Le Bibliothécaire, peint par Giuseppe Arcimboldo probablement vers 1566, est un tableau maintes fois analysé et commenté. Lui-même bibliothécaire, Yann Sordet propose dans ce texte un nouveau regard sur l'œuvre. Historien du livre et des bibliothèques, l'auteur se livre à une lecture archéologique, examinant et caractérisant les types de livres représentés. Qu'y voit-on vraiment ?Une énigme se fait jour, intrigue du regard en même temps que mystère de l'image qui se délite, se décompose, se dérobe au regard, s'éloigne à mesure que l'on s'en rapproche, qu'on la détaille (au sens de découper). Dans un texte nerveux et tendu comme une enquête, policière ou " archéologique ", Yann Sordet, mobilisant une extraordinaire érudition, fait émerger du tableau d'autres images, d'autres récits, d'autres histoires. Ici, une lecture se raconte où chaque élément, présent et même absent du tableau, infléchit le récit. Dans ce travail d'analyse et de déconstruction, qui rappelle tous les enjeux de la lecture d'un tableau, que reste-t-il du bibliothécaire ? Et si le bibliothécaire n'était pas un bibliothécaire ? En plus d'une passionnante étude sur le Bibliothécaire d'Arcimboldo, Yann Sordet signe ici un véritable petit traité de la méthode. Dans cet instable échafaudage, l'image du bibliothécaire surgit puis se dissout. Par cette apparition-disparition, c'est la place et le rôle du bibliothécaire, au XVIe siècle comme de nos jours, que l'auteur interroge. Ce texte est issu d'une conférence prononcée à l'occasion des Sixièmes Rencontres de la galerie Colbert.