Le présent ouvrage est le fruit d'un colloque international qui s'est tenu en 2021 à la faculté des lettres de Sorbonne Université, à l'occasion du dixième anniversaire de la disparition du professeur Jacqueline Dangel. Il a réuni des spécialistes des littératures grecque et latine autour de la question des représentations du lecteur dans la poésie antique.C'est à la présence du lecteur et à ses relations avec l'auteur et à leur impact sur le texte lui-même que s'intéressent les différents articles ici regroupés, en s'interrogeant sur la pertinence, pour les corpus antiques, de certaines notions définies par Umberto Eco et l'école de Constance. Sont ainsi explorés les multiples visages du " lecteur empirique ", l'inscription dans le poème de la confrontation de ce lecteur empirique avec le " lecteur modèle ", la dialectique qui préside aux rapports du poète et du lecteur lorsque le second est impliqué par le premier dans le processus de création, la position particulière du lecteur dans des performances (théâtre, récitations) qui constituent, pour les Anciens, des formes de lecture, ou encore le statut de la lectrice, qui peut être représentée par un auteur ou par une autrice. Ces questionnements mettent à l'épreuve des théories de la réception des œuvres empruntées à des ères chrono-culturelles variées, depuis la Grèce archaïque et classique jusqu'à la latinité tardive, en passant par la latinité classique et impériale, avec une incursion du côté du néo-latin.
L'Épique hors de l'épopée de l'Antiquité à nos jours
L'épopée gréco-latine, avec ses combats mythiques et ses héros casqués, ses monstres fabuleux et ses dieux irascibles, sa muse tutélaire, Calliope, et ses vers solennels, semble venir d'un autre temps, figée dans un monde qui ne serait plus le nôtre. Elle est pourtant bien vivace : inépuisable, la voix de Calliope est intemporelle.Au sein du théâtre d'hier et d'aujourd'hui, au détour d'une vie de saint ou d'un poème sapphique, au cœur de la low fantasy ou dans la culture pop, le souffle épique, exaltation universelle de cet élan humain vers le plus haut, l'au-delà et l'inconnu, affleure en tout lieu, et en tout temps : c'est ce que démontre le présent volume.Fruit du croisement entre approches et horizons variés, le projet collectif Voix / Voies de Calliope explore les régions où l'épique se réinvente et se récrit et cartographie les signes de sa présence en des lieux qui, pourtant, l'éloignent de sa terre d'accueil originelle, à la recherche de ce qui en fait l'essence et le cœur.
Héritage et hypertextualité dans les Mondes romans du Moyen Âge à nos jours
Afin de restituer à la notion d'apocalypse toute sa richesse conceptuelle et d'en explorer les ramifications culturelles sur le temps long, cet ouvrage revient à la base textuelle de l'apocalyptisme pour en étudier les répercussions religieuses, historiques, esthétiques et rhétoriques, du Moyen Âge à nos jours, dans les aires de langues romanes. Le terme " apocalypse " est aujourd'hui utilisé de façon métaphorique dans d'innombrables domaines, où son sens catastrophiste exprime l'anxiété extrême des sociétés contemporaines. Mais la fréquence de son emploi recouvre une méconnaissance de sa signification originelle, qui conduit à de multiples contresens et à l'effacement de pans entiers de cette notion, tels que ses dimensions de révélation ou d'espérance. Pour les remettre en lumière, est ici sondé le rapport d'hypertextualité entre le genre apocalyptique antique – notamment l'Apocalypse de Jean – et les créations culturelles romanes, dans une perspective tant diachronique que synchronique.
Longtemps oubliée, l'écrivaine Nellie Campobello (1900-1986) connaît aujourd'hui une importante revalorisation et les lecteurs redécouvrent avec fascination la voix d'une petite fille qui raconte avec candeur les horreurs de la Révolution mexicaine dont elle est témoin. Derrière cette voix enfantine se profile une autre, plus discrète : celle d'une narratrice adulte, qui semble se confondre avec l'autrice elle-même.La présente étude de Cartucho (1931) et Las manos de mamá (1937), centrée sur le style et les affects, démontre que cette deuxième voix est anti-hégémonique et subalterniste. Elle remet en question l'idée selon laquelle Campobello écrirait de façon spontanée et que sa narratrice adopterait un regard détaché, révélant au contraire une profondeur émotionnelle ancrée dans le vécu populaire.
La topique interprétative des Métamorphoses d'Apulée trouve ses fondements dans la spécificité des problèmes que l'œuvre pose au regard du critique : celui du contraste, réel ou apparent, qu'elle présente avec la personnalité de son auteur ; celui du genre auquel elle prétend appartenir ; celui de la source dont elle émane ; celui du travail de composition auquel Apulée s'est livré en imitant une œuvre grecque ; et celui, qui les englobe tous, de l'intention qu'il a poursuivie en se livrant à un tel exercice apparemment futile. C'est la raison pour laquelle nous avons choisi de présenter cette histoire de l'interprétation des Métamorphoses selon trois axes majeurs : celui du sens de l'œuvre qui se structure autour des deux paradigmes du ludique et/ou du sérieux ; celui de l'origine de ce récit de l'âne et du genre dont elle prétend relever, la milésienne latine ; et celui de l'art narratif apuléien et du mode de composition, unitaire ou épisodique, de ce récit en plusieurs livres.
