Pouvoir et culture urbaine au temps de Philippe de Vigneulles
Philippe de Vigneulles (1471-1528) est un personnage hors norme: villageois devenu marchand, il est écrivain, historien, mais également le premier mémorialiste français. Son témoignage permet de comprendre la culture urbaine de son temps, entre Moyen Âge et modernité, dans une ville libre, celle qu'on appelait alors Metz la riche.Plus grande cité francophone du Saint-Empire, Metz est alors le foyer d'une culture urbaine florissante et originale, dont subsistent notamment une quinzaine de chroniques. En réunissant un groupe international de spécialistes de différentes disciplines autour de l'œuvre de Philippe de Vigneulles, ce livre ambitionne de faire le point sur l'histoire municipale en proposant des études littéraires, linguistiques et historiques qui se font écho pour renouveler l'étude de cette historiographie urbaine exceptionnelle.
Ce travail est issu d'une collaboration entre des chercheurs de plusieurs disciplines de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et des archéo-anthropologues de l'unité mixte de recherche Anthropologie bioculturelle, Droit, Éthique, Santé (Adés – Aix Marseille Université, Centre national de la recherche scientifique, Établissement français du sang), avec le soutien du Pôle archéologique universitaire du laboratoire Histoire et cultures de l'Antiquité et du Moyen Âge (Hiscant-MA – Université de Lorraine). Il intéressera les passionnés d'histoire locale ainsi que les chercheurs en archéologie, en histoire militaire, en anthropologie et en médecine.Ouvrage dirigé par Myriam Dohr-Combe, avec la contribution de Cécile Pillard, Jérémy Maestracci, Rémy Jude, Blandine Lecomte-Schmitt, Stefan Tzortzis, Rachel Prouteau, Hélène Duval et Philippe Martin.
Les populations vulnérables constituent un sujet d'étude mais aussi un objet de politiques publiques. Le Code de l'action sociale et des familles (art. L.116-1) nous renseigne à cet égard, indiquant que l'action sociale et médicosociale " repose sur une évaluation continue des besoins et des attentes des membres de tous les groupes sociaux, en particulier des personnes handicapées et des personnes âgées, des personnes et des familles vulnérables, en situation de précarité ou de pauvreté ". Les acteurs des politiques sociales sont ainsi censés appuyer leur action sur des savoirs experts fournis par les sciences sociales, tout particulièrement les sciences de la population. L'analyse des besoins sociaux constitue du reste une obligation légale depuis 1995.
Pratiques des indulgences du Moyen Âge à l'époque contemporaine
La commémoration de l'affichage des 95 thèses par Luther en 1517 a de nouveau mis en avant la question des indulgences, reprise ici de manière apaisée et novatrice, par la pratique et dans le long terme, des fonds documentaires médiévaux aux réseaux sociaux.La trentaine d'études réunies n'entre pas dans la polémique mais entend mettre en valeur des témoignages concrets d'appropriation des "pardons" qui en disent aussi long que les textes doctrinaux et font apparaître la circulation entre le prescrit et le vécu. Le choix du long terme permet de saisir les inflexions d'un marqueur identitaire de l'Église latine qui a traversé les siècles.Trois questions sous-tendent les analyses. Qui peut octroyer et prêcher les indulgences: les évêques ou seul, le pape, lors des Jubilés? Comment les gagner: l'argent y suffit-il; qu'en est-il des actes de piété et des dispositions intérieures? Comment s'en servir; quelles causes spirituelles ou politiques justifient leur distribution?
Ce volume de " Varryations " rassemble une quinzaine de contributions publiées par Dominique Varry, professeur en histoire du livre à l'Enssib, choisies parmi une abondante production ici recensée.En quelques touches est ainsi esquissé un portrait de l'auteur et de ses recherches passionnantes sur l'imprimerie au XVIIIe siècle, notamment lyonnaise. Le choix constitue aussi une sorte d'introduction à un manuel de bibliographie matérielle, et même d'archéologie du livre imprimé moderne. Il présente, presque à la manière d'un feuilleton policier, les méthodes d'investigation scientifique, la coopération internationale, les bases de données, etc., tous les outils qui, associés à une érudition traditionnelle, permettent de revisiter l'histoire du livre et, partant, d'une grande partie de la culture occidentale.À travers les livres apparaissent surtout une multitude de personnages : auteurs et imprimeurs, officiels ou " marronneurs ", mais aussi censeurs et procureurs, ou encore collectionneurs, presque tous alternant ou cumulant les différents rôles… En raison des multiples contacts de la place lyonnaise, c'est tout le monde de l'imprimerie européenne moderne que ces perspectives croisées permettent de découvrir.Dominique Varry, professeur d'histoire du livre à l'Enssib, est l'auteur de nombreux travaux relatifs à la bibliographie matérielle. Ces " varryations " reprennent des études parues dans des revues et font la synthèse d'une vie de recherches consacrées à tous les acteurs du livre.
