Les libraires du Comptoir vous proposent des sélections thématiques. Aujourd'hui, partons à la rencontre de la bande-dessinée !
Du 4 au 6 octobre 2024 se tiendra le 48ème Festival International de Bande Dessinée de Chambéry. Créé en 1977, cet événement exceptionnel s'est imposé sur la scène mondiale pour faire rayonner les planches de ses auteurs et dessinateurs, et a même donné naissance à l’Ecole Nationale des Arts Appliqués (l’ENAAI) de Chambéry, qui enseigne l’illustration - et bien sûr la BD. Pour l'occasion, nous vous proposons d'en découvrir davantage sur cet art.
La Bande Dessinée du réel, de Florence Amsbeck et Christophe Cassiau-Haurie (BNU de Strasbourg)
Depuis les années 1990, la BD connaît une évolution passionnante dans ses formes et dans la multitude des sujets qu'elle aborde. La narration du réel - autobiographique, documentaire ou organisée autour d'une fiction - devient un genre en soi qui flirte avec le journalisme et s'engage dans des problématiques sociétales.Le phénomène s'est accéléré au tournant du siècle, avec l'explosion du roman graphique. Parallèlement, de plus en plus de journalistes choisissent la bande dessinée pour rendre compte de leur travail, que celui-ci prenne la forme de reportage, d'enquête, d'interview, etc. La BD leur ouvre un nouvel espace narratif dans lequel l'écriture et le dessin sont fréquemment complétés par des photos, des documents d'archive qui s'insèrent dans les planches.Ainsi, la bande dessinée ne devient-elle pas une nouvelle forme de journalisme, rejoignant les médias classiques de la presse écrite ou audiovisuelles dans leur méthodologie ?
On ne vit pas de la bande dessinée, de Sylvain Aquatias (Presses universitaires de Liège)
Les albums de bandes dessinées ont envahi les rayons des librairies et les médias annoncent tous les ans des ventes record. Mais qu'en est-il de ceux qui réalisent ces albums ? Comment sont-ils devenus auteurs de bande dessinée ? Où se sont-ils formés ? Vivent-ils de leur art?Si le titre de l'ouvrage laisse peu d'illusion sur la réponse finale à cette dernière question, c'est en suivant quarante-quatre artistes habitant Angoulême ou ses environs, depuis leurs premiers dessins jusqu'à leur carrière actuelle, que l'on pourra comprendre comment se construisent les carrières professionnelles des auteurs de bande dessinée.Arpentant les pavés angoumoisins pendant trois ans, le sociologue et son complice ont essayé de décrypter les logiques de création, de publication et de rétribution des auteurs de bande dessinée, contribuant à la fois à une meilleure compréhension de leurs conditions de vie, mais aussi, plus largement à des questions tenant à la socialisation, aux modes de travail, au fonctionnement des réseaux et à la transformation des statuts des artistes de bande dessinée.
Génie de la bande dessinée, de Benoît Peeters (Éditions du Collège de France)
Oscillant entre la presse et le livre, l'enfance et l'âge adulte, la caricature et le réalisme, jouant des cases et des strips, du découpage et de la mise en page, des phylactères et des onomatopées, la bande dessinée est un langage à part entière que ni le cinéma, ni le jeu vidéo, ni Internet n'ont menacé jusqu'à présent. Si le neuvième art a déjà donné naissance à bien des chefs-d'œuvre, de Krazy Kat aux Aventures de Tintin, des Peanuts à Persepolis, des mangas au roman graphique, il est aujourd'hui plus divers et plus vivant que jamais. Dans cette conférence présentée le 7 octobre 2020 dans le cadre du cycle La bande dessinée au Collège de France, Benoît Peeters met en lumière les spécificités de ce médium parfois sous-estimé.
