, de plus en plus nombreux, soient contraints de vivre dans la rue, dans des hébergements inadaptés ou des logements indignes ? Le nombre de places dans les centres d'hébergement d'urgence ne cesse d'augmenter, mais les " 115 " n'arrivent pas à faire face aux demandes, car l'accès au logement est de plus en plus difficile. Au terme de 6 mois de mission parlementaire, Étienne Pinte, député des Yvelines, fait des propositions concrètes pour prévenir la mise à la rue, améliorer l'accueil et l'accompagnement dans les dispositifs d'hébergement, prendre mieux en compte les publics les plus fragiles et faciliter une sortie durable vers des logements adaptés.
La construction de l'État-providence s'est accompagnée de la proclamation d'une citoyenneté sociale, qui se met en place au milieu du XXe siècle. Elle correspond à la reconnaissance de droits sociaux de portée universelle, garants de " l'égale dignité " de tous selon la déclaration des droits de l'homme votée à l'ONU en 1948. Ces droits sociaux ne suffisent cependant pas pour garantir la dignité aux populations reléguées dans les citées sociales excentrées ou les inner cities. La ville sépare autant et plus qu'elle ne rassemble. Aussi faut-il prolonger le projet de satisfaction des besoins vitaux par celui de l'accroissement de l'égalité des chances entre les individus. Le xxie siècle sera-t-il celui de la citoyenneté urbaine ?
Quand les logiques de guerre économique font éclater en profondeur le tissu social, on se trouve rapidement confronté à une guerre du sens, une guerre de religion, une guerre de civilisation, voire à une guerre tout court. Et il est d'autant plus important de repérer aujourd'hui la nature des enchaînements guerriers qu'ils se sont déjà produits dans l'histoire. Cet opuscule présente des stratégies alternatives aux logiques de guerre en reconsidérant les liens entre les logiques de guerre économique, de guerre sociale. Car ces logiques actuellement à l'œuvre ne sont pas, contrairement à ce que prétendent certains, celles de l'économie de marché régulé, de la concurrence, voire de la compétition : ce sont vraiment des logiques guerrières.
Combien l'Europe compte-t-elle de sans-abri ? Estimé à 3 millions de personnes, ce nombre correspond en fait à une définition restrictive car toutes les personnes homeless – c'est-à-dire non seulement privées de logement mais aussi dépourvues de chez soi, hébergées dans des centres ou très mal logées – doivent être prises en considération. Face à une législation sur les sans-abri très variable d'un pays à l'autre, la FEANTSA plaide pour une politique globale alliant urgence d'intervention, prévention et insertion.
Quand le quotidien n'est plus assuré, que signifient les mots stratégie, survie et famille ? Laurence Fontaine examine les stratégies de survie que les familles et les individus tentent de mettre en œuvre dans des environnements changeants, en insistant sur le rôle que joue la diversité des économies politiques et des cultures.