Jusqu'à la fin de la Renaissance les éditions de l'Énéide de Virgile étaient accompagnées du commentaire de Servius, dont est publié ici le deuxième livre, traduit pour la première fois en français. Expliquer la richesse des formules poétiques, comme le fait Servius, c'est faire œuvre d'éducateur, mais c'est aussi un geste herméneutique révélant la richesse polysémique des mythes et des fictions. Les anciens qui apprenaient à lire dans Virgile trouvaient dans les mythes une initiation à toutes les sciences, et leur pratique de l'interprétation était assez ouverte pour laisser libre cours à l'imagination. C'est le poète à l'œuvre que révèle la lecture de Servius, dans sa manière de donner sens aux choses par les mots. Les gloses antiques et médiévales transmises depuis le IVe siècle sous le nom de Servius font partie du patrimoine culturel européen, pour avoir exercé tant de lecteurs à relier culture lettrée, connaissance de la nature et sciences de l'homme, mythe et poésie, rhétorique et société.
Écrit au XIIe siècle, le Commentaire sur les six premiers livres de l'Énéide interprète les errances maritimes d'Énée et sa descente aux enfers comme le périple d'une âme en quête d'elle-même et de Dieu. Les mythes antiques y sont repensés à la lumière d'un syncrétisme philosophique hérité de l'antiquité tardive, et décryptés à travers des jeux étymologiques repris de Fulgence. Un voile se lève peu à peu sur une révélation, un voile nommé integumentum.Un manuscrit tardif attribue ce commentaire à Bernard Silvestre, un professeur tourangeau proche des maîtres de l'école de Chartres. Nains assis sur les épaules des géants de l'Antiquité, ces clercs médiévaux se conçoivent comme des esprits novateurs, mais aussi comme des passeurs. Le Commentaire sur l'Énéide a été connu de Boccace, il a sans doute inspiré Dante. Il est donc un maillon essentiel de la chaîne de transmission et d'interprétation des mythes gréco-latins. Il est ici traduit et commenté pour la première fois en français.
Formes, usages et visées des pratiques mythographiques de l'Antiquité à la Renaissance
Les mythes grecs et latins ont été transmis par les poètes et par les mythographes. Mais, quoique leur rôle ait été décisif, ces derniers ont été peu étudiés. Une des raisons en est que leur activité n'a jamais été constituée en genre, leurs pratiques étant aussi diverses que complexes. Ce volume, issu des travaux du groupe de recherches international Polymnia, cherche à répondre à la question : Que recouvre le terme 'mythographie' ? en étudiant un choix de textes représentatifs de la tradition mythographique en Grèce, à Rome, dans l'Europe du moyen âge et de la Renaissance. Pour mieux appréhender la diversité des méthodes et des propositions des mythographes anciens et modernes sur les significations et la fabrication des mythes, ces études sont centrées sur les formes, usages et visées de leurs écrits. Loin d'être de simples médiateurs et compilateurs, les mythographes ont été des analystes, des interprètes et des recréateurs de mythes, qui nous invitent à réfléchir à notre tour sur les constants efforts d'exégèse qui ont construit la culture occidentale.Travaux du réseau international de recherche Polymnia. La tradition mythographique de l'Antiquité au 17e siècle
Les lettrés du Moyen Âge ont trouvé dans le commentaire de Servius à Virgile une ample matière mythographique et une méthode de lecture active, pouvant nourrir l'interprétation des poètes antiques et l'invention de nouvelles fictions. Jusqu'à la fin de la Renaissance les éditions de l'Énéide n'étaient pas séparées de ces gloses, dont nous publions ici le premier livre, traduit intégralement pour la première fois en français.Plutôt que d'isoler ce qui relèverait plus spécifiquement de la mythographie, nous avons voulu permettre au lecteur d'aujourd'hui, peu familiarisé avec les anciens grammairiens, d'en apprécier la foisonnante multiplicité d'approches. Expliquer la complexité des formules poétiques, comme le fait Servius, n'est pas seulement faire œuvre d'éducateur, c'est un geste herméneutique qui révèle la richesse polysémique des mythes et des fictions. Les anciens qui apprenaient à lire dans Virgile trouvaient dans les mythes une initiation à toutes les sciences, et leur pratique de l'interprétation était assez ouverte pour laisser libre cours à l'imagination. C'est le poète à l'œuvre que révèle la lecture de Servius, dans sa manière de donner sens aux choses par les mots. L'ensemble des gloses antiques et médiévales transmises depuis le IVe siècle sous le nom de Servius fait partie du patrimoine culturel européen, pour avoir exercé des générations de lecteurs à relier culture lettrée, connaissance de la nature et sciences de l'homme.