La Bande dessinée, une intelligence subversive, de Pascal Robert (Presses de l'enssib)
Ce livre fait le pari de l'intelligence de la bande dessinée. Une intelligence profondément subversive.Intelligence cognitive, puisqu'elle sait fort bien se théoriser elle-même. L'analyste n'ayant plus, alors, qu'à se mettre modestement à son écoute. Première subversion.Intelligence sémiotique, ensuite, puisque tout est donné à voir à travers le dessin en bande dessinée (y compris son dispositif et même l'invisible) et que le décor et les corps jouent un rôle considérable dans la construction du récit. Deuxième subversion.Intelligence médiatique, enfin, puisque la BD transforme son lecteur en témoin et que ses formes sémiotiques s'inventent à travers différents supports qu'elle sait tout aussi bien mettre à son service, nouant alors histoire et théorie. Troisième subversion.La bande dessinée constitue ainsi une forme singulière d'intelligence narrative graphique et un appareil, dans la conception de Jean-Louis Déotte, profondément subversif.Pascal Robert est professeur des universités à l'Enssib où il anime le séminaire " La bande dessinée en questions ". Il a dirigé Bande dessinée et numérique (CNRS Éditions, 2016) et publié De l'incommunication au miroir de la bande dessinée (Presses universitaires Blaise Pascal, 2017), ainsi que de nombreux articles sur l'image et sur la théorie des technologies intellectuelles.
L'Écho de BDFIL 2023, de Laura Dudler, Gaëlle Kovaliv, Camille Logoz, Camille Luscher et Léonore Porchet (Éditions Antipodes)
La 17e édition du festival lausannois de bande dessinée BDFIL n'aura plus de secret pour vous grâce à cette première édition de L'écho de BDFIL, catalogue du festival et premier d'une série à suivre. Cette revue annuelle revient cette édition avec Pénélope Bagieu comme invitée d'honneur.Lors de l'édition 2023, BDFIL a proposé une rencontre en toute intimité avec la dessinatrice Pénélope Bagieu, pour la première fois mise à l'honneur par une rétrospective; une exposition sur Taiwan, premier pays invité de BDFIL, où la bande dessinée devient un outil pour défendre la démocratie; le retour des héros de guerre que sont les Tuniques bleues; le public aura également pu (re)découvrir les magazines de bande dessinée pour fillettes du siècle dernier, trésor patrimonial du Centre BD de la Ville de Lausanne; et faire la connaissance de l'artiste lausannoise Maou et de son histoire personnelle familiale abordant les questions de l'adoption internationale et de la politique chinoise de l'enfant unique.En plus d'une rétrospective de ces expositions, L'écho de BDFIL prolonge la réflexion sur le neuvième art en invitant Camille Lusher du Centre de traduction littéraire de Lausanne à questionner Camille Logoz, traductrice de l'allemand vers le français de la dernière BD de Lika Nüssli, ainsi qu'une illustratrice lausannoise, Laura Dudler, à porter un regard personnel sur cette édition.
Berne, nid d'espions, de Matthieu Berthod et Eric Burnand (Éditions Antipodes)
En 1957, l'Affaire Dubois a provoqué une grave crise politique et diplomatique; elle est pourtant aujourd'hui largement méconnue car considérée comme " classée " par la mémoire officielle. Parce qu'elle est aussi palpitante qu'un polar et parce qu'elle éclaire plusieurs zones d'ombre de l'histoire franco-suisse récente, il est opportun de l'exhumer des archives -enfin accessibles- et de la retracer en BD à l'intention du grand public.En quelques cent cinquante planches et après de longues recherches dans les fonds d'archives Éric Burnand, scénariste, et Matthieu Berthod, dessinateur de BD, retracent cette affaire, digne d'un roman d'espionnage, et en dévoilent les dessous méconnus grâce à des documents inédits. La bande dessinée relatera toute l'Affaire, à partir du point de vue du principal protagoniste, le procureur général René Dubois. On passera avec lui sa dernière heure lorsque, réfugié dans son grenier, il se remémore sa trajectoire et l'enchaînement des événements qui le pousseront au suicide. Ce mode narratif, par flashbacks successifs, permettra de retracer aisément les diverses étapes de l'affaire et de mettre en scène les autres protagonistes impliqués.Tous les faits rapportés dans le récit sont avérés et les dialogues directement inspirés des documents, témoignages et autres dépositions découverts dans les archives officielles et privées. Un addendum documentaire d'une vingtaine de pages, richement illustré par des photos et des facsimilés d'archives inédites, permettra de décoder l'Affaire et d'en décoder les dessous.
