Chômage, convention et capacité dans l'œuvre de Robert Salais
Si l'œuvre de Robert Salais s'inscrit dans le courant de l'économie des conventions qu'il a contribué à fonder, c'est à partir d'une réflexion singulière articulant "détour par l'histoire", intérêt pour le droit et questionnement philosophique. En cela, l'économie telle que la pratique Robert Salais se présente comme une science réflexive procédant d'un renouvellement constant de ses interrogations, à partir des résultats obtenus. Par son souci d'inscrire les analyses menées sur la France dans une perspective internationale, elle est aujourd'hui largement reconnue.Les contributions à cet ouvrage éclairent les quatre grands moments de sa recherche qui s'enchaînent: travail, emploi et chômage, mondes de production, question européenne et approche des capacités, quantification et démocratie. Car c'est bien la question politique qui anime la carrière et l'engagement de Robert Salais. Comment redonner aux collectivités humaines la compréhension des fins et la maîtrise des moyens pour se gouverner? Ce qui suppose, entre autres, un renouveau de la démocratie et, plus largement, des capacités à penser, agir et réaliser.
Cet ouvrage propose une approche pluridisciplinaire des biens communs, ni prescriptive, ni soucieuse de définir une voie nouvelle – à l'inverse de ce que certains auteurs ont pu proposer, croyant y voir une perspective radicalement renouvelée –, dépassant ainsi l'alternative entre propriété privée et propriété publique.En adoptant la perspective des biens communs, les auteurs ici rassemblés questionnent la dynamique des trois institutions majeures de l'économie (capitaliste), lesquelles scandent et structurent l'ouvrage, que sont la propriété, le travail et la valeur, ainsi que leur imbrication qui suscite différents modes d'organisation des activités et de la vie démocratique. Les douze contributions participent ainsi à la construction d'un cadre analytique permettant d'étudier les modes de gouvernance, les structures de propriété et les évolutions des activités économiques. Cet ouvrage analyse en particulier le processus historique suivant lequel l'État, après avoir été l'" englobant " – par la définition et la garantie d'un service public –, devient aujourd'hui l'" englobé ", du fait des contraintes imposées par d'autres figures ou personnes morales représentant l'action publique, impulsant diverses transformations sociales (transport, urbanisme, culture, environnement, patrimoine, finance…). Ce faisant, les auteurs invitent aussi à être attentif au maintien de formes de copropriété – toujours menacées par des acteurs dominants cherchant à acquérir la pleine propriété de certains actifs afin de les valoriser au mieux sur les marchés.
Le prix du travail ? Cet ouvrage ouvre une question majeure à l'heure où le travail est souvent tenu d'abord comme un coût à réduire et, qu'à cette fin, nombre de droits collectifs et de garanties acquises par les salariés sont remis en question. L'étude traite de l'évolution des formes concrètes, mesures, références, modalités de légitimation, normes et considérations qui ont présidé et déterminent encore aujourd'hui la rémunération du travail. Consacrée à la France et à ses colonies, elle couvre une longue période qui, allant du XIXe siècle à nos jours, fut aussi à la fois celle de la seconde industrialisation, de l'affirmation de la société salariale et de la construction d'un État social.La perspective historienne de la recherche collective dont elle est issue, s'est enrichie au croisement d'autres approches disciplinaires – droit, économie, gestion, sociologie – portées par certain.es de leurs meilleurs spécialistes. À ce titre, elle éclaire sous des angles multiples les enjeux de maints débats et conflits actuels. Les dix chapitres de l'ouvrage, attentifs à saisir les acteurs, les dynamiques et les temps forts de cette histoire, cernent les conceptions et les politiques à l'oeuvre avant d'en examiner les modalités d'application dans plusieurs cadres conjoncturels, territoriaux et professionnels. Le moindre des apports du livre n'est pas, enfin, son glossaire, dont les cinquante-cinq entrées donnent accès à la définition de plus de quatre-vingts termes et expressions.
