La notion de polymère est souvent associée aux plastiques, à des matériaux synthétiques et polluants, alors qu'il s'agit en réalité d'un concept chimique beaucoup plus large. Un polymère est une macromolécule composée de sous-unités capables d'interagir entre elles et pouvant avoir une grande diversité de propriétés.Dans cette leçon inaugurale, Sébastien Lecommandoux montre comment les polymères biomimétiques, qui reproduisent certaines structures et les fonctions biologiques, et les systèmes biohybrides, qui combinent les avantages des systèmes naturels et synthétiques, ouvrent aujourd'hui des perspectives révolutionnaires en nanomédecine. Des assemblages polymères multi-échelles et dynamiques, tels que ceux dotés d'autonomie motrice, ainsi que la création de cellules artificielles, repoussent les frontières de la science. Faisant converger chimie et physique des matériaux, biologie et nanotechnologies, l'approche biomimétique stimule des innovations qui visent à traiter des pathologies complexes allant du cancer aux maladies neurodégénératives.
Les inégalités de santé, phénomène aussi ancien qu'universel, représentent un enjeu majeur de justice sociale. Les statistiques sanitaires attestent de leur ampleur dans tous les pays du monde. De nombreuses recherches, relevant pour la plupart de l'épidémiologie sociale, ont permis d'identifier la plupart des déterminants sociaux de l'état de santé comme le niveau d'étude, la profession, le revenu ou le lieu de résidence. L'analyse sociologique de la production sociale des inégalités de santé vient y apporter une perspective complémentaire. Elle appelle tout d'abord à considérer que ces inégalités sont l'une des manifestations les plus saillantes de l'inscription des structures sociales dans les corps et qu'il importe en conséquence d'appréhender les principaux rapports sociaux de pouvoir, qui renvoient notamment aux positions de genre, de classe et ethnoraciale, qui façonnent les pratiques sociales. Elle invite aussi à ne pas appréhender le biologique indépendamment du social mais à penser l'interaction complexe entre ces deux dimensions. Elle engage enfin à analyser les pratiques de santé au sein de trajectoires de vie, de la naissance jusqu'à la mort, en interaction avec les conditions d'accès et de prise en charge par les systèmes de soins.
On croyait la métaphysique dépassée, voire morte? Claudine Tiercelin n'a pour sa part jamais cessé d'en défendre la possibilité en construisant une métaphysique scientifique réaliste héritière du pragmatisme américain et de la tradition rationaliste française. Elle démontre que cette entreprise demeure même indispensable pour pouvoir parler de "vérité" et de "raisons". Et, à l'intérieur du champ disciplinaire lui-même, elle examine trois nouveaux défis que la métaphysique doit aujourd'hui relever: ne pas sombrer dans les excès du modalisme, se garder du risque scientiste et éviter les intrusions de la théologie.Vaste programme, donc, que de rendre à la métaphysique à la fois sa légitimité et ses armes, tout en nous invitant à puiser dans la philosophie des forces pour "continuer à respirer".
La revue Entre-temps a pour ambition d'explorer et de partager dans un format numérique les nouvelles expériences et écritures de l'histoire. Hébergée depuis 2018 par le Collège de France et animée par de jeunes chercheuses et chercheurs dans le cadre de la chaire de Patrick Boucheron, elle passe chaque semaine en revue, par des textes, des podcasts et des vidéos, les exigences et les questionnements d'une histoire engagée et savante qui ne cherche pas seulement à diffuser plus largement ses savoirs, mais aussi à les mettre à l'épreuve de publics divers, témoignant de la variété et de la créativité des mises en présence du passé historique, notamment par les arts. En ce sens, Entre-temps est bien une revue d'histoire publique, qui s'inscrit dans la mission du Collège de France de faire savoir, c'est-à-dire de mettre la science devant la société.Cet ouvrage présente une anthologie de textes issus de cette revue : suivant les grandes rubriques qui en organisent les contenus (" Façonner ", " Créer ", " Transmettre " et " Exhumer ") et donnant un aperçu des grandes séries qui l'animent, il permet de prendre la mesure des expériences narratives, visuelles et performatives qu'elle a suscitées. Car si Internet est sa propre archive, la forme du livre demeure aujourd'hui le principal vecteur du débat public. Voilà pourquoi cet ouvrage, donnant forme à une archive numérique du contemporain, entend contribuer à une discussion plus large sur ce que peut l'histoire publique aujourd'hui.
