Le Syndicalisme ouvrier en Bretagne
Jusqu'à la Première Guerre mondiale (2 vol.)
Publié pour la première fois en 1990 aux Éditions Espace-Écrits de Saint-Hippolyte-du-Fort, Le syndicalisme ouvrier en Bretagne jusqu'à la Première Guerre mondiale est devenu un ouvrage incontournable pour l'histoire sociale de la Bretagne. Le syndicalisme ouvrier breton s'affirme dès le début des années 1880, malgré un contexte sociologique défavorable dû à l'influence dominante des intérêts agrariens et à la toute puissance d'une Église catholique hostile à tout syndicalisme " de classe ". Des syndicats sont constitués, toujours plus nombreux, adhérant aux bourses du travail créées à partir de 1892 et aux fédérations nationales. À la veille de 1914, la structuration est achevée avec la constitution des unions départementales dans les cinq départements bretons. Parallèlement, de nombreuses grèves ont été conduites dans la Basse-Loire, de Nantes à Saint-Nazaire, dans la chaussure fougeraise, à Brest, Lorient, Rennes, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Vannes, Morlaix, Quimper, Hennebont, dans le bâtiment et les carrières d'ardoise ou de granit, dans l'industrie de la conserve éparpillée le long de la côte atlantique. Certaines sont restées emblématiques: grève généralisée à Nantes (1893), grève de Trignac (1894), grèves des soudeurs-boîtiers (1896, 1901, 1909), des marins-pêcheurs (1897), grèves révolutionnaires du Finistère et du Morbihan (1905-1906), grèves des forges d'Hennebont (1903, 1906), grève des ouvriers chaussonniers fougerais (hiver 1906-1907, 1914), grève des dockers nantais (1907), grèves nombreuses des dockers nazairiens et des métallurgistes de la Basse-Loire. Des militants venus de Bretagne (Joseph Tortelier, Fernand Pelloutier, Aristide Briand) ont largement contribué à l'élaboration de l'idéologie dominante du syndicalisme d'avant 1914, mais les idées du syndicalisme révolutionnaire ne sont partagées et propagées que par une minorité des organisations bretonnes. Elles dominent seulement à Brest, Lorient et Indret. Ailleurs, antimilitarisme et antipatriotisme sont mis en sourdine. Le réformisme qui l'emporte est en grande partie dû à la liaison de fait entre le syndicalisme et le socialisme; ce dernier, à l'origine de la création de nombreuses organisations syndicales, privilégiant l'action politique, parlementaire, plutôt que la Révolution dans la lutte pour l'obtention des avancées sociales. Ce courant est renforcé et enrichi par l'apparition au début du XXe siècle du journal rennais La Tribune Ouvrière, dont les rédacteurs sont, pour la plupart, issus du Sillon et adhèrent à la CGT. Par ailleurs, des syndicats se sont constitués en dehors de la CGT; refusant à la fois la domination socialiste et l'anticléricalisme de la centrale syndicale, ils préfigurent la forte influence que le syndicalisme d'origine chrétienne exercera dans l'avenir en Bretagne.
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