Selon James Sacré, ce poème invite à ressentir le mot " objet " comme porteur de présence concrète. Les objets sont là depuis toujours, dans les poèmes et dans des peintures, autant que dans le monde qui nous tient vivant. Nous les regardons, nous en parlons, nous les manipulons et en inventons beaucoup. Chaque objet est là dans sa singularité et reste en grande partie une énigme, même si nous les encombrons d'histoire, de souvenirs ou de plus ou moins vagues réflexions à son sujet. " Objet " est un mot qui désigne autant le concret du monde, ses singularités que l'abstraction dont notre parole entoure ces objets qu'elle s'imagine saisir. Les objets nous ramènent vers ce nœud d'activités à l'origine de toutes nos aventures humaines.L'auteur raconte faire l'expérience d'une forte et apparemment universelle imbrication du familier et de l'étrangeté en toute chose. Tous ces objets nous racontent-ils ? Sans doute que oui, de par leur histoire, leurs formes et couleurs, leurs agencements entre eux… mais quoi comprendre vraiment ? Nous avançons avec eux, les remerciant de nous maintenir vivant, les encombrant de convictions, de désirs et d'interrogations (extrait de la Postface).
Au fur et à mesure que nous avançons dans le nouveau siècle et le nouveau millénaire, notre travail de poètes a été aggravé par les circonstances de l'époque dans laquelle nous avons tous travaillé: des événements qui ont à la fois renforcé ce travail - en tant que poésie et prophétie - et une recrudescence des forces qui sont venues s'y opposer. C'est dans ce sens que nous proposons ici une omnipoétique de l'hémisphère américain, comme un exemple expérimental de ce qui pourrait être tenté plus loin à l'échelle mondiale, vers ce que l'un d'entre nous a décrit un jour comme "une anthologie de tout".
This series of poems, published in the original French and in a companion volume in English, Some Objects Stay with Us (Or the Other Way Round), employs seemingly straightforward procedures. The poet describes the "objects" he is contemplating, with a sharp eye for the beauties of rustic craftsmanship in France, North Africa and the United States. Nuances of color do not escape him, nor does the way in which these objects were made. Their value comes from the pleasure of looking at them or from handling them or drinking or eating from them—their original purpose."For cooking or for the dead, for cool water and for nothing," he writes. But the eyes predominate: "The pleasure that comes / From looking at it for a long time is not less / Than when your gaze runs over / Quattrocento paintings." The history of the objects adds to their value. "Objects from all over that say / Man used them, then lost them / On the way to the dead ends and blind alleys of the world." Sometimes it's his personal history: his mother's battledore, her battou in the Vendée patois he inserts in the French, and his father's straight razor send the poet back to his childhood on the farm. And throughout, we see the way time wears things down, and the recurring presence of death. The value of the object is not questioned, however; what is often questioned is the poem. It is an object, too, but what is its use? (David Ball).
As we move further into the new century and millennium, our work as poets has been compounded by the circumstances of the time in which we've all been working: events that have both reinforced that work—as poetry and prophecy—and an upsurge of forces that have come to stand against it.It is in this sense that we are proposing here an omnipoetics of the American hemisphere, as an experimental instance of what might be attempted further on a worldwide scale, toward what one of us once described as "an anthology of everything."
Le Shipin de Zhong Rong (468-518) est un texte de critique littéraire qui porte sur le genre poétique pentasyllabique. Il évalue et classe en trois catégories une centaine de poètes depuis les Han jusqu'à jusqu'à son époque, tout en visant un idéal d'équilibre entre la spontanéité dans le fond et le raffinement dans les formes. Ce classement est précédé par une préface en trois parties où l'auteur expose les principes ayant guidé son travail.Le présent ouvrage bilingue comporte, en plus d'une traduction annotée du texte de Zhong Rong, une anthologie bilingue de l'ensemble des œuvres qu'il mentionne.
La poésie, pour Gérard Bucher, c'est ce qui reste (et qui, ainsi, nous est légué, génération après génération), d'une scène (ou archi-scène) au cours de laquelle rien moins que les clés de notre humanité nous sont données. Dans son dernier ouvrage complété et relu avant sa disparition fin 2018, le philosophe nous propose les raisons pour lesquelles la poésie demeure notre avenir, dans et malgré nos temps difficultueux.
" Veine rare et d'autant plus précieuse, Une barque pour Lesbos est un poème épique et polyphonique:les Syriens quittent leur Tr oie en flammes et tentent, au péril de leur vie, de rejoindre l'île de Lesbos où la poétesse Sappho, elle aussi contrainte à l'exil, accueille ses enfants naufragés. Né en 1956 à Damas et exilé à Londres depuis 1986, le grand poète syrien Nouri Al-Jarrah, ressuscitant les mythes grecs, fait entendre, dans cette épopée tragique et élégiaque traduite par un écrivain tunisien (dont un roman, L'impasse, paraît chez le même éditeur), les " voix " douloureuses de son peuple martyr: sur ses " tablettes " de sang, s'inscrivent les visages cuivrés de ses frères qui viennent mourir avecl'écume sur les plages de l'Occident aussi bien que " les chagrins de Télémaque " ou " le regard de Pénélope " au départ de son " Ulysse " dont bientôt elle ne pourra plus lire que " les lettres ". Le poète engagé dénonce la terreur sanguinaire. Il lance un immense cri de détresse et de révolte devant l'enfant noyé, symbole de tous les naufragés. Il s'émeut de " la soif des jeunes femmes et la douleur de la voix ". Il pleure avec les siens le " petit verger brûlé à l'oasis […] de Damas ". Mais, au milieu du sang et des cris, ce témoin essentiel ne sombre pas dans le désespoir, ni dans la violence. Au contraire, le prophète désigne des " éclairs " à nos sombres fenêtres. Il nous exhorte tous, hôtes de cette terre, à nous lever pour construire une humanité solidaire." Yves Leclair, revue Études
Étude sur la construction de la valeur de la poésie (XIVe –XXIe siècles)
La poésie a-t-elle (encore) de la valeur ? La question se pose : dépréciation sociale, difficultés économiques, polémiques chez les auteurs eux-mêmes et sorties hors du genre. La contestation de la valeur de la poésie est un phénomène ancien qui, à chaque fois, rebat les cartes du genre, des institutions littéraires, des media et des usages de la poésie. Les intermittences et les résurgences de ce débat sont l'objet de cet ouvrage. D'Eustache Deschamps à Mallarmé, du poète philosophe au poète du dimanche, des poètes mondains du XVIIe aux rappeurs du XXIe, les figures sont nombreuses qui nous invitent à interroger les conditions et les contextes de la construction de la valeur de la poésie.
