Les minorités religieuses et le peuplement du Nouveau Monde (XVe-XIXe siècles)
Les Amériques ont connu depuis leur conquête par les Européens de nombreux bouleversements démographiques, sociaux, politiques et culturels. Elles sont devenues pour beaucoup d'hommes et de femmes, désireux de fuir le vieux continent où ils étaient persécutés pour leurs convictions religieuses, une destination, un lieu d'accueil, une espérance.La question mérite cependant d'être reprise afin de saisir, au-delà de l'étude des raisons d'un départ qu'il est nécessaire de revisiter, la façon dont les minorités religieuses ont opéré pour s'insérer dans une nouvelle société. Les contributions réunies dans ce livre proposent des clefs pour la compréhension des logiques de peuplement de l'espace américain (continental et insulaire), à la croisée d'une histoire des minorités et des migrations.
Peu de monographies portent sur le rôle culturel d'une ville moyenne en France au XIXe siècle. Notre propos n'est pas de nier la centralité parisienne ni de modifier les hiérarchies Paris-province, mais plutôt, en changeant d'observatoire, de mieux comprendre les liens savants au sein de l'hexagone, la construction des savoirs à travers les circulations d'hommes, d'idées et d'objets qui unissent la côte proche, le port de Boulogne-sur-Mer spécifiquement, à la capitale, de voir comment la province s'alimente des savoirs parisiens et vice-versa.Au-delà des niveaux intra-local et translocal, la question se pose des relations avec les îles britanniques proches dans le façonnement de la spécificité culturelle boulonnaise. Dans le cadre d'une histoire connectée, se rendre à Boulogne-sur-Mer revient à rejoindre un milieu culturel certes secondaire, mais stratégique, à la jonction de liens suivis avec les capitales européennes que sont Paris, Londres et Bruxelles.
Marguerite de France hérite en 1361 des comtés d'Artois et de Bourgogne. Veuve, elle exerce désormais seule son autorité sur ces terres unies par le mariage de Mahaut d'Artois et Othon IV de Bourgogne. En un temps marqué par de profondes mutations dans le gouvernement des principautés, Marguerite va tenir des pays secoués par la guerre et les transmettre à son fils Louis de Male, puis à sa petite-fille Marguerite de Male et à son époux Philippe le Hardi. L'étude de son action éclaire sur les modalités d'exercice d'un pouvoir au féminin dans le cadre d'une union personnelle associant des terres éloignées, en un temps de bureaucratisation des principautés. Pour ce faire, l'analyse du processus de décision permet de saisir comment s'articulent gouvernement central et organes provinciaux, qu'il s'agisse du conseil, de la chancellerie ou des finances. Quant à ses réseaux, qui incluent parents, alliés et officiers, ils font émerger un milieu stable mêlant flamands, français, artésiens et bourguignons et reposant sur la combinaison de talents intellectuels, techniques et militaires.
Formation, vocation, profession dans les christianismes (XIIIe - XVIIIe s.)
La formation des clercs est une des préoccupations centrales des Églises chrétiennes à la fin du Moyen Âge et à l'époque moderne. Toutefois, elle a souvent donné lieu à des études considérant de manière découplée les enjeux liés à la vocation, la professionnalisation et la construction identitaire des membres du clergé.Les travaux ici rassemblés proposent à l'inverse de montrer comment s'articulent ces facettes, en examinant les orientations prises, les moyens investis et les dispositifs choisis pour présider à la fabrique du clerc. Tous les temps de la formation (initiale et continue) sont envisagés, du côté des formateurs comme des postulants, permettant d'observer les mobilités sociales et spatiales, l'imposition de normes ou encore l'émergence d'identités de corps souvent concurrentes (catholique, protestante, orthodoxe) mais qui s'observent et s'influencent mutuellement. Ainsi, les interrogations portées par l'ouvrage contribueront à stimuler les comparaisons entre clergés chrétiens européens.
