Un premier travail de reconstitution de la mortalité par année d'âge depuis le début du XXe siècle a été publié par l'Ined en 1973 et plusieurs fois complété et révisé depuis. A la fin des années 1980, le lot de tables ainsi constitué a de plus bénéficié d'une double extension avec la reconstitution pour le XIXe siècle de tables annuelles complètes et une extrapolation à l'ensemble du XXIe siècle, le tout permettant de retracer ou d'imaginer l'histoire entière de près de 200 générations. C'est cet ensemble de données, révisé et mis à jour, qui fait ici pour la première fois l'objet d'une publication exhaustive. Cette base extrêmement détaillée permet d'analyser sous de multiples aspects deux siècles d'évolution qui ont porté l'espérance de vie du moment de 33 ans pour les hommes et 37 ans pour les femmes au début du XIXe siècle à respectivement 75 et 83 aujourd'hui, espérance de vie qui, si les tendances récentes se poursuivaient, pourrait même atteindre, à la fin du XXIe siècle, 91 ans pour les hommes et 95 pour les femmes. En raison de cet immense progrès, une différence s'est creusée entre l'espérance de vie observée une année donnée et celle de la génération née cette année-là. Ainsi, l'espérance de vie de la génération féminine née en 1806, la première entièrement couverte par cette base de données, s'est élevée à 39 ans, au lieu des 37 correspondant à la table de l'année. Cette différence de 2 ans n'a fait que croître avec le temps. Pour la génération née en 1896, la dernière dont cette base retrace plus de 100 ans d'existence, elle est de 7 ans (55 ans d'espérance de vie réelle au lieu des 48 donnés par la table de l'année de naissance). Mais elle risque de se creuser encore à l'avenir puisque, d'après la projection, l'espérance de vie de la génération 1996 pourrait atteindre 92 ans alors que celle de l'année n'est que de 82 ans.