Pour les médiévistes s'intéressant à l'histoire de l'économie, la question de la nature des transactions intervenant entre les individus est centrale. S'ils admettent en règle générale que les règles de l'échange marchand ne s'appliquent pas toujours et que, en particulier, la rencontre de l'offre et de la demande est bien loin de rendre compte de l'ensemble des situations, ils sont encore dans l'incertitude en ce qui concerne l'articulation entre le marché et les circulations non marchandes. Ce livre propose d'aborder cette thématique en traitant du rapport entre la contrainte et la construction de la valeur au Moyen Âge. Les objets circulent parfois contre la volonté de leurs propriétaires, dans le cas du vol ou du pillage mais malgré eux aussi lorsqu'ils sont détournés de leur usage ou de leur fonction d'origine. Soustraits à leur possesseur par des processus économiques, par des procédures légales ou par la pure violence, ils finissent tôt ou tard sur le marché après avoir été ou non transformés. Ce livre aborde donc les questions soulevées par l'existence, à côté du marché et de ses règles, d'une vaste sphère non régie par les règles de l'échange marchand mais où les objets circulent quand même. Cela conduit les auteurs à aborder des sujets aussi essentiels que ceux de l'évaluation, de la conversion et de la contrainte en matière économique, à travers des thèmes comme le luxe, le gage, la caution, le troc, le vol, la saisie, le recel, proposant ainsi une approche renouvelée et nécessaire de la vie économique médiévale.