L'augmentation de la concentration du CO2 atmosphérique est la cause principale du réchauffement climatique observé depuis cinquante ans. Pourtant, les quantités de carbone fossile qui sont extraites du sous-sol et injectées dans l'atmosphère sont faibles devant les échanges naturels entre les grands réservoirs que sont l'atmosphère, les sols et la végétation, et l'océan. L'augmentation de la concentration atmosphérique vient perturber le cycle naturel du carbone. Aujourd'hui, du fait de l'augmentation de la concentration atmosphérique, les échanges de carbone entre ces réservoirs conduisent à un flux net vers les océans et la végétation, limitant ainsi la part dans l'atmosphère.La nature nous aide donc à limiter l'augmentation du CO2 atmosphérique et le changement climatique. Combien de temps cela va-t-il durer? On observe déjà dans le monde une augmentation de la fréquence des grands incendies qui injectent des quantités significatives de CO2 dans l'atmosphère. De même, le changement climatique conduit en France à un certain dépérissement des forêts, réduisant ainsi l'absorption du carbone par les écosystèmes sur notre territoire. On peut donc craindre que le changement climatique implique à terme une source additionnelle de carbone dans l'atmosphère et une accélération du réchauffement climatique. Ces processus sont encore très incertains et difficiles à modéliser, constituant ainsi une source principale d'incertitude sur la vitesse du changement climatique.Plusieurs composantes du cycle du carbone peuvent être observées par satellite. On peut en particulier mesurer la distribution de la végétation, son évolution et les anomalies interannuelles en lien avec des perturbations climatiques. Des instruments en orbite permettent aussi de mesurer la concentration du CO2 et du méthane dans l'atmosphère pour en déduire les émissions par les principaux sites émetteurs, mais aussi les échanges avec la végétation. C'est l'objet de la mission MicroCarb, développée par le CNES et qui sera lancée en 2025.
L'épigraphie, ou étude des inscriptions, n'est pas une simple science auxiliaire que l'historien appellerait à la rescousse faute de mieux, mais une des sources vives de l'histoire ancienne. Si les découvertes en ce domaine viennent enrichir prioritairement l'histoire des institutions civiles et religieuses, il ne faudrait surtout pas croire qu'elles ne contribuent en rien à combler les énormes lacunes de l'histoire politique, économique et sociale. Et rien ne serait plus faux que d'imaginer que l'épigraphie n'a plus rien à apporter quand il s'agit de grandes cités comme Sparte, Thèbes et surtout Athènes.Ce livre, initialement publié sous le même titre en 2005 en partenariat avec Fayard, est désormais commercialisé par le Collège de France sous un nouvel ISBN.
Je suis étonné que dans le monde d'aujourd'hui l'idée même d'architecture survive. Les plans d'une grande part de ce qui se construit dans le monde depuis cinquante ans sont faits par des bureaux techniques où il n'y a pas à proprement parler d'architecte, au sens de celui qui se porte responsable devant la collectivité et l'esprit du temps. Une architecture est une petite utopie qui s'est réalisée, un morceau de futur qui est advenu aujourd'hui, à une époque où il n'y a pas de doctrine qui donne forme au temps.Ce livre, initialement publié sous le même titre en 2006 en partenariat avec Fayard, est désormais commercialisé par le Collège de France sous un nouvel ISBN.
Associée déjà aux plus grandes institutions du savoir en France (Institut, Académie française, CNRS, universités, Musées de France, etc.), la Librairie Arthème Fayard prête au Collège de France son concours pour faire connaître l'œuvre des grands spécialistes de toutes les disciplines du savoir humain. Des langues mortes pour certaines intelligibles aux découvertes sur la matière, de la littérature à la biologie moléculaire, voici donc, sous la forme de brefs et élégants volumes le meilleur de ce que peuvent délivrer à un public attentif l'aristocratie de nos savants et de nos penseurs. En remontant le temps et en publiant en premier les leçons inaugurales prononcées dernièrement, nous espérons faire mieux connaître une institution fondée par François Ier et rassemblant aujourd'hui encore le meilleur des élites intellectuelles français.Ce livre, initialement publié sous le même titre en 2003 en partenariat avec Fayard, est désormais commercialisé par le Collège de France sous un nouvel ISBN.
Que se passe-t-il lorsqu'une intimité s'établit entre la littérature et son public, lorsque le lecteur s'abandonne à l'œuvre ? Cet abandon est possible parce que les mondes de la fiction, pour étranges, fantastiques ou bourrés de mythologie qu'ils soient, demeurent toujours humains. L'œuvre " indique quelque chose au travers d'elle " (Hegel) : des éléments idéaux, dont la vérité nous fascine. Telles les confidences d'un ami, le sens d'une œuvre littéraire est remis à nos soins. Ne pas l'écouter, ne pas le saisir, ce n'est pas simplement faire erreur, c'est le méconnaître.Ce livre, initialement publié sous le même titre en 2006 en partenariat avec Fayard, est désormais commercialisé par le Collège de France sous un nouvel ISBN.