Fêtes de précepte, fêtes civiques, jours fériés, autant de réalités qui, dès le Moyen Âge, à l'époque moderne et jusqu'à nos jours, rythmèrent le temps des sociétés occidentales. Ces fêtes sous-tendent une adhésion à des valeurs – qu'elles relèvent du temps sacré ou du temps profane –, mais aussi un rapport au travail – proscrit à ces occasions. Sont ainsi envisagés l'origine des fêtes chrétiennes, leur développement, les obligations liées et, en corollaire, les comportements qu'elles suscitent, qu'ils s'inscrivent ou non dans la norme. En lien intervient la question de l'attitude des autorités ecclésiastiques et civiles face à d'éventuelles déviances, en prenant en compte les ruptures confessionnelles (protestantisme), l'évolution des sociétés et les critiques formulées sur la base de motifs sociaux, économiques ou philosophiques. Le XIXe siècle marquera un tournant fondamental qui, tout en établissant de nouvelles fêtes, liées à la laïcisation en vigueur, conservera un statut privilégié à nombre de moments religieux.
La guerre de Trente Ans a suscité une abondante littérature en Allemagne et dans le monde anglo-saxon, et notamment sur ses aspects confessionnels et religieux. Depuis une vingtaine d'années, des travaux ont remis en cause des paradigmes établis, comme celui de la confessionnalisation : la publication de journaux personnels et les études biographiques suggèrent par exemple de nombreuses pistes quant à la perméabilité des frontières confessionnelles. Dans le monde francophone en revanche, il s'agit d'un sujet encore sous-étudié. Ce volume présente et discute l'ensemble de l'espace du conflit pour mettre en évidence trois questionnements. Comment le conflit a transformé le rapport des autorités avec le religieux? Comment les clercs, plongés dans l'horreur, se sont-ils comportés? Comment les fidèles, immergés dans un monde déstructuré, happés par la violence, se sont-ils tournés vers le ciel? Les approches régionales croisées avec l'étude d'individus révèlent l'immense variété des attitudes. Surtout, elles prouvent l'absence totale de déterminisme. Chacun a régi en fonction de ce qu'il croyait juste, bon ou utile. Loin d'avoir validé une carte confessionnelle, d'avoir pétrifié les positions religieuses, la guerre a redonné à chacun la possibilité d'affirmer individuellement sa foi.
Longtemps négligée du fait du triomphe de l'imprimé à qui parfois, paresseusement, on l'opposait, l'étude des expressions orales fait actuellement l'objet d'une réévaluation historiographique. Or, quel meilleur terrain pour redécouvrir cette réalité que le monde urbain, véritable univers de la parole constituée au sein duquel des pouvoirs solidement institués se font face, abondamment éclairée par la multiplicité et la variété de sources émanant tant des commanditaires des discours, des orateurs mêmes que des auditoires, ces horizons d'attente qu'on essaie de ne pas ignorer. L'éloquence règne partout en ville. Elle s'appréhende à travers les institutions de nature politique, judiciaire ou religieuse. Loin de s'ignorer, ces différents pouvoirs se font d'ailleurs face, s'évaluent les uns par rapport aux autres, enfin s'empruntent mutuellement les normes qui font le succès de la plupart des discours, les meilleurs étant souvent livrés à l'imprimeur afin de servir de modèle aux générations suivantes. C'est l'histoire de cette parole contrôlée, extrêmement codifiée et bien vivante, inscrite dans le calendrier comme dans l'espace et la société urbains, qui est ici abordée de façon transdisciplinaire par des spécialistes historiens et historiens de la littérature.
Le 12 juillet 2005, le gouvernement a labellisé 67 " pôles de compétitivité " ou clusters. Ils sont aujourd'hui au nombre de 71. La politique d'aménagement du territoire est passée d'une intervention publique destinée à aider les régions en difficulté à une politique visant à encourager les plus dynamiques. Un objectif d'efficacité s'est ainsi substitué à un objectif d'équité. Sur quoi se fonde-t-il ? Sur l'idée que le regroupement des activités de production et de recherche permet d'améliorer la productivité des entreprises.Cet opuscule analyse les mécanismes économiques qui sous-tendent la logique des clusters. S'il est vérifié pour la France que le regroupement d'activités a bien un impact positif sur la productivité, l'étude d'une politique existante de développement des clusters suggère cependant que le rôle des politiques publiques est en réalité modeste.