Cet ouvrage plurilingue, où deux poèmes en arabe sont confrontés à leur traduction en français, allemand, espagnol, anglais, italien et hébreu, a pour objet d'éclairer à travers un extrait de l'œuvre du poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008), certains des enjeux spécifiques à la langue arabe et à sa traduction, mais aussi à la traduction poétique. Comment peut-on transmettre les spécificités rythmiques et sonores d'une langue et de la tradition littéraire dans laquelle elle se déploie? Quels partis pris de lecture sont les nôtres devant un texte étranger, exotique, ou perçu comme irréductiblement " autre "? Dans quelle mesure le rôle politique qui fut celui de Darwich en tant que porte-parole de la cause palestinienne voire poète national de la Palestine peut-il influencer la manière de traduire ses textes poétiques, selon les langues concernées?Les lecteurs trouveront dans cet ouvrage une tentative de réponse à ces différentes questions et, qu'ils soient seulement francophones ou portés vers d'autres langues (maîtrisées ou simplement abordées), qu'ils soient en mesure de comprendre la langue originale ou s'intéressent peut-être à la graphie ou au dessin de l'arabe, ils pourront parcourir ce florilège de traductions. Cet ouvrage, composé d'une présentation et de fiches numérotées, que l'on peut manipuler à sa guise, tel un manuel ou des cartes à jouer, ou encore étaler sur la table devant soi comme un seul grand texte, nous invite à découvrir à la fois la langue arabe, la poésie de Mahmoud Darwich, et le chemin qui relie l'écriture et la lecture à travers la traduction.
Exclue par Aristote de sa Poétique et méprisée par le lyrisme moderne qui lui oppose sa relation ontologiquement supérieure au réel, la poésie de circonstance ne finit pas de payer le prix de sa relégation littéraire. Pourtant, depuis l'Antiquité, elle a constamment accompagné les événements, ordinaires ou extraordinaires, individuels ou collectifs, des existences humaines. Cette permanence, elle la doit à sa brièveté et, jusqu'à récemment, aux ressources propres de la scansion métrique.Sur la longue durée de l'histoire littéraire, nous avons voulu ici saisir les multiples métamorphoses de cette poésie à hauteur d'homme, depuis les guerres de Religion jusqu'aux cataclysmes du XXe siècle, des rituels mondains de l'Ancien Régime aux libres expressions de l'âge démocratique.En filigrane de la lecture, il s'esquisse ainsi une esthétique de la circonstance, où les urgences du présent doivent toujours composer, dans des formes perpétuellement à réinventer, avec le long cours de la tradition poétique.
Les Chattes* sont partout dans ce livre. Leurs noms en émaillent les pages et, plus encore, leur influence est perceptible dans toutes mes idées, et jusque dans le rythme et le corps de mes mots. Elles sont l'unique et la plus grande influence sur mon propre féminisme, un féminisme partagé (du moins je l'espère), et ce livre n'est rien si ce n'est une sorte de manifeste féministe (du moins je l'espère). Une grande part de ce travail concerne ma tentative de réconcilier notre féminisme partagé et mon évolution vers la maternité, selon un itinéraire qui n'a pas été sans contradictions pour moi, mais qui au bout du compte s'est révélé être un enrichissement de mon féminisme, un développement complexe en plusieurs strates, tel celui de plantes poussant ensemble dans un jardin. Le féminisme à mes yeux est en perpétuel devenir, ne restant jamais figé, portant toujours sur lui-même un regard critique, il ne cesse de renaître, fleurir, mourir, pour de nouveau se faire semence.(Lily Robert-Foley)* groupe d'écrivaines dont l'auteur fait partie.
Valentine Penrose (1898-1978), poétesse et artiste française influencée par le mouvement surréaliste, côtoya les artistes et poètes de son temps tels que Miró, Picasso, Paul Éluard*, Max Ernst.Cette nouvelle anthologie de Penrose se veut innovatrice. Elle offre une collection de textes encore jamais publiés à ce jour: des vers de jeunesse, des poèmes inédits datant de la seconde guerre mondiale ou encore des séries poétiques inspirées par ses voyages en Inde et à Ténériffe.Au fil des pages, le lecteur découvre les multiples facettes de l'écriture d'une poétesse au langage déraisonnable, indispensable*: apparente simplicité? obscurantisme éclairé? À l'amateur de poésie d'en décider.