L'hospitalité n'est pas seulement une valeur traditionnelle, elle est aussi, dans le contexte municipal, un ensemble de pratiques plus ou moins codifiées, destinées à encadrer l'arrivée et le séjour de l'étranger, réglant ainsi les frontières de l'intégration. Ces pratiques, à la fois politiques, juridiques et sociales s'adressent elles-mêmes non seulement aux étrangers stricto sensu (l'étranger national), mais à tout groupe, famille ou individu considéré comme "autre" en vertu de sa provenance, de sa mobilité, de sa culture ou de sa religion. Où commence cette altérité ? En vertu de quelle légitimité est-elle ainsi définie ? Quel régime lui applique-t-on ? Quelles sont les contradictions et les conséquences de la division entre "ressortissants" et "non ressortissants", consubstantielle à la pensée d'État ? En convoquant des approches disciplinaires diversifiées — en particulier historiques, sociologiques et juridiques —, vingt et un chercheurs, dont plusieurs canadiens examinent ces questions notamment dans leur réalité concrète, sur le terrain en quelque sorte. Sous les logiques affichées, ils dévoilent les ressorts normatifs de l'accueil des "étrangers" qui incombent aux municipalités, responsables de fait de la cohésion sociale.