Trajectoires de formation de jeunes migrant·e·s en situation juridique précaire
Au-delà de la transition liée à leur âge, les jeunes migrant·e·s avec statut de séjour précaire, font face aux obstacles liés à ce statut juridique durant leur parcours scolaire et professionnel. Ils et elles doivent tracer un chemin entre pays d'origine et pays de résidence, oscillant entre l'attente d'une stabilisation et la peur d'un renvoi, navigant entre une orientation dans des filières à plein temps ouvertes et des formations professionnelles duales qui leur sont fermées.En présentant à la fois le dispositif de prise en charge, la vision des professionnel·le·s du social et de l'éducation, et la vision des jeunes eux-mêmes, cet ouvrage offre un éclairage renouvelé de cette transition.
Un parcours du combattant vers la qualification et l'emploi
A l'heure de la globalisation, la mobilité internationale des étudiants est considérée comme un atout fondamental par les établissements d'éducation supérieure et les gouvernements européens. Effectuer tout ou partie de ses études à l'étranger est perçu comme une opportunité d'accroître le capital humain des étudiants et leur employabilité sur un marché du travail qui s'internationalise. Les Etats et les établissements cherchent donc à attirer les "?cerveaux?" d'où qu'ils viennent.Toutefois, en observant la situation d'une majorité d'étudiants en provenance de pays africains et latino-américains en Europe, on constate une précarisation de leurs conditions de vie au cours de leur formation, tant sur le plan juridique que socio-économique, celle-ci pouvant péjorer leurs performances académiques. En outre, ces diplômés voient leur employabilité limitée par les législations en cours dans le pays de formation et peinent à trouver un travail en lien avec leur curriculum dans leur pays d'origine.Ibrahim Guissé et Claudio Bolzman analysent les paradoxes et les limites des politiques migratoires en lien avec l'internationalisation de la formation des Hautes écoles en Europe et en Suisse en particulier, et mettent en lumière le glissement d'un brain gain vers un processus de brain waste.
La crise financière et sociale manifeste qu'une page de l'histoire se tourne. Les mécanismes et les dispositifs de régulation traditionnels, le rôle de l'Etat social, les dépenses liées aux prestations sociales ainsi que les fondements institutionnels de l'intervention publique sont profondément remis en cause par la prégnance du néo-libéralisme d'une part et par les mouvements sociopolitiques de la rue d'autre part. L'intervention sociale doit être repensée à l'aune de ces bouleversements qui génèrent sentiments d'incertitude et contradictions notoires.De fait, les mutations environnementale, économique, politique, sociale, culturelle, familiale, personnelle nécessitent une recomposition de cette intervention et une définition de nouveaux paradigmes pour les travailleurs sociaux.Les contributions réunies dans Le travail social à la recherche de nouveaux paradigmes offrent des analyses orientées vers l'avenir du travail social. Elles ouvrent également des perspectives sur un ancrage citoyen porteur d'aspiration et de sens, qui a comme objectif la participation du plus grand nombre à la (re)construction d'une démocratie réellement soucieuse de partage du bien commun.
Difficultés scolaires et comportementales des élèves apparaissent de plus en plus souvent dans les discours publics comme étant liées à l'origine "ethnique" des élèves. Les explications culturalistes ont pris le pas sur les explications de la problématique liées à l'origine sociale. Ce changement de paradigme est d'importance et déplace par là même, souvent sans véritable analyse, le type d'actions remédiatrices à apporter. L'Ecole et l'élève d'origine étrangère met en lumière la genèse, à Genève depuis les années soixante, de l'élève étranger comme catégorie de pensée et d'action publique. Fondée sur l'analyse d'un vaste corpus, cette recherche met en évidence les actions de militants en faveur de la reconnaissance du droit à l'éducation pour chaque enfant, les discours et mesures visant la catégorie des élèves d'origine étrangère, émanant d'acteurs politiques, de pédagogues, du Département de l'Instruction publique, ainsi que des instances supranationales et nationales. La mise en évidence d'une "ethnicisation" de la question pédagogique permettra aux praticiens, chercheurs et politiciens de reconsidérer certaines habitudes de pensée et catégorisation, pour une remise en cause de l'action en milieu scolaire.