Constance Markievicz (1868-1927), née Gore-Booth, fille d'une riche famille anglo-irlandaise, ne semblait en rien destinée à prendre les armes pour l'indépendance irlandaise et la cause des femmes. Femme et journaliste engagée, elle œuvre à la diffusion d'idéaux républicains, socialistes et féministes lors de la période révolutionnaire. Elle se bat aux côtés des hommes et appelle les femmes à s'engager pour la cause. Consciente du pouvoir des images, elle exploite ses talents artistiques pour transmettre ses idées politiques et mobiliser le public dans la lutte pour l'indépendance. Actrice puis dramaturge, elle revisite le récit national exclusivement masculin, afin que l'engagement politique des femmes entre dans la mémoire collective. L'objet de cet ouvrage est de montrer comment les œuvres de Constance Markievicz, armes au service de son activisme multiforme, lui ont permis d'exprimer et de mettre en scène sa résistance, dans l'espoir d'inspirer ses contemporaines.
L'histoire financière des villes de l'Ancien Régime reste mal connue. Cet ouvrage comble en partie cette lacune à partir d'une approche combinant l'examen approfondi des comptes de la ville de Lille sur un siècle et divers instruments et concepts de l'analyse économique.Parmi les dépenses urbaines, une attention particulière a été portée à l'évolution des lourds impôts royaux à la charge de la ville. Les recettes abondantes procurées par les multiples octrois concédés à la cité nordiste par les souverains successifs font l'objet d'une étude minutieuse.L'analyse économique a permis de répondre à des questions aussi essentielles que celle de savoir qui supporte le poids de l'impôt. Elle a aussi permis d'évaluer les impacts de certaines règlementations adoptées par les édiles lillois. Un diagnostic précis de la santé financière de la ville de Lille à la veille de la Révolution a été établi grâce à l'utilisation d'indicateurs standards de l'analyse financière des collectivités locales.
Pouvoir et culture urbaine au temps de Philippe de Vigneulles
Philippe de Vigneulles (1471-1528) est un personnage hors norme: villageois devenu marchand, il est écrivain, historien, mais également le premier mémorialiste français. Son témoignage permet de comprendre la culture urbaine de son temps, entre Moyen Âge et modernité, dans une ville libre, celle qu'on appelait alors Metz la riche.Plus grande cité francophone du Saint-Empire, Metz est alors le foyer d'une culture urbaine florissante et originale, dont subsistent notamment une quinzaine de chroniques. En réunissant un groupe international de spécialistes de différentes disciplines autour de l'œuvre de Philippe de Vigneulles, ce livre ambitionne de faire le point sur l'histoire municipale en proposant des études littéraires, linguistiques et historiques qui se font écho pour renouveler l'étude de cette historiographie urbaine exceptionnelle.
Permanences et mutations de la fin du XVIIIe siècle à nos jours
Si le métier d'enseignant rencontre aujourd'hui des difficultés multiples, tout en offrant également ses satisfactions, les quinze contributions regroupées ici mettent en perspective les vulnérabilités enseignantes sur la longue durée des XIXe-XXIe siècles, à la fois dans le primaire et dans le secondaire, pour les hommes et les femmes. Certaines difficultés anciennes ont presque disparu (mauvaise installation matérielle, étroite tutelle politique). D'autres, liées à de faibles connaissances disciplinaires, à un manque d'autorité face à la classe ou à des difficultés pédagogiques et didactiques, se maintiennent. D'autres enfin s'affirment avec la massification de l'enseignement et les évolutions sociétales qui modifient la place de l'enfant et de l'adolescent dans la famille et dans l'École. Les mutations accélérées de l'accès aux informations, via les nouveaux médias, modifient aussi la place de l'enseignant alors que les modalités de sa formation ont du mal à se stabiliser.
Surgissant en quelques rares occasions des tréfonds du roman national, son nom, depuis longtemps oublié de tous, laisserait à penser que l'homme aurait traversé l'histoire dans le plus profond anonymat. Pourtant, de son vivant, Georges Laguerre (1858-1912) connut une réelle notoriété, tant politique que professionnelle. Jeune prodige du barreau de Paris, devenu à l'âge de vingt-cinq ans le plus jeune député de France et promis à un avenir politique radieux, "le prince de Paris" comme certains se plaisaient à le surnommer, se voyait déjà accéder aux plus hautes fonctions de l'État. Néanmoins, "si la nature lui avait procuré de précieux dons, l'homme, par des fautes faciles à éviter, les aurait détruits et, par la même refusé sa destinée" (Maurice Barrès). Sa carrière, aussi intense qu'éphémère, et largement perturbée par ses convictions boulangistes, ne symboliserait-elle pas l'abîme qui sépare "l'homme d'État" du simple "professionnel" de la politique?