Pour cette seconde participation à la Nuit Blanche parisienne, la FMSH vous invite à découvrir une "Nuit blanche et noire". Nos invités, historiens, chimistes, anthropologues et psychanalystes, vous entraîneront dans une déambulation originale entre fantômes, matière noire et danse Kizomba.
Nuit blanche et noire, nuit en deux couleurs, c'est avec et par cette dyade que sera composée la soirée de la nuit blanche à la FMSH. Noir et blanc seront considérés dans leur matérialité : composition, usages, sens sociaux et physiologiques, vue et odorat. Tout au long de la soirée, nos invités vous feront visiter ces deux espaces colorés marqués par la mort, la disparition, l’absence, mais aussi par la vie renouvelée.
La Nuit Blanche est une opportunité inédite pour découvrir Le Comptoir, un lieu unique de rendez-vous avec les sciences humaines et sociales niché au premier étage de la FMSH.
Ouverture des portes à 19h30 jusque minuit - dernière entrée : 23h20
Caroline Callard, historienne / 15 min
Derrière l’évidence apparente de cette question, il s’agit de s'interroger sur l’historicité des fantômes : ces derniers ont beau « re-venir » d’un certain passé, pour autant, sont-ils des marqueurs historiques ? Leur présence ou leur absence signale-t-elle des périodes "à hantise" ou des périodes libérées de leur emprise ? Cette interrogation relève d’une approche historienne d’un phénomène qui n’a pas toujours été pris au sérieux par les chercheurs.
Grégory Delaplace, anthropologue / 15 min
Catégoriser les fantômes est opération délicate car en apparaissant, ils mettent en doute les typologies selon lesquelles on aurait pu souhaiter les envisager. Les « poltergeists », pourtant, semblent désigner un genre de phénomènes tout à fait singulier et moins facile que les « hantises » à balayer d’un revers de la main comme fruit d’une hallucination collective. Que sont les poltergeists et, surtout, comment l’anthropologie peut-être se saisir de ces « fantômes » particuliers ?
Sara Guindani, philosophe, psychologue clinicienne et psychanalyste / 15 min
« L’avenir est aux fantômes » prévenait le philosophe Jacques Derrida à la fin du dernier millénaire, en faisant allusion à la relation hallucinée et désincarnée que les nouvelles technologies créent avec l’autre. Et l’autre par excellence est l’autre amoureux, dont l’âge numérique a fait émerger toute la fragilité et l’ambivalence, et dont la séparation est devenue tellement difficile qu’elle ne peut se faire qu’en le réduisant à fantôme, en le faisant devenir ghost, comme disent les jeunes. Que dit de notre désir cette nouvelle figure de fantôme ?
Déborah Puccio-Den, anthropologue / 15 min
Pour pénétrer dans le monde de la kiz - tango d’origine angolaise - mieux vaut fermer sa bouche, ouvrir ses yeux, se laisser porter par les sens - toucher, odorat, goût -, écouter son corps se mettant à l’unisson du corps de l’autre... car les danseurs de kiz s’interdisent la parole, ouvrant ainsi à l’analyse d’autres ressorts cognitifs, affectifs et sensoriels pour reformuler leur présence au monde de la nuit.
Erika Wicky, historienne ; Olivier David, chimiste des odeurs / 15 minutes
Pour porter la couleur noire, les arts visuels emploient une grande variété de substances qui sont également odorantes, ainsi encres et peintures stimulent notre odorat par les effluves de goudron, bitume, noir de fumée, suie, etc, qu'elles contiennent. Il s’agit d’explorer ces odeurs "empyreumatiques" ou "pyrogénées" qui fascinent également les parfumeurs pour leur "noirceur" olfactive.
Agnès Lattuati-Derieux, chimiste des matériaux du patrimoine culturel / 15 minutes
Plongeons au cœur de la composition chimique de ces mélanges complexes de substances naturelles d’origines diverses et découvrons, à l’échelle moléculaire, leur potentiel informatif pour une meilleure compréhension des pratiques funéraires, des recettes d’atelier et des zones d’approvisionnement.
Caroline Callard, directrice d'études à l’EHESS, historienne, spécialiste de la Renaissance et de l’époque moderne.
Olivier David, chimiste des odeurs, Maître de conférences à l’Institut Lavoisier (UMR8180), Université de Versailles-Saint-Quentin.
Grégory Delaplace, directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études, anthropologue.
Sara Guindani, philosophe, psychologue clinicienne et psychanalyste (Centre Recherche Psychanalyse Médecine Société, Université Paris Cité).
Agnès Lattuati-Derieux, chimiste des matériaux du patrimoine culturel, ingénieure de recherches CNRS détachée au C2RMF du ministère de la Culture.
Deborah Puccio-Den, directrice de recherches au CNRS-EHESS-CESPRA, anthropologue.
Erika Wicky, historienne de la culture olfactive, chaire de professeure junior "Olfactions" à l'université Grenoble Alpes, LARHRA (Laboratoire de recherche historique Rhône Alpes).
Terrain, n° 69/printemps 2018, "Fantômes", Vanessa Manceron et Emmanuel De Vienne (Éditions Terrain)
Ce numéro de Terrain questionne le mode d'existence de ces êtres impérieux et fuyants, donnant ainsi à voir la matière dont l'invisible est fait.
La Nuit de la parole, écouter le silence, Deborah Puccio-Den (Publications de la Société d'ethnologie, Nanterre)
Les cinq scènes qui se jouent dans ce livre répondent à deux questions : comment scruter ce qui n'est pas dit, ne s'entend pas, ne se touche pas, ne se voit pas, se cache ? Quoi de commun entre un bal de carnaval slave, la procession d'une Vierge andalouse, l'omerta mafieuse, la rêverie d'un juge cloîtré et la kizomba, danse en banlieue parisienne ? Interrogeant le mutisme de différentes sociétés, l'auteure en découvre la trame commune : les conceptions de la nuit et de son pouvoir métamorphique.
Technè, n° 55/2023 "Matières noires, sens et substance, 1", Arlen Heginbotham, Agnès Lattuati-Derieux, Charlotte Ribeyrol (C2RMF)
Cet ouvrage a pour thème la matérialité des œuvres d'art patrimoniales et vise à identifier et à mettre en exergue les matériaux et les substances derrière la dénomination générique " matière noire ou patine noire ou couleur noire " souvent évoquée sur les cartels, les fiches d'objets et dans les interrogations des chargés de collections. Ses articles questionnent sur la corrélation entre couleurs noires et matières : quelles matières pour représenter le noir ou plutôt leS noirS ? Si cet ouvrage ne correspond pas spécifiquement au programme d'un concours, son contenu permettra d'enrichir les connaissances d'étudiants de l'Ecole du Louvre ainsi que celles de candidats présentant les concours du Ministère de la Culture.
Technè, n° 56/2023 "Matières noires, sens et substance, 2", Arlen Heginbotham, Agnès Lattuati-Derieux, Charlotte Ribeyrol (C2RMF)
Second volet d'un diptyque consacré aux matières noires, ce numéro de Technè conduit dans des chemins de traverse. Il y est d'abord question de l'odeur du noir et du rôle de cette couleur et de ses teintes sur notre perception. Y sont ensuite abordées les matières noires obtenues par transformation, intentionnelle ou non.