Le Siècle d'Emma, d'Eric Burnand (Artois Presses Université)
On dit souvent de l'histoire suisse qu'elle est ennuyeuse, sans conflits ni événements marquants. La vie d'Emma démontre le contraire: née dans une petite bourgade horlogère au pied du Jura, Emma est soudain précipitée dans les soubresauts du XXe siècle. En 1918, elle perd son fiancé dans les affrontements de la grève générale.En 1937, elle se brouille avec son frère devenu pro nazi.En 1956, son neveu, qu'elle a adopté, lui fait découvrir la face sombre de l'immigration italienne. En 1975, sa petite-fille la confronte à la contestation féministe et antinucléaire. Et en 1989, Emma fait une découverte stupéfiante lors du scandale des fiches.Déclinée en cinq temps, dessinée en plusieurs centaines de cases, l'histoire d'Emma nous immerge dans les conflits, les tensions et les questionnements du XXe siècle.
Masterkrep, de Marion Canevascini (Éditions Antipodes)
Masterkrep raconte comment la narratrice, pour arrondir ses fins de mois, s'engage inopinément dans une crêperie où elle fera l'expérience rocambolesque du travail dans la restauration.Sous forme de chroniques, par petites touches ponctuées d'illustrations, le lecteur la suivra dans cette traversée du miroir à la découverte d'un monde étrange, absurde parfois, souvent drôle, mais surtout résolument féroce.Cette histoire vraie relate l'expérience vécue par son auteur de 2019 à 2020. Avec humour et autodérision, mais non sans grincements de dents, elle met le doigt sur la précarité du travail sans formation, sur la logique impitoyable d'un modèle économique basé sur le prix d'appel, et sur l'amertume qui se cache, parfois, sous plusieurs couches de confiture de fraise.
Guerre civile espagnole et bande dessinée, de Michel Matly (Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand)
Un retour sur plus de quatre-vingts ans et plusieurs centaines de bandes dessinées sur la guerre civile espagnole nous rappelle combien cette période de l'histoire a été et est restée présente dans nos cœurs, en Espagne, en France et ailleurs. Certaines œuvres considèrent son combat légitime et d'autres voient la guerre comme un simple désastre qu'aucune raison ne peut justifier. Les unes cherchent à refermer les blessures du passé, les autres considèrent que les fractures de la guerre se prolongent dans d'autres contemporaines.La bande dessinée nous montre aussi l'extrême diversité de la mémoire du conflit. Elle nous raconte la guerre mais aussi les sociétés qui se la remémorent, l'Espagne de la Transition vers la démocratie et celle d'aujourd'hui, l'Argentine juste sortie de ses années noires de dictature ou l'identité des descendants de l'exil républicain en France.Dans une première partie, ce livre décrit la bande dessinée sur la guerre espagnole par pays et par époque, montrant l'évolution de sa représentation. Il revient ensuite sur des thèmes particulièrement sensibles et qui ne semblent pas encore conclus aujourd'hui, comme la violence aux civils, l'Église catholique dans le conflit, l'exil et la prison, et se fait écho de deux absences à la fois curieuses et significatives dans la plupart des œuvres, celle du franquiste de base et celle de la République.
Mythe et bande dessinée, de Viviane Alary et Danielle Corrado (Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand)
Si les liens entre littérature, arts traditionnels et mythes ne sont plus à démontrer, la question des relations qu'entretiennent la bande dessinée et le mythe est encore ouverte et porteuse de stimulantes réflexions. Abordant des productions venues d'Asie, d'Amérique et d'Europe, l'ouvrage aborde la bande dessinée en tant que lieu de réinterprétation de mythes fondateurs, mais aussi de création de figures au statut de mythes modernes. Outil de propagande, puissant objet de communication, ou bien facteur de construction des identités nationales ou communautaires, la bande dessinée, par son statut de medium contre-culturel, transpose, déforme, subvertit le discours mythique dominant qu'elle a largement contribué à véhiculer et ouvre ainsi la voie aux discours critiques.
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