Fortifié et militaire, à l'image de la féodalité dont il est volontiers le reflet, le château est aussi une demeure de plaisance, une résidence aux champs, où la noblesse, quittant les villes parfois surpeuplées, trouvait un repos souhaité, des espaces propices aux jeux et aux amusements. Cette fonction domaniale, résidentielle, récréative, est confortée, à l'aube de la Renaissance, par une croyance émergente selon laquelle l'air de la campagne, investi de vertus prophylactiques, est meilleur que celui, vicié, de la ville. Vivre au château participe des modes d'être et de paraître dans le cadre d'espaces aménagés selon des critères variés: fonctionnalité, confort, mais aussi cérémonial, dans le cadre de bâtiments et de pièces d'époques et de natures souvent diverses. Tours maîtresses ou corps de logis des châteaux, manoirs ou simples maisons des champs, ces demeures aristocratiques rurales bénéficient, dans les dernières décennies du Moyen Âge, d'une adaptation aux fonctions qui sont les leurs. Le château est enfin le lieu d'un riche décor, qui concerne aussi bien les murs (faux appareils, plafonds décorés, peintures historiées, tentures et tapis - series, lambris) que les sols (pavements) et qui participe de la distinction des espaces, de la hiérarchie des accès comme du statut du propriétaire. Au travers d'un voyage au château de Suscinio, dans le Morbihan, ce livre offre un riche panorama des modes de vie aristocratiques en Bretagne et ailleurs, à l'époque de l'émergence des conceptions nouvelles de la Renaissance.