Pierre Sudreau appartient à la génération des grands experts-commis modernisateurs des Trente Glorieuses. Son parcours se distingue par des expériences professionnelles très diverses : haut fonctionnaire, ministre, élu, président de nombreux groupements d'intérêt, comités et associations. Il incarne la fraction des élites placée à la frontière entre société civile et société politique, dont le rôle de passerelle active entre plusieurs milieux mérite attention. L'itinéraire de Pierre Sudreau est encore plus remarquable par ses ruptures. L'étudiant engagé dans la Résistance manque d'abord de mourir en déportation. Il entame ensuite une trajectoire ascensionnelle spectaculaire – plus jeune préfet de France, ministre de la Construction puis de l'Éducation nationale du général de Gaulle – avant de démissionner en 1962 par refus du référendum constitutionnel. Il renonce à une carrière politique nationale, se consacrant à des fonctions électives locales, comme député-maire de Blois, et à de multiples postes de défense, de direction ou de représentation des activités productives privées, tout en professant un européisme convaincu. Cette reconversion lui vaudra de présider le comité qui a rédigé le Rapport sur la réforme de l'entreprise de 1975. En étudiant ce parcours singulier, une douzaine de chercheurs éclairent de nombreux aspects de la vie politique et économique au temps de la Grande Croissance. Leurs travaux font aussi ressortir la différence entre l'innovation transpartisane qu'a représentée la Résistance, en période exceptionnelle, et, à l'inverse, les difficultés de l'approche a-partisane et du centrisme politique à s'affirmer comme force nationale en temps ordinaire.
L'apport des organisations patronales. Europe, XIXe-XXe siècles
Après Genèse des organisations patronales (2012), Les organisations patronales et la sphère publique (2013) et Coopérer, négocier, s'affronter (2014), ce quatrième et ultime ouvrage, issu d'un programme de recherche pluridisciplinaire et international sur les organisations patronales en Europe, examine la place de celles-ci dans la régulation des activités économiques et financières. On entend ici par régulation une combinaison institutionnelle liée aux structures financières, économiques, sociales et politiques en vigueur. Les objets étudiés, à différentes échelles – du local à l'européen –, dans différents secteurs, s'intéressent au rôle des organisations dans l'élaboration, la persistance ou la mise en question de ces systèmes, et dans la définition des différents types de règles hiérarchisées qui contribuent à la construction des marchés et encadrent la production et l'échange de biens et services. L'ouvrage aborde également la mesure de leur efficacité relative, que ce soit à l'égard de leurs adhérents ou des autres acteurs de la régulation.
L'histoire économique ne jouit plus aujourd'hui en France du prestige qui était le sien du temps de Braudel et de Labrousse, mais loin d'être le refuge d'une poignée de nostalgiques, elle ne cesse de se renouveler. Fruit d'une initiative du CNRS, ce livre s'interroge sur sa situation actuelle et ses perspectives de développement: poids des héritages, crise des paradigmes, rapports avec les autres secteurs de l'histoire et les disciplines voisines, chantiers en cours et thématiques émergentes y sont étudiés par les meilleurs spécialistes. De surcroît, sortant de l'hexagone, il donne à découvrir des travaux qui, au niveau international, sont en train de renouveler l'histoire économique et représentent autant de défis pour les historiens français.Faisant justice des stéréotypes réducteurs, il montre enfin que l'histoire économique aide à penser la complexité et, en éclairant le présent par le passé, contribue à rendre intelligibles les problèmes de notre temps – des crises financières à la montée de la Chine en passant par la fin des campagnes ou l'accroissement des inégalités.
En suggérant une chronologie inédite où mai 1968 s'impose comme le moment d'une grande bifurcation, cet ouvrage analyse les processus complexes et multiples de libéralisation lors des années soixante ainsi que leur rôle éventuel dans la dérégulation affirmée ouvertement après 1984. Quelle place les événements de 1968 et leurs résultats, tels qu'inscrits dans la loi, dans des décrets ou simplement dans les pratiques, occupent-ils dans ce qui constitue un retournement ? Marquent-ils la fin d'un cycle ouvert par la séquence 1936-1946 et dont les bornes ne coïncideraient pas avec celles des Trente Glorieuses ?
Les textes rassemblés ici s'attachent à l'analyse de pratiques syndicales dans la situation d'exception de guerre et d'occupation. Avec un constat, corroborant celui formulé par Ian Kershaw à propos de l'Allemagne : les " pressions économiques de la guerre " constituent sans doute un déterminant plus probant que les choix idéologiques.
L'objet de la recherche a consisté à élaborer un dispositif pédagogique d'intégration de l'Education au Développement dans l'ensemble du cursus du second cycle du second degré. Le terme Développement concerne l'ensemble du monde, il comprend des aspects culturels, économiques, sociaux, politiques. Une cohorte d'élèves a été suivie de la classe de seconde (1984-85) jusqu'en Terminale (1986-87). La première partie expose les fondements théoriques et pédagogiques de la recherche. La deuxième partie est une évaluation des représentations, des attitudes et connaissances des élèves de lycée sur le développement. Dans la troisième partie, sont exposés, par discipline et par niveau, les dispositifs possibles d'intégration de l'Education au Développement.