Fulgence le Mythographe, un chrétien très averti des fables païennes, vivait dans l'Afrique vandale aux 5e-6e siècles. C'est le principal écrivain latin qui ait pratiqué l'exégèse des mythes antiques. Il a exercé à ce titre une influence largement méconnue sur la culture du Moyen Âge et des débuts de la Renaissance. Après son commentaire à l'Énéide, traduit et présenté sous le titre Virgile dévoilé, nous publions ici son œuvre maîtresse, les Mythologies, où il interprète cinquante fables choisies de la mythologie. Le livre doit se lire à deux niveaux. D'abord, chaque fable reçoit une exégèse, majoritairement allégorique et qui s'appuie sur une étymologie phonique. En même temps l'ordre du recueil est essentiel. Les Mythologies commencent par les idoles, et s'achèvent avec la lumière de la vérité, tout en enseignant à fuir les dangers de l'amour. Elles offrent ainsi un parcours organisé et sélectif à travers les fables, par lequel l'homme est appelé à évoluer de la fausseté et du mensonge vers la vérité, en évitant la séduction des plaisirs. Traduite pour la première fois en français, cette œuvre est le troisième volume de la collection " Mythographes " qui offre, en édition bilingue, les principaux textes mythographiques grecs et latins de l'Antiquité, du Moyen Âge et de la Renaissance. Étienne Wolff, Professeur de langue et littérature latines à l'Université de Paris Ouest Nanterre, a publié des ouvrages sur la littérature latine et le latin, ainsi que de nombreuses éditions et traductions de textes de l'Antiquité tardive, du Moyen Âge et de la Renaissance.
Origine des noms de fleuves, de montagnes et de ce qui s'y trouve
Il y a près de 2000 ans, un lettré anonyme de l'époque impériale a écrit en grec un petit texte inclassable, qui mêle fiction mythologique, paradoxographie, étiologie et géographie, et qui depuis la Renaissance a été transmis dans le corpus des anciens mythographes sous le nom de Plutarque. En vingt-cinq notices, il dessine une cartographie fabuleuse du monde antique en articulant les noms des fleuves et des montagnes à des traditions mythiques connues et inconnues, et donne aussi accès à un autre monde, celui des pierres magiques et des plantes aux propriétés étonnantes.Cette œuvre rare est un objet de collection. Parvenue jusqu'à nous avec ses bizarreries et ses fêlures, elle porte la trace d'un travail de construction du sens à la fois très personnel et très représentatif des savoirs lettrés de l'époque gréco-romaine. L'interprétation que nous en proposons laisse entrevoir des mécanismes, un type de réflexion et d'écriture caractéristiques de la pratique mythographique des anciens, fondée sur des étymologies inventives et des rapprochements audacieux.Traduite pour la première fois en français depuis 1620, cette œuvre est le deuxième volume de la collection " Mythographes " qui offre, en édition bilingue, les principaux textes mythographiques grecs et latins de l'Antiquité, du Moyen Âge et de la Renaissance.
Fulgence le Mythographe, auteur latin du 5e ou 6e siècle, était célèbre durant tout le Moyen-âge pour ses interprétations allégoriques des mythes antiques. Son commentaire de l'Énéide, traduit ici pour la première fois en français, a marqué durablement l'histoire de la culture européenne, et Dante en a tiré la figure romanesque de son Virgile, surgi du passé pour le guider à travers les ténèbres infernales. Virgile en personne vient ici expliquer la " substance " des figures et des noms poétiques, dans un dialogue avec son lecteur qui bouscule les habitudes. La lecture du poème ainsi dévoilé s'en trouve singulièrement renouvelée, car les allégories de Fulgence, soutenues par une pratique inventive de l'étymologie, sont faites pour surprendre.Pour donner au lecteur d'aujourd'hui les moyens d'entendre la méthode allégorique qui donnait sens à la parole " voilée " des anciens poètes, nous avons choisi de faire suivre l'Interprétation de Virgile de quelques textes médiévaux complémentaires, également inédits en français, et d'une postface synthétique situant ces textes dans la continuité des traditions philosophiques et littéraires qui depuis l'Antiquité n'ont cessé de défendre la profondeur et la liberté de l'imagination poétique.Ce volume est le premier d'une nouvelle collection bilingue qui propose, avec leur traduction annotée, les principaux textes mythographiques grecs et latins de l'Antiquité, du Moyen-âge et de la Renaissance.