Ce numéro thématique coordonné par le chercheur certifié d'histoire-géographie Gilles Guerrini examine comment les incendies, dont l'ampleur en 2022 a marqué les esprits notamment en France, sont un objet d'étude historique et anthropologique indéniable. Les changements des sociétés rurales sont essentiels pour comprendre les évolutions du phénomène incendiaire. À travers des cas situés au Portugal, dans les Landes, en Provence, en Nouvelle-Calédonie ou en Corse, ce dossier entend replacer le feu dans les pratiques agraires et pastorales, analyser les savoirs et les usages liés à l'occupation des sols, ainsi que les dispositifs de prévention et de lutte.

Vivre et grandir à la campagne est plus que jamais d'actualité, surtout pour les jeunes de classes populaires, pour qui les grandes villes sont des espaces inaccessibles. Qu'en est-il alors de ces jeunesses rurales et populaires? Le présent numéro rassemble des enquêtes empiriques, menées aux quatre coins de l'Hexagone, montrant la diversité de ce groupe, qui tient tout d'abord aux caractéristiques des jeunes, plus ou moins dépourvus de certaines ressources pour trouver un emploi, être mobiles, faire des études. Il en va aussi des inégalités qui persistent entre jeunes femmes et jeunes hommes.Comprendre les conditions d'existences et les visions du monde de ces jeunesses rurales, c'est enfin réinterroger la polarisation des espaces ruraux, entre les territoires qui parviennent à conserver leur jeunesse et ceux qui la voient partir massivement. En s'appuyant notamment sur le travail photographique de Cédric Calandraud, ce numéro nous donne à voir et à comprendre un groupe social souvent évoqué de loin, mais plus rarement regarder droit dans les yeux.

La revue Études rurales, fondée en 1961, étudie les différents aspects du rural dans le monde. Deux fois par an, ses numéros explorent ainsi de façon pluridisciplinaire les rapports des sociétés avec leurs milieux et leurs territoires. Depuis quelques années, la ruralité revient au cœur des débats contemporains et ce phénomène s'est accentué avec la crise du Covid-19. Il nous semble dès lors important de proposer des textes dévoilant ces nouveaux enjeux. Un débat bondé autour des thématiques de la revue lors des Rendez vous de l'histoire 2021 nous a conforté dans l'idée qu'il y a une réelle attente du public qui s'étonnait de la faible quantité de publications autour des mondes ruraux. Aujourd'hui, ce numéro sur le véganisme, de par sa popularité dans la société actuelle et des problématiques qu'il agite, nous apparaît parfait pour ouvrir la revue à la prospection. Le terme " vegan ", à peu près ignoré du grand public il y a encore cinq ou six ans, emplit aujourd'hui l'espace médiatique, moral et politique. Or, il existe un écart important entre la réalité des pratiques alimentaires des Français – avec une proportion stable de végétariens – et la puissance médiatique de l'idéologie vegan. C'est cet écart que le dossier se propose de donner à comprendre.

Drones, capteurs, satellites ou algorithmes, les outils numériques sont présentés comme autant de solutions technologiques qui doivent permettre d'adapter l'agriculture aux nouveaux défi s climatiques et environnementaux. Mais ce récent emballement médiatique et politique ne tend-il pas à écraser l'histoire plus longue, plus erratique et plus critique de la diffusion de ces innovations dans les mondes agricoles? Pour éclaircir cette question, ce dossier propose une série d'enquêtes empiriques en France, au Brésil et en Suisse, inscrites dans différentes approches disciplinaires croisant la sociologie des sciences et des techniques, la géographie politique de l'environnement et la sociologie économique. Des infrastructures satellitaires de gouvernance des activités agricoles aux politiques publiques ou paysannes d'innovation, en passant par la recomposition des modalités de prescription par les services numériques et les réseaux sociaux, les différentes contributions du dossier abordent la multiplicité des enjeux liés au développement des outils numériques dans les mondes agricoles.

Le peuplement est une préoccupation centrale pour le présent et le devenir des campagnes. Les migrations internes comme internationales apparaissent notamment comme un facteur pouvant inverser les tendances à la déprise ou renforcer les dynamiques de reprise rurale. Ce dossier étudie la manière dont différentes catégories de population venues de l'étranger s'établissent dans les campagnes occidentales. Il propose une analyse des mesures destinées à favoriser leur installation à partir de sept recherches menées en France (Bouches-du-Rhône, Bretagne, Vienne, Ariège) et en Europe du Sud (Espagne, Grèce, Italie).

Si l'agriculture urbaine et périurbaine est devenue un sujet convoité par les sciences humaines et sociales, l'élevage urbain semble l'être beaucoup moins. Pourtant, au Nord comme au Sud, les animaux sont présents en ville et non uniquement en tant qu'animaux domestiques/familiers, " sauvages " ou " néfastes/indésirables/envahissants ". Ce numéro propose une analyse pluridisciplinaire de la place de l'élevage en ville à travers la diversité des contextes socio-culturels et historiques.

Une telle mobilisation ne peut se comprendre et s'analyser qu'en relation avec les menaces que leur déclin fait peser sur le devenir de l'humanité. Érigées au rang de sentinelles de la biodiversité, elles constituent désormais un enjeu écologique majeur étant donné le rôle essentiel qu'elles jouent dans la pollinisation, dans le fonctionnement des écosystèmes et dans l'alimentation humaine.Les contributions réunies dans ce numéro théma­tique offrent une pluralité de regards en sciences humaines et sociales déclinée en France et sur d'autres continents. Elles éclairent les relations étroites, anciennes et conflictuelles entre agri­culture et apiculture. Elles montrent également en quoi, à l'ère de l'anthropocène, la montée en puissance des questions environnementales entraîne une recomposition de l'activité apicole, l'émergence de nouveaux acteurs et la redéfinition de la place de l'abeille qui nous invite à repenser notre rapport au vivant.

Sous la forme d'un dossier comparatiste (Amérique du Nord et Amérique du Sud), ce numéro d'Études rurales expose les problématiques de la croissance agricole sur le continent américain, celle de ses succès mais aussi celle de ses échecs. Alors qu'elles ont fréquemment été lues à la lumière des modèles européens (à savoir, la voie prussienne, la voie française, la voie anglaise…), on observe cependant depuis le début des années 2000 une manière différente de les examiner, qui traite les processus vertueux mais aussi les projets échoués. Les textes de ce numéro s'inscrivent nettement dans ce renouveau

Ce numéro analyse les effets combinés des restructurations sociodémographiques (déprise des effectifs agricoles, développement de la mobilité résidentielle, polarisations territoriales…) et institutionnelles (décentralisation, généralisation de l'intercommunalité…) sur les logiques de conquête et d'exercice du pouvoir politique dans les mondes ruraux.Il s'agit de questionner les spécificités et la diversité des configurations politiques " rurales " en re-territorialisant l'analyse de la fabrique du personnel politique, en comprenant comment le recrutement et le travail politiques s'opèrent à l'intersection de scènes de sociabilité (festives, associatives, religieuses, sportives, culturelles…) qui, si elles sont éloignées du champ politique national, ne sont pas pour autant apolitiques.