Les jours de fête dans mon village natal, le match de football de l'après-midi se situait entre la fanfare des pompiers, la grand-messe solennelle, l'apéritif du maire, le bal populaire et le feu d'artifices de 23 heures. Le sport, du même coup, apparaissait, comme un simple prétexte parmi d'autres pour permettre à la collectivité d'affirmer, peut-être de souder son identité. On sent bien à quel point cette définition est peu satisfaisante, aussi bien pour les passionnés de sport que pour le philosophe. Quelle est, par rapport aux autres fêtes, la spécificité de la fête sportive ? Quel est l'objet de ce culte qui réunit, chaque semaine de par le monde des centaines de milliers, voire des millions de personnes ? La fête sportive, culte du corps ? Culte du nationalisme, au sens péjoratif d'exaltation du groupe et d'exclusion de tous les autres ? Culte du vedettariat ? Culte de l'argent ? ... Quelles que soient les ambiguïtés, quelles que soient les confusions, quelles que soient les contradictions que mettent en relief les faits quotidiens, le sport, à travers les fêtes qu'il organise, n'est pas condamné à n'être qu'un alibi, ou une illusion, ou une perversion. Il peut avoir, dans la crise que traverse notre société, une fonction formatrice...