Dynamiques migratoires des Latino-Américains: logiques d'action, vie quotidienne, pistes d'interventions dans les domaines du social et de la santé
Les Latino-Américains installés en Suisse, même si leur nombre a augmenté ces dernières années, demeurent peu visibles, par rapport à des migrants d'autres provenances. L'étude des migrations Latino-Américaines en Suisse est intéressante à plus d'un titre. La diversité des causes de départ et des motivations nous rend attentifs à la nécessité de développer une vision plus complexe des migrations contemporaines. L'importante proportion de femmes dans ces populations contredit les images traditionnelles d'une migration concernant principalement des hommes jeunes, et souligne la nécessité d'inclure dans les études, de manière plus systématique, des approches de genre. Les "sans-papiers", relativement nombreux parmi les Latino-Américains, nous obligent à nous interroger sur les rapports Nord-Sud, les politiques migratoires, les réseaux informels de solidarité, etc. Des interrogations également au niveau des conséquences sur les conditions de vie de l'absence d'un statut juridique reconnu, et autour du travail social et de la santé communautaire auprès de ces populations. Enfin, les communautés Latino-Américaines constituent des lieux privilégiés d'observation pour s'interroger sur le sens de l'intégration dans un monde globalisé, où l'ici et l'ailleurs, le proche et le lointain se côtoient au quotidien.
Pratiques, représentations et identités collectives
Avec la signature des accords bilatéraux de libre circulation entre la Suisse et l'Union Européenne, de nouvelles dynamiques se dessinent dans les régions frontalières, encore mal connues.
Le processus d'intégration des jeunes adultes issus de la migration espagnole et italienne en Suisse
Les fils et les filles des travailleurs étrangers des années 50 et 60 sont désormais adultes. Que sont-ils devenus ? D'aucuns pensaient qu'ils ne seraient pas "à leur place" en Suisse, du fait de leur différence culturelle ou de leurs origines modestes.Cette étude tente de comprendre comment il ont pris pied dans la vie sociale suisse, en décrivant leurs trajectoires de mobilité sociale et les formes d'identité culturelle qu'ils élaborent.
Les conséquences de l'aide sociale sur le statut de séjour des personnes de nationalité étrangère : l'exemple des cantons de Genève et Vaud
Les étrangères ou les étrangers qui ont besoin de recourir à l'aide sociale se posent fréquemment la question de savoir si leur demande d'assistance va avoir des conséquences sur leur droit de séjourner en Suisse. Les services sociaux savent qu'un étranger peut être expulsé si lui-même, ou une personne aux besoins de laquelle il est tenu de pourvoir, tombe "d'une manière continue" et "dans une large mesure" à charge de l'assistance publique. Mais ils ignorent comment est appliquée cette disposition légale. L'objectif de ce livre est de tirer au clair cette question. Dans les cantons de Genève et Vaud, les auteurs ont analysé les pratiques des polices cantonales des étrangers, des instances de recours ainsi que des institutions chargées de distribuer l'aide sociale cantonale. Avec la collaboration de différents services, organisations, associations et syndicats, ils ont tenté de comprendre ce que peut signifier l'existence de cette disposition pour les hommes et les femmes de nationalité étrangère. L'analyse et la présentation de très nombreuses situations concrètes sont complétées par des informations historiques et juridiques détaillées. Un outil essentiel pour comprendre la précarité du statut des étrangers en Suisse.
Insultés par des collègues au travail, soumis aux chicanes de commerçants voisins, humiliés, voir discriminés par un organisme public ou privé, écartés d'un logement, licenciés d'un emploi ou accusés par des voisins de l'immeuble… lorsqu'ils osent enfin prendre le téléphone, les victimes ou témoins d'actes racistes sont souvent exténués par des mois d'humiliation ou de souffrances en silence, ou encore par un sentiment de révolte ou d'impuissance. En s'adressant à la ligne verte gratuite SOS Racisme de l'Association romande contre le racisme, ils trouvent un lieu d'écoute et de parole, ouvert à toute personne victime ou témoin d'actes racistes. En appelant, ils espèrent obtenir reconnaissance du tort subi, justice et réparation, ou souhaitent dénoncer un fait qui les choque. Ainsi, une analyse des appels reçus durant plus de deux ans a permis de dresser un constat des violences racistes et de mettre en évidence les relations de pouvoir subtiles entre auteurs et victimes. L'expérience des victimes constitue le point de départ de cette recherche-action menée conjointement par l'Institut d'études sociales (IES) et l'Association romande contre le racisme (ACOR). Elle ne s'arrête pourtant pas là. Prendre en compte la perception des incidents par les victimes, et les souffrances que ces dernières expriment, constitue la base de l'intervention, qui sera sociale, juridique, pédagogique ou de médiation, voire politique. En réponse aux appels, des interventions ont été expérimentées et un modèle d'intervention développé et documenté par des monographies. Il comprend le soutien personnel, la médiation pénale et communautaire, et des actions socio-pédagogiques. Ces interventions reposent toujours sur une même philosophie : écoute, dialogue, réparation et empowerment.