Volontiers snobé par les écrivains, qui pourtant l'ont souvent pratiqué, le roman à clés est suspect. Il ne l'est pas moins aux yeux des universitaires adeptes de l'herméneutique textuelle, qui le réduisent ordinairement à une opération de cryptage par l'écriture et de décryptage par la lecture. Trouver les bonnes clés (noms, lieux, événements) et les ajuster aux bonnes serrures seraient les seuls gestes appelés par ces romans lus en détournant la tête.À rebours de cette double doxa, qui simplifie les mécanismes du genre et l'identifie à un seul de ses nombreux avatars, les contributeurs au présent volume ont relevé le défi d'examiner vraiment, en les prenant au sérieux, un corpus diversifié de romans à clés — de Balzac à Jean-Benoît Puech et Olivier Rolin en passant pa ...
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Anthony GLINOER et Michel LACROIX Présentation Michel LACROIX Imaginaire, légendaire, fictif : romans à clés et fictions de la vie littéraire Sean LATHAM Réalité, fiction et plaisir. Introduction du livre The Art of Scandal. Modernism, Libel Law, and the Roman à Clef Mathilde BOMBART Romans à clés : une pratique illégitime au filtre de la critique littéraire des journaux Anthony GLINOER et Vincent LAISNEY Les illusios perdues, ou les romans cénaculaires Denis SAINT-AMAND Figurations et médiogrammes. Les micro-fictions du Petit Bottin des Lettres et des Arts Michael R. FINN Plaisir d'offrir, joie de recevoir. Le roman à clef décadent et Rachilde Elisheva ROSEN La pratique des clés au prisme de la Recherche Anne STRASSER Les Mandarins, les clés pour se dire Richard SAINT-GELAIS Le théâtre sans son double : jouer sans le dire dans Scènes d'enfants de Normand Chaurette Jean-Pierre ESQUENAZI Lectures des opérations de référentialité. L'exemple de Manhattan Alexandre GEFEN Benjamin Jordane, roman : jeux identitaires et aventures métatextuelles dans l'œuvre de Jean-Benoît Puech Mathilde BARRABAND Organisations secrètes. la Gauche prolétarienne dans la littérature française contemporaine Bibliographie sélective Index
Volontiers snobé par les écrivains, qui pourtant l'ont souvent pratiqué, le roman à clés est suspect. Il ne l'est pas moins aux yeux des universitaires adeptes de l'herméneutique textuelle, qui le réduisent ordinairement à une opération de cryptage par l'écriture et de décryptage par la lecture. Trouver les bonnes clés (noms, lieux, événements) et les ajuster aux bonnes serrures seraient les seuls gestes appelés par ces romans lus en détournant la tête.À rebours de cette double doxa, qui simplifie les mécanismes du genre et l'identifie à un seul de ses nombreux avatars, les contributeurs au présent volume ont relevé le défi d'examiner vraiment, en les prenant au sérieux, un corpus diversifié de romans à clés — de Balzac à Jean-Benoît Puech et Olivier Rolin en passant par Rachilde, Proust et Simone de Beauvoir —, à côté d'autres formes de travail sur la référentialité telles que l'autofiction, les notices biographiques des dictionnaires parodiques, les biographies imaginaires ou encore la métafiction dans le cinéma de Woody Allen.L'attention se trouve ici portée non seulement sur le fonctionnement des oeuvres retenues, mais aussi sur les dérèglements, les pratiques ludiques et les enjeux de pouvoir qui s'y cachent. Loin d'être une simple transposition de potins littéraires, le roman à clés ouvre ainsi sur une réflexion touchant aux frontières entre fiction et référence au réel.