L'érotisme féminin est l'un des thèmes les plus fascinants de la littérature antique. Cependant, les travaux qui s'y intéressent considèrent souvent la littérature comme une source à partir de laquelle reconstituer la réalité des pratiques et des mœurs du monde romain. C'est une perspective différente qu'adopte cette étude des représentations du désir féminin chez les poètes latins de la fin de la République au Haut-Empire : le désir féminin est observé en tant qu'objet construit et modelé par la littérature, qui doit avant tout aux codes génériques, à la langue poétique et à ses spécificités, ou encore à certains traits auctoriaux. La poésie est à la fois un espace de liberté et un espace de contrainte pour le sujet érotique : le poète joue avec les codes du genre et met en place des stratégies pour rendre la représentation du désir de la femme acceptable, dans un contexte culturel où il est condamné, voire nié. La forme poétique exerce une influence considérable sur la représentation du désir et ses modalités : c'est alors le processus de construction de cet objet par le poète que nous mettons en lumière. Cet ouvrage éclaire, dans une première partie, les différents types de condamnations de la libido féminine chez les poètes et les différentes représentations qui leur sont associées. La deuxième partie étudie l'exaltation du désir féminin et les formes qu'il prend lorsqu'il est chanté par des poètes masculins.
Quinze spécialistes de langues anciennes abordent dans le présent volume des questions variées sur la phonologie, la morphologie, la syntaxe, le lexique, l'onomastique, et la diffusion de systèmes d'écriture dans des contextes d'interrelations linguistiques. Leurs contributions explorent, d'une part, les influences du grec ancien sur d'autres langues et vice versa, et, d'autre part, les mécanismes qui déterminent les relations entre les divers dialectes du grec ancien. Ces deux regards complémentaires élargissent le panorama des études sur les contacts linguistiques dans la Méditerranée antique, en ouvrant de nouveaux sentiers de recherche par rapport à deux phénomènes qui sont fondamentalement parallèles.
Peut-on lire un texte original en grec ou en latin, sans se réfugier dans un dictionnaire ou se perdre dans une traduction? Peut-on goûter le plaisir de la langue ancienne, savourer une anecdote grecque ou romaine, entrer directement dans l'intrigue d'une histoire composée il y a 2 000 ans?Oui, si l'on accepte d'aborder le texte de façon progressive, et de suivre trois étapes graduées: maîtriser le vocabulaire, prendre connaissance de l'intrigue de façon simple, et découvrir le texte sous une forme aménagée, avant d'arriver enfin au texte original.Oui, si l'on multiplie les façons de lire le texte: silencieusement ou en le récitant à voix haute, mais aussi en l'écoutant, grâce aux enregistrements proposés en accompagnement sur Internet.Grâce à la collection AGLAE, le texte original n'est plus un exercice de version, mais une œuvre à part entière qu'on aborde de façon proactive.Bonne lecture!
Peut-on lire un texte original en grec ou en latin, sans se réfugier dans un dictionnaire ou se perdre dans une traduction? Peut-on goûter le plaisir de la langue ancienne, savourer une anecdote grecque ou romaine, entrer directement dans l'intrigue d'une histoire composée il y a 2 000 ans?Oui, si l'on accepte d'aborder le texte de façon progressive, et de suivre trois étapes graduées: maîtriser le vocabulaire, prendre connaissance de l'intrigue de façon simple, et découvrir le texte sous une forme aménagée, avant d'arriver enfin au texte original.Oui, si l'on multiplie les façons de lire le texte: silencieusement ou en le récitant à voix haute, mais aussi en l'écoutant, grâce aux enregistrements proposés en accompagnement sur Internet.Grâce à la collection AGLAE, le texte original n'est plus un exercice de version,mais une œuvre à part entière qu'on aborde de façon proactive.Bonne lecture!
Variations sur la lyrique cultuelle de la Grèce archaïque au Haut-Empire romain
Les chants cultuels grecs archaïques étaient conçus pour être exécutés devant la communauté lors de fêtes religieuses en l'honneur de divinités. Tout au long de leur réception riche et variée, ils ont été transposés dans de nouveaux contextes où ils ont pris d'autres fonctions. Articulant les notions de performance et de mimesis, le présent volume s'intéresse aux processus de recréation poétique dont ces chants ont fait l'objet depuis l'époque classique jusqu'au Haut-Empire romain. Dans un cadre chronologique large, à partir de sources variées (le théâtre, le récit mythologique, les multiples formes lyriques grecques et latines) conservées sur différents supports (notamment épigraphiques et papyrologiques), les études ici rassemblées explorent la richesse du dialogue de la poésie grecque et latine avec l'hymne archaïque, ainsi que la complexité des rapports au réel et à ses représentations que peut impliquer le geste mimétique. Fruit de recherches menées par des spécialistes internationaux, il témoigne de la fécondité des collaborations entre hellénistes et latinistes sur ces questions de poétique qui touchent également aux domaines religieux et social.