L'analyse des comportements collectifs en France entre 1940 et 1944 pose des problèmes de méthode et d'interprétation. Leur exposition a fait l'objet d'un premier ouvrage paru en 2015 aux Presses universitaires de Rennes, sous la direction de Pierre Laborie et François Marcot. Ces problèmes se posent de façon encore plus aiguë à propos des représentations de ces comportements depuis la fin de la guerre. C'est l'objet du présent livre. Il analyse de façon critique les reconstructions mémorielles qui tiennent lieu de grilles de lecture des comportements des Français sous l'occupation allemande. Sa première partie aborde de front les représentations dominantes et revisite celles des principaux producteurs de mémoire – de Gaulle, le parti communiste – souvent présentés comm ...
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L'analyse des comportements collectifs en France entre 1940 et 1944 pose des problèmes de méthode et d'interprétation. Leur exposition a fait l'objet d'un premier ouvrage paru en 2015 aux Presses universitaires de Rennes, sous la direction de Pierre Laborie et François Marcot. Ces problèmes se posent de façon encore plus aiguë à propos des représentations de ces comportements depuis la fin de la guerre. C'est l'objet du présent livre. Il analyse de façon critique les reconstructions mémorielles qui tiennent lieu de grilles de lecture des comportements des Français sous l'occupation allemande. Sa première partie aborde de front les représentations dominantes et revisite celles des principaux producteurs de mémoire – de Gaulle, le parti communiste – souvent présentés comme les responsables du mythe du " peuple résistant ". Elle réexamine les représentations d'acteurs collectifs spécifiques aux années noires : l'occupant lui-même, les femmes résistantes, les déportés. Elle décentre enfin notre regard en s'attachant aux mémoires régionales, négligées bien que toujours prégnantes, et par une comparaison avec la Belgique voisine. La deuxième partie explore la manière dont les savoirs sur les comportements collectifs sont transmis par les historiens eux-mêmes, ainsi que par les programmes et les manuels en usage dans l'Éducation nationale. Elle souligne combien cette transmission est souvent marquée par des simplifications et des idées reçues. Dans la même perspective, elle rend compte de vecteurs culturels jusqu'à présent peu pris en compte : les souvenirs des résistants, ceux des épurés, et les romans des années